vendredi 30 juillet 2010

3 octobre 1944 - Au coeur de l'automne

Ce mardi 3 octobre, le Lieutenant-colonel Fouchet, chef de Corps du 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique, reçoit le commandement d’un groupement tactique, en vue d’une opération divisionnaire prévue pour le lendemain. Nous nommerons ce détachement, le « Groupement Fouchet ».

Outre, le 2e Peloton aux ordres du Lieutenant Follin, affecté au 4e Escadron / 9e RCA et la 4e Batterie du IIe Groupe / 68e Régiment d’Artillerie d’Afrique du Capitaine Coudert, mis à la disposition du 3e RCA depuis la veille, ce « Tactical Team » est composé de la manière suivante :

4e Escadron / 2e RCA du Capitaine Lambilly
3e Compagnie du 1er Bataillon de Zouaves du Capitaine Vianne
1 section du génie / 88e Compagnie du Génie
1 Compagnie du Génie du 151/4
4e Escadron / 3e RCA du Capitaine Dumont
3e Escadron / 3e RCA du Capitaine Brisson
2e Escadron / 3e RCA du Capitaine Argoud
La Demi-brigade FFI Pont du Corps Franc Pommies

Dès 8h00, le Lieutenant-colonel Fouchet enjoint ses directives aux différents éléments placés sous ses ordres. Ceux-ci doivent rallier leurs positions de départ pour l’opération du 4 octobre.

Le 2e Peloton de Tank Destroyer M10 du Lieutenant Follin, ainsi que la 4e Batterie d’artillerie du 68e RAA quittent leurs cantonnements, situés à proximité du village de Ternuay, et viennent se positionner dans la localité de l’Enclose, à 1km de Servance. Là, le Capitaine Coudert met en batterie, les canons qui épauleront la progression du « Groupement Fouchet ».

A 11h00, le 3e Escadron du Capitaine Brisson évacue le carrefour de La Grève et prend position dans la commune de Rû-Jeannot. Afin de laisser les Cavaliers du 1er Peloton (Sous-lieutenant Cros) et du 2e Peloton (Adjudant Métayer) au repos, le dispositif défensif de Rû-Jeannot, est laissée au soin du Peloton d’Echelon du Sous-lieutenant Portolano. Cependant, le 3e Peloton du Lieutenant Crinon, reste à la disposition du Combat Command 3, et demeure au carrefour de La Grève pour en assurer la défense. Les 3 obusiers Howitzer 75, « Arras », « Bourges » et « Montmirail », affectés au 3e Escadron font mouvement vers Servance et se placent sous les ordres du Capitaine Argoud (2e Escadron).

Vers 14h30, le 4e Escadron du 2e RCA, aux ordres du Capitaine Lambilly, est envoyé à Servance. Cependant, un peloton de chars Sherman est laissé en réserve à Ternuay.

Dans l’après-midi, le 4e Escadron du Capitaine Dumont quitte la localité de Le Montandré et se porte également sur Servance. Cet escadron est bientôt rejoint par la Compagnie du Génie 151/4.

Vers 19h00, la 3e Compagnie du 1er Bataillon de zouaves, aux ordres du Capitaine Viannes, est expédié à Servanceuil.

Dans la nuit, la section du Génie du 888e Génie est poussée en renfort sur Servance. Cette section est mise à la disposition du 2e Escadron du capitaine Argoud. Enfin, la Demi-brigade Pont, du Corps Franc Pommies est adjointe en renfort d’infanterie à l’Escadron Argoud.

En début de soirée, les éléments du « Groupement Fouchet » ont rallié leurs points de départ. L’opération prévue pour le lendemain débutera à l’aube.

Ce même jour, le 1er Escadron du Lieutenant Des Moutis débute sa période de repos à Neuvelle Lès Lure, tandis que le 5e Escadron du Capitaine André stationne à Beulotte – Saint-Laurent et Rupt sur Moselle.

mercredi 28 juillet 2010

2 octobre 1944

En ce début du mois d’octobre 1944, le front semble stagner dans les contreforts des Vosges Saônoises. Le relief et les conditions climatiques, qui se dégradent de jour en jour, ralentissent considérablement les manœuvres françaises. De durs combats ont eu lieu dans le secteur de Bois le Prince et Recologne. De plus, l’ennemi s’est ressaisi et défend âprement ses positions. Les Allemands détiennent une concentration d’artillerie omniprésente qui pilonne sans discontinuer les secteurs tenues par la 1ère Armée Française.

