mercredi 15 septembre 2010

L'opération du "Groupement Fouchet"

Ce mercredi 4 octobre 1944, le « Groupement Fouchet », en collaboration avec le « Groupement Durosoy » venant de Corravillers, a pour mission, dans un premier temps, de s’emparer de la crête de Château - Lambert. Puis le détachement Fouchet devra nettoyer et occuper la ville de Le Thillot, et de là, pousser des reconnaissances en direction des villages de Cornimont et de Bussang.

Simultanément, le 2e Escadron aux ordres du Capitaine Argoud doit mettre la main sur le carrefour de La Pille, s’emparer de la localité du Haut du Them, et enfin, exploiter le secteur en direction de Château – Lambert. Afin de mener à bien cette mission, le 2e Escadron est renforcé par les deux bataillons FFI de la Demi-brigade Pont, d’une section du 88e Bataillon de Génie et des 3 obusiers Howitzer du 3e Escadron / 3e RCA.

Dès 6h30, le Lieutenant-colonel Fouchet donne le signal du départ aux différents éléments placés sous ses ordres.

Immédiatement, les automitrailleuses du Capitaine Argoud font mouvement. Les FFI du groupement Pont sont disposés à droite de la route et avancent en file indienne. Mais vers 7h00, au niveau du village des Grands Champs, ces éléments sont stoppés par une vive résistance ennemie. En effet, l’infanterie allemande est dispersée et enterrée dans les bois situés de part et d’autre de la route. Les premiers obus de mortiers explosent à proximité des troupes françaises. Quelques FFI s’écroulent, blessés par des éclats, ils sont expédiés à Servance pour recevoir les premiers soins. Rapidement, le Capitaine Argoud enjoint ses ordres. Les AM-M8 « Margueritte » et « De Gironde », du 3e Peloton de l’Aspirant Rossignol, ouvrent le feu. L’automitrailleuse « Jouinot - Gambetta », du 2e Peloton du Lieutenant Le Duc, parvient à détruire le mortier. Les AM-M8 parviennent lentement à progresser, appuyées par les FFI, et réussissent à déloger les Allemands, ceux-ci prenant la fuite à travers le bois.

La lente progression reprend. Le 3e Peloton de l’Aspirant Rossignol prend la tête du détachement. Après avoir parcouru quelques kilomètres, le 2e Escadron se trouve aux abords du carrefour de La Pille. Aussitôt, les Chasseurs d’Afrique et les FFI sont accueillis par un feu nourrit d’armes automatiques et de grenades. Le Cavalier Pollart s’écroule mortellement atteint. Les balles ricochent sur le blindage des véhicules. Soudainement, le Cavalier Mavuli se courbe, gravement blessé par une rafale. Celui-ci est immédiatement mis à l’abri derrière l’AM-M8 de tête. La route est minée, empêchant toute avance pour les automitrailleuses. Après un bref moment de flottement, les Cavaliers du 2e Escadron réagissent vivement. Le Capitaine Argoud demande du soutien aux chars Sherman du 4e Escadron / 2e RCA aux ordres du Capitaine Lambilly, installés à Servance. Par l’appui des feux de leurs canons, ceux-ci doivent appuyer la progression des démineurs du 88e Génie. Dans un même temps, le Capitaine commandant le 2e Escadron ordonne aux deux bataillons FFI de se scinder, chaque bataillon devant progresser de part et d’autre de la route, à l’orée du bois. Vers 14h00, la Demi-brigade Pont a atteint le village de La Roche d’Amont.

Tandis que les combats, au carrefour de La Pille, font toujours rages, les braves démineurs de la section du génie parviennent, tant bien que mal, à dégager la route. Sous une pluie battante, les automitrailleuses entreprennent la prise du carrefour. Les AM-M8 s’élancent, prennent de la vitesse et parviennent à détruire un premier nœud de résistance ennemi.

L’Aspirant Didier Rossignol est blessé, en haut de la tourelle de son AM-M8 « De Gironde », ainsi que le Cavalier Georges Reboux.