Ce 2 octobre, le 1er Escadron aux ordres du Lieutenant Des Moutis reçoit, de l’état-major de la 1ère Division Blindée, la directive de quitter le front et de se porter vers le village de La Neuvelle-Lès-Lure, petite bourgade de 260 habitants. Une période de repos, bien méritée, est accordée aux Cavaliers du 1er Escadron. Depuis le débarquement en Provence, le 15 août 1944, les Chasseurs d’Afrique n’ont cessé d’être en pointe du Combat Command 2. Ce moment de repos est accueilli avec soulagement, les véhicules et les organismes ont beaucoup souffert. Le 1er Escadron resta stationné à Neuvelle-Lès-Lure jusqu’au 9 octobre.

De son côté, la situation n’a guère changé pour le 5e escadron aux ordres du Capitaine André, cet escadron a pour mission de se maintenir sur la localité de Beulotte - Saint-Laurent et de défendre ce village coûte que coûte. Le 2e Peloton du Sous-lieutenant Maurice et le 3e Peloton de l’Aspirant De Bellefon devront effectuer des patrouilles afin de rester au contact de l’ennemi. Tandis que le 1er Peloton du Lieutenant Brémon assurera la défense du village de Rupt sur Moselle et poussera lui aussi, des reconnaissances dans le secteur. Ces positions resteront inchangées jusqu’au 8 octobre.

Ce même jour, à l’aube, le 3e Escadron aux ordres du Capitaine Brisson assure la liaison entre les éléments d’infanterie assurant solidement la défense du carrefour de La Grève. Une compagnie du 1er Bataillon de Choc et des Goumiers du général Guillaume sont ancrés sur leurs positions. Les automitrailleuses et les trois obusiers Howitzer du 3e Escadron sont échelonnés le long du dispositif défensif. Vers 18h00, les Goumiers sont relevés par les Zouaves du 3e Bataillon de Zouaves aux ordres du Commandant Letang. Le 3e Zouaves occupe la face Nord-est de la lisière de la forêt du « Revers aux chiens », à gauche du carrefour de La Grève et, à droite, en direction de la localité de Miellenot.

Vers 20h00, une patrouille de Goumiers arrive au PC du capitaine Brisson. Le capitaine commandant le 3e Escadron apprend que le village de Miellin est fortement occupé par l’ennemi, au moins un millier de fantassins allemands seraient présent dans cette localité. Aussitôt, le Capitaine Brisson demande un tir d’artillerie sur ce village et met ses différents pelotons en état d’alerte. A 22h00, les premiers coups de canons résonnent dans la nuit. Les premières maisons s’enflamment.

Quant au 4e Escadron du Capitaine Dumont, celui-ci est toujours placé en réserve dans le village de Le Montandré.

Enfin, dans un même temps, le 2e Escadron aux ordres du Capitaine Argoud demeure toujours à Servance et en assure la défense. En liaison avec une Compagnie FFI du Bataillon Turban, de la Demi-Brigade Pont du Corps Franc Pommies, ces éléments effectuent des missions de reconnaissance dans le secteur. Depuis la mésaventure de la veille lors d’une patrouille à pied, les Chasseurs d’Afrique du 2e Escadron ont redoublé de prudence.

lundi 26 juillet 2010

Les combats de Miellin

Dans la nuit du 1er octobre, vers quatre heures du matin, une estafette provenant du commandement du Combat Command 3, apporte les ordres du Colonel Caldairou, au PC du 3e Escadron, situé à l’Enclose. Une heure après, le Capitaine Brisson enjoint ses directives aux différents éléments de l’escadron.

Ordre est donné au 2e Peloton de l’Adjudant-chef Métayer, d’envoyer une patrouille occupé la localité de Miellin (Haute-Saône), village niché au pied du Ballon de Servance. Le Maréchal des Logis-chef Fleury, chef de bord de l’AM « Nantes » et le Maréchal des Logis Roger Vayssettes, chef de bord de l’AM « Nîmes », sont désignés pour accomplir cette mission. Immédiatement, les deux automitrailleuses et leurs équipages font mouvement. L’avance se fait lentement, à travers une épaisse brume matinale. Dès six heures, ce détachement du 2e Peloton arrive à proximité de Miellin, le village semble encore endormi. Seul le chant du coq vient troubler cette quiétude. Les AM-M8 stoppent au centre du bourg. Bientôt, les premières maisons s’ouvrent, laissant apparaître sur le seuil des portes, les habitants soulagés de voir, à nouveau, les cavaliers du 3e Escadron. Les villageois accueillent chaleureusement ces soldats français qui ont libéré leur commune deux jours auparavant.

Rapidement, les automitrailleuses « Nantes » et « Nîmes » sont rejointes par deux sections FFI de la Compagnie Tremillon, affectée au Bataillon Munier de la Demi-Brigade Pont, du Corps Franc Pommies. Le Maréchal des Logis-chef Fleury, chef de la patrouille, installe son dispositif. Il envoie une section FFI aux abords Nord du village, tandis que l’autre section FFI et l’automitrailleuse « Nîmes » se positionnent au Sud. Le Maréchal des Logis Vayssettes embosse l’AM « Nîmes », à environ cent mètres du village, à hauteur du pont enjambant la rivière Doue de l’Eau. Ce début de matinée s’avère calme. L’équipage de l’AM met pied à terre. Le Maréchal des Logis Vayssettes retourne au centre bourg afin d’y rejoindre le Maréchal des Logis-chef Fleury. Ces deux sous-officiers voient bientôt arriver, au volant de sa jeep, le Maréchal des Logis Corallo, aumônier du régiment, venu visiter les troupes présentes en première ligne.

Au bord de la rivière, le Cavalier René Delhomme, conducteur, le Cavalier Michel, radio et le Brigadier Eugène Fort, tireur de l’automitrailleuse « Nîmes » discutent avec un vieil homme pêchant dans les eaux calmes de la Doue de l’Eau. Celui-ci propose des truites aux trois chasseurs d’Afrique. Mais une voix émanant de la radio de bord met fin à cette flânerie. En effet, des éléments d’infanterie allemande a été repérée au Nord du village, cette patrouille se dirige vers Miellin. Vers onze heures, une reconnaissance à pied est effectuée par une section FFI. A midi, celle-ci confirme la présence d’un fort détachement ennemi dans la forêt de Saint-Antoine, et poursuit sa patrouille plus en avant. Le Maréchal des Logis-chef Fleury informe sa hiérarchie de la situation et demande un tir d’artillerie dans le secteur où les Allemands ont été vus.

A treize heures, le Brigadier Fort entend des déflagrations d’armes automatiques, puis aperçoit la section FFI partie en reconnaissance, sortir de la Forêt « du Revers aux chiens », en courant. Les FFI sont talonnés de près par des Grenadiers ennemis, et essuient un feu nourrit. Aussitôt, le Brigadier Fort bondit à bord de son automitrailleuse, manipule avec dextérité la manivelle et dirige la tourelle vers la droite. Après un rapide coup d’œil dans le viseur, celui-ci actionne la pédale gauche et lâche de violentes rafales de mitrailleuse en direction des Teutons, couvrant ainsi la retraite de la section FFI. Des soldats allemands s’écroulent, fauchés par les balles, dans le champ jouxtant la forêt, les autres prennent la fuite. Les FFI déplorent deux blessés et parviennent à rallier le centre du village. L’automitrailleuse « Nîmes » change et position et vient s’embosser aux abords immédiat de Miellin, à l’entrée Sud de la localité.


De gauche à droite, Cavalier Delhomme (conducteur), Cavalier Michel (radio), Brigadier Fort (tireur) et le Maréchal des Logis Vayssettes (Chef de bord)

Mais les Allemands ne s’avouent pas pour autant vaincu. A quatorze heures, la partie Sud-est du village est soumise à de violents tirs de mortiers. L’ennemi dispose d’un précieux point de vue qui surplombe toute la commune. Les tirs se font de plus en plus précis. Après une préparation d’artillerie d’une dizaine de minutes, l’infanterie allemande entre en action et mène une véritable attaque. L’accrochage devient très vite sérieux et l’ennemi en surnombre, afflue de part et d’autre de la route et des pâturages avoisinants.

Dès les premiers coups de feu, le Brigadier Fort plonge littéralement, tête première dans la tourelle de l’automitrailleuse « Nîmes ». Le conducteur, le Cavalier Delhomme regagne son poste de conduite. Les balles ricochent contre le blindage du véhicule. Alors que le Cavalier Michel, radio de bord, tente de remonter, celui-ci est touché au bras par une balle. Des grenades à manches allemandes explosent à proximité de l’AM-M8, l’ennemi se rapproche dangereusement. Aussitôt, le Brigadier Fort expédie des obus fusants et endigue la progression adverse. Le Maréchal des Logis Vayssettes, revenant du centre bourg, parvient à la hauteur de l’AM et ouvre le feu sur les assaillants, avec sa mitraillette Thompson, suivi de l’Abbé Corallo, venu secourir le Cavalier Michel. Les balles fusent au dessus des têtes des Chasseurs d’Afrique. Le Maréchal des Logis Corallo, sous un déluge de feu, parvient à mettre le Cavalier Michel, à l’abri dans le café Py. A peine a-t-il installé le blessé dans la salle du café, que celui-ci décide de retourner au contact des défenseurs du village. Sur le pas de la porte, soudainement, l’Abbé Corallo s’écroule, mortellement atteint par une balle au visage. Marcel Corallo était né le 29 mai 1917 en Algérie, au souk Aras de Constantine.

Abbé Marcel Corallo

Au même moment, les Allemands mènent une attaque simultanée dans le nord du village. Les Cavaliers du 2e Peloton et les FFI de la Compagnie Tremillon risquent de se faire submerger par l’ennemi. Au cœur de la commune de Miellin, le Maréchal des Logis-chef Fleury demande des renforts. Peu de temps après, l’automitrailleuse « Nancy » de l’Adjudant Métayer arrive en soutien. Le Brigadier-chef Lavens, tireur de l’AM « Nancy » couvre la retraite de la section FFI engagée au sud de Miellin. Un FFI s’écroule, blessé par une balle, il est aussitôt ramené vers l’arrière par deux de ses camarades. A quatorze heures trente, l’Adjudant Métayer reçoit l’ordre de décrocher. Celui-ci ordonne à la Compagnie FFI Tremillon de rompre le contact avec l’ennemi et de quitter rapidement le village. Les automitrailleuses assurent leur protection et mènent des combats retardateurs. L’AM « Nîmes » reflue, en marche arrière vers le centre du bourg.

La situation demeure confuse, l’infanterie allemande est parvenue à s’infiltrer dans toute la localité. Une grenade explose près de l’AM « Nancy » détruisant l’antenne. La communication avec le PC du 3e Escadron est rompue. Tant bien que mal, l’automitrailleuse « Nancy » de l’Adjudant Métayer et l’AM-M8 « Nantes » du Maréchal des Logis-chef Fleury parviennent à s’extirper de ce guet-apens. L’AM « Nîmes » du Maréchal des Logis Vayssettes se trouve, quant à elle, dans une fâcheuse posture. En effet, celle-ci se situant encore à l’extrémité Sud de Miellin, doit traverser entièrement le village, sous les feux de l’ennemi, pour rallier les positions tenues par les troupes françaises. Grâce à l’habilité du Cavalier Delhomme, conducteur de l’AM « Nîmes » et au courage du Brigadier Fort qui, à coup de canon de 37, ouvre la route, l’automitrailleuse se sort brillamment de ce guêpier.

A seize heures, la Compagnie Tremillon est parvenue à atteindre le PC du 3e Escadron à 1km à l’ouest du village de La Grève. A dix-sept heures, le repli du 2e Peloton est terminé. Ordre est donné à ce peloton de se positionner en avant du carrefour de La Grève, en direction de Miellin. Appuyé par la Compagnie FFI Conti, le 2e Peloton de l’Adjudant Métayer pousse des patrouilles jusqu’à environ trois cent mètres de Miellin.

Au cours des combats de Miellin, le 2e Peloton a perdu un homme d’exception, l’Abbé Corallo et un prisonnier, le Cavalier Michel. Les FFI de la Compagnie Tremillon déplorent 3 blessés. Tandis que les pertes du côté allemand s’élèvent à 11 tués et 47 blessés. Malheureusement, la commune de Miellin n’aura goûté qu’à une courte libération. Durant les combats à venir, le village subira l’explosion de 35 000 obus et perdra 10% de sa population.

Pour la petite histoire, le Brigadier Eugène Fort et le Maréchal des Logis Roger Vayssettes retrouveront le Cavalier Michel, trente ans plus tard, lors d’une réunion des anciens du 3e Régiment des Chasseurs d’Afrique. Celui-ci avait survécu à sa blessure et à sa captivité.

vendredi 23 juillet 2010

1er octobre 1944

Le 1er octobre 1944, le 2e Escadron aux ordres du Capitaine Argoud demeure toujours en station à Servance. Vers 6h00, celui-ci ordonne au 3e Peloton de l’Aspirant Didier Rossignol de faire mouvement en direction de Le Them. Aussitôt, la colonne se forme et l’AM « Margueritte » prend la tête de la reconnaissance. L’épais brouillard et la pluie ralentissent considérablement l’avance du 3e Peloton. A destination, l’Aspirant Rossignol installe son dispositif défensif, sa principale mission est de maintenir les positions si chèrement acquises, et d’attendre la relève et de la mise en réserve de la 1ère DB. Les Chasseurs d’Afrique sont rapidement rejoint par une section FFI du Bataillon Turban, venue en soutien.

Dans un même temps, le 2e Peloton aux ordres du Lieutenant Le Duc doit se porter à hauteur de la ville de Magny-Maubert. Les automitrailleuses « Jouinot Gambetta » et « Chamboran » partent les premières, bientôt suivi par la totalité du 2e Peloton. Une Compagnie FFI du Bataillon Turban, de la Demi-Brigade Pont du Corps Franc Pommies est adjointe en renfort.

Le 1er Peloton du Lieutenant Blasselle, le Peloton Hors Rang et le Peloton d’Echelon du Lieutenant Kuneyl restent à Servance. Ce groupement sera soutenu par une section d’infanterie FFI du Bataillon Turban.

A midi, un motocycliste, venant en liaison du PC du régiment situé à Faucogney, apporte une nouvelle directive au Capitaine Argoud. Ordre lui a été donné, d’envoyer une patrouille à pied sur les hauteurs menant au Haut du Them. Le capitaine commandant l’escadron enjoint au Lieutenant Blasselle d’organiser la reconnaissance. L’escouade, composée de 11 hommes, est formée. Dès 13h00, la section fait mouvement à travers la forêt vosgienne. Le Cavalier Cellier prend la tête de la colonne. La progression est lente, les Cavaliers essaient de se déplacer en silence. La pénombre est omniprésente sous le couvert des résineux, cela rend la visibilité mauvaise. De plus, une pluie fine, à de nouveau, fait son apparition. La colonne avance en file indienne. Subitement, à mi-chemin, le Cavalier Cellier stoppe la marche. Celui-ci est intrigué par un bruit provenant de la droite. Une déflagration retentit. Le Cavalier Cellier s’effondre mortellement touché. Auguste Cellier était né le 07 décembre 1919 à Ammi Moussa en Algérie. S’en suit un vif accrochage, la patrouille est tombée dans une embuscade et se trouve vite submergée devant le surnombre de l’adversaire. Les Cavaliers Dervoir et Goovaerts parviennent à s’extirper de ce guet-apens et à prendre la fuite. L’Adjudant Joanny, chef de la patrouille, le Maréchal des Logis Gillet, le Maréchal des Logis Boutin, ainsi que le Brigadier-chef Olives et les Cavaliers Morelli, Lhomme, Peyronnet et Ferro sont fait prisonniers par l’ennemi. Cette reconnaissance à pied a tourné au cauchemar pour les Cavaliers du 1er Peloton.

Ce même jour, ordre est donné au 5e Escadron du Capitaine André de faire mouvement. Dès l’aube, l’escadron quitte ses cantonnements de Le Boulot et se porte aux environs de la localité de Beulotte – Saint-Laurent. A destination, le Capitaine André installe son dispositif. Le 2e Peloton du Sous-lieutenant Maurice stationne au Sud-est du village, tandis que le 3e Peloton de l’Aspirant De Bellefon se positionne au Nord-est de Beulotte – Saint-Laurent.

Quant au Capitaine commandant le 5e Escadron et le Peloton Hors Rang, ceux-ci restent au centre du dispositif, légèrement en retrait. Le 1er Peloton du Lieutenant Brémon poursuit sa mission de reconnaissance dans le secteur de Rupt sur Moselle.

Le 4e Escadron, escadron de chars légers M5 A1, aux ordres du Capitaine Dumont est toujours stationné à Le Montandré. Celui-ci reste à la disposition du régiment et pourra intervenir pour prêter main forte, le cas échéant.

Le 1er Escadron du Lieutenant Des Moutis a terminé sa mission défensive à la chapelle de Ronchamp. Au petit matin, l’escadron part rejoindre le 3e Peloton du Sous-lieutenant Gentien, au village de Mourrière. L’intégralité du 1er Escadron reste en halte-gardée dans cette localité et doit parer à d’éventuelles contre-attaques. Les Allemands dominent les crêtes avoisinantes et disposent d’un bon soutien d’artillerie. Les Chasseurs d’Afrique doivent coûte que coûte tenir leur ligne de front.

Ce dimanche 1er octobre, vers 5h30, le Capitaine Brisson, capitaine commandant le 3e Escadron, enjoint ses directives aux différents pelotons.

A 6h00, le 1er Peloton aux ordres du Sous-lieutenant Cros quitte la petite localité de Miellenot pour se porter au carrefour de La Grève. Ce peloton est rapidement rejoint par la Compagnie FFI Dajan, du Corps Franc Pommies. Ce détachement formera le soutien d’infanterie nécessaire aux automitrailleuses pour tenir solidement le secteur sud-est du carrefour, en direction de Belfahy.

A la même heure, ordre est donné au 3e Peloton du Lieutenant Crinon et au Peloton d’Echelon du Sous-lieutenant Portolano de rester en station à Rû Jeannot et de parer à toute infiltration ennemie dans ce secteur.

Quant au Peloton Hors Rang et le PC du Capitaine Brisson, ces éléments font mouvement vers la commune de La Grève. Les obusiers Howitzer 75mm de l’escadron, assureront le soutien d’artillerie et se positionnent également à proximité de La Grève. Les Chasseurs d’Afrique sont bientôt rejoint par la Compagnie FFI Conti et du PC du Bataillon Munier. A 8h30, le Capitaine Brisson ordonne au Capitaine Conti de rallier le carrefour de La Grève et de mettre sa section de mitrailleuses en batterie dans la direction de La Forge. Celle-ci interdira l’accès au carrefour à l’infanterie allemande. La matinée se déroule dans le calme complet. L’ennemi se fait discret.

Vers 16h00, la Compagnie FFI Tremillon qui vient de subir de durs combats à Miellin, avec le 2e Peloton de l’Adjudant Métayer, parvient au PC du Capitaine Brisson. Les FFI pansent leurs plaies et amènent leurs blessés à poste de secours le plus proche. Après une courte halte, le détachement FFI est envoyé au PC du Bataillon Munier, aux abords de La Grève.

A 17h45, le dispositif défensif autour du village de La grève est installé. Le 1er Peloton du Sous-lieutenant Cros et la Compagnie Dajan peuvent reprendre leurs positions initiales dans la localité de Miellenot. Ce détachement doit assurer la défense de ce village.

Vers 21h30, une patrouille du 1er bataillon de Choc arrive au PC du Capitaine commandant le 3e Escadron. Cette escouade fait part au Capitaine Brisson des informations qu’ils ont réussies à recueillir. Le secteur de Belfahy est toujours occupé par l’ennemi. La forêt du « Revers aux chiens » et le chemin menant à la crête, sont truffés de patrouilles allemandes.

Enfin, en vue d’une opération commune, le 2e Peloton (Peloton Follin) du 4e Escadron / 9e RCA et la 4e Batterie du IIe Groupe d’Artillerie / 68e Régiment d’Artillerie sont mis à la disposition du Colonel commandant le 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique. Ces éléments prennent position à Ternuay.

mercredi 21 juillet 2010

Portrait : Brigadier Eugène Fort

Nous tenions à vous proposer le portrait d’un vétéran, d’une personne forte attachante, de part sa gentillesse et sa disponibilité. Il s’agit en l’occurrence, de M. Eugène Fort.

A l’occasion de mes recherches sur le 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique, j’ai eu la chance et la joie de m’entretenir à maintes reprises avec celui-ci.

M. Eugène Fort est né le 27 octobre 1921 à Saïda, en Algérie. Après avoir fini sa formation de tailleur de pierre et étant un sportif accompli, le 2 février 1942, M. Eugène Fort est invité à rejoindre les Chantiers de Jeunesse Française et ce, jusqu’au 13 novembre 1942.



Au lendemain du débarquement des Alliés en Afrique du Nord, celui-ci est mobilisé et intègre le 2e Régiment de Cuirassiers à Oran (Algérie). Il sera affecté au 2e Peloton, sous les ordres du Lieutenant De La Tour, comme tireur sur les chars Sherman.

Dès février 1943, le Cavalier Fort est muté au sein du 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique à Constantine. Ayant une certaine aisance au poste de tireur, il devient le tireur de l’automitrailleuse « Nîmes » et est affecté au 2e Peloton (Adjudant Métayer) du 3e Escadron aux ordres du Capitaine Brisson. Le Brigadier Eugène Fort débarque en Provence, le 10 septembre 1944. Il participera à la libération de la Haute-Saône, à la campagne des Vosges, à la libération de l’Alsace et sera l’un des premiers à franchir le Rhin à Chalampé, puis l’Allemagne et l’Autriche.

Le 23 novembre 1944, le Brigadier Fort est cité à l’ordre de la Brigade : « Tireur d’automitrailleuse de pointe, à par son feu précis, permis à son AM de forcer l’entrée du village de Hombourg le 20 novembre 1944, détruisant une mitrailleuse de 20mm. S’est à nouveau distingué le 24 novembre 1944 au combat de Heimsbrunn, où, malgré les feux ennemis, il est sorti de sa tourelle pour relever un camarade blessé par l’explosion d’un bazooka » signé le Général commandant la 1ère DB.

A noter, la tenue exemplaire de M. Eugène Fort, le 1er octobre 1944, à Miellin (Haute-Saône), où il a sauvé la vie à sept FFI du Corps Franc Pommiès revenant d’une patrouille et poursuivie par les Allemands, de plus, celui-ci est resté avec l’AM « Nîmes » et le Maréchal des Logis Vayssettes, dans le village afin de permettre le repli de deux sections de la Compagnie FFI Tremillon. Je tenais à apporter ces précisions parce que ces actes de bravoure, ont été ultérieurement attribués à d’autres membres du 3e Escadron, non présent à Miellin ce jour là ! Nous relaterons cette journée prochainement. D’autre part, le 20 novembre 1944, à Hombourg, le Brigadier Fort a également détruit un canon de 75 Pak 40.


Tournoi Interalliés - Berlin Juillet 1945

Fin mai 1945, Eugène Fort intègre l’Equipe de France Militaire de football et participe à Berlin au tournoi Interalliés. Pour l’anecdote, la France termina 3e du tournoi, juste devant l’URSS. Après sa démobilisation, M. Eugène Fort jouera deux saisons, comme professionnel, au FC Tours.

Aujourd’hui, à l’aube de ses 89 ans, Eugène Fort vit paisiblement en région parisienne.

Ce portrait a été publié avec l'aimable autorisation de M. Eugène Fort

lundi 19 juillet 2010

30 septembre 1944

Le 30 septembre, le 2e Escadron aux ordres du Capitaine Argoud poursuit sa reconnaissance sur l’axe : Servance – Le Thillot. L’escadron doit trouver un itinéraire fiable aux Sherman du Capitaine De Lambilly du 2e RCA.

A la hauteur du village de La Pille, le 2e Escadron est, à nouveau, soumis à une vive résistance ennemie. Les Grenadiers allemands sont solidement ancrés sur leurs positions et sont soutenus par des barrages d’artillerie très efficaces. Des Panzer IV Lang ont été repérés dans le secteur. Mais la brume, les routes détrempées et le terrain défavorable empêchent le bon déroulement des opérations. Les automitrailleuses du 2e Escadron ne peuvent agir que sur les axes principaux que les Allemands ont pris le soin de miner.

Ce même jour, le 5e Escadron aux ordres du Capitaine André reçoit la directive d’envoyer des patrouilles dans la région de Beulotte-Saint Laurent, sur le plateau des Mille étangs. Le Peloton Hors Rang, le 2e Peloton du Sous-lieutenant Maurice et le 3e Peloton de l’Aspirant De Bellefon se mettent en route à l’aube. Le brouillard omniprésent et une pluie fine ralentissent considérablement la marche en avant du 5e Escadron.

Le 1er Peloton du Lieutenant Brémon est maintenu à Rupt sur Moselle, village des Hautes Vosges du Sud. Les automitrailleuses du peloton effectuent des reconnaissances dans les vallées du Dessus de Rupt et de Grandrupt.

Pendant ce temps, le 1er Escadron du Lieutenant Des Moutis demeure à Ronchamp, en dispositif défensif.

Ordre est donné au 3e Peloton du Sous-lieutenant Gentien de reconnaître l’itinéraire jusqu’au hameau de Mourrières. A destination, ce Peloton est accueilli par un feu nourrit d’armes automatiques. Après une rageuse riposte des Cavaliers du 3e Peloton, l’ennemi décroche en désordre. Le Sous-lieutenant Gentien occupe le centre bourg et ordonne à l’obusier Howitzer 75mm « Bossu » de se mettre en position aux abords immédiat du village. Le « Bossu » assurera la progression des automitrailleuses le cas échéant. Le Dodge ACAM et son canon de 37, l’half-track du peloton et une jeep resteront en couverture dans le village. Les AM-M8 du 3e Peloton, deux jeeps et un ACAM prennent la direction de La Selle. L’automitrailleuse « Bara » prend la tête du convoi, suivie par l’AM-M8 « Barbanègre ». A La Selle, les Chasseurs d’Afrique trouvent la localité libre, pas un ennemi n’est présent. En fin de journée, l’intégralité du 3e Peloton stationne en halte-gardée à Mourrières.

Dès 6h00, ce 30 septembre, le Capitaine Brisson, chef du 3e Escadron enjoint ses ordres à ses différents pelotons. Le 2e Peloton de l’Adjudant Métayer doit envoyer une patrouille sur Miellin. Accompagnée d’une section FFI de la Compagnie Dajan, le 2e Peloton participe au déblaiement des abattis et à la destruction du fossé anti-char bloquant l’accès Sud-ouest de Miellin. A 8h00, la route est dégagée de tout obstacle. L’automitrailleuse « Nîmes » du Maréchal des Logis Roger Vayssettes pénètre la première dans le village, suivie de près, par l’AM-M8 « Nevers » du Maréchal des Logis Gilbert Wininger. Vers 10h00, l’intégralité du 2e Peloton occupe le centre bourg.

Au même moment, le 1er Peloton du Sous-lieutenant