Malgré de sévères pertes, l’infanterie allemande s’accroche sur ses positions et résiste aux assauts des cavaliers français et aux pilonnages des chars du 2e RCA. Bientôt, se voyant submerger, l’ennemi décroche, laissant sur le terrain de nombreux corps inertes. Les Chasseurs d’Afrique ont réussi la première partie de leur mission. Au cours de l’affrontement, le Lieutenant Le Duc est blessé à la cuisse, mais poursuit le commandement de son 2e Peloton jusqu’au soir. Le Brigadier-chef Joseph Matta est grièvement blessé aux yeux et perdra la vue.

Malheureusement, le 2e Escadron ne peut déboucher plus en avant, et demeure au carrefour de La Pille. Les routes minées, la pluie abondante, l’artillerie allemande et l’infanterie ennemie omniprésente ont stoppé la progression du détachement du Capitaine Argoud. A la tombée de la nuit, tous ces éléments reçoivent l’ordre de se replier sur le village des Grands Champs et d’établir une ligne défensive.

Ce même jour, la 3e Compagnie du 1er Bataillon de Zouaves, aux ordres du Capitaine Vianne, reçoit pour directive de nettoyer la ligne de crêtes – Côte 710, Côte 684 – et de prendre liaison avec le « détachement Argoud », à hauteur de La Pille.

Dès 6h30, les Zouaves de la 3e Compagnie quittent Servanceuil. Ils sont aussitôt rejoints par le 1er Peloton du 2e Escadron / 3e RCA, du Lieutenant Robert Blasselle. Les automitrailleuses de ce peloton devront couvrir la progression des Zouaves. Peu après, le Lieutenant Blasselle embosse les AM-M8 et dirige les canons de 37 en direction des pentes de la Côte 710.

L’avancée des Zouaves dans la forêt de résineux est lente. La pluie battante et la brume épaisse ralentissent considérablement la cadence. Après un bref accrochage, les Zouaves du Capitaine Vianne atteignent le sommet de la Côte 710. Ceux-ci réussissant même à faire des prisonniers.

Vers 13h00, la 3e Compagnie parvient au village du Mesnil d’Aval. De là, le Capitaine commandant la compagnie de Zouaves, envoie des agents de liaison auprès du Capitaine Argoud, aux environs du carrefour de La Pille. Dès 14h00, les Zouaves reprennent la progression vers la Côte 684. Ces éléments sont rapidement et sérieusement accrochés par une forte concentration ennemie. Les Zouaves ne peuvent plus avancer. L’Artillerie allemande entre en action, semant la peur et la mort parmi les soldats français. Ceux-ci sont cloués au sol. Le temps passe lentement. Les canons de 37 des AM-M8 ne peuvent grand chose pour eux. Devant un tel désastre, le Capitaine Vianne enjoint à ses hommes de décrocher et de se regrouper à hauteur du Mesnil d’Aval. A destination, ils sont soutenus par le 1er Peloton du Lieutenant Blasselle. Ce détachement s’installe en position défensive.

Vers 19h30, le Lieutenant-colonel Fouchet reçoit l’ordre d’opérations n° 2 / GA, émanant du Général Touzet du Vigier. Celui-ci stipule que le « Groupement Fouchet » doit cesser l’offensive et établir un front défensif et parer à toute contre-attaque allemande.
Cette ligne défensive devra se positionner en face du fort de Château – Lambert, sur un axe entre Magny Maubert, La Pille et La Fache.

Le Lieutenant-colonel commandant le 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique ordonne au Capitaine de Lambilly (4e escadron / 2e RCA) et au Peloton Follin (4e escadron / 9e RCA) d’assurer la défense de Servance. Ils seront soutenus par des éléments FFI de la Demi-brigade Pont.

D’autre part, le commandement du 3e RCA perçoit en renfort, l’intégralité du 1er Bataillon de Zouaves, aux ordres du Chef de Bataillons Barbier. Ce bataillon sera échelonné sur toutes les positions défensives.

Enfin, le 3e Escadron du Capitaine Brisson, le 4e Escadron du Capitaine Dumont, la Compagnie du Génie 151 / 4 sont restés en réserve toute la journée.

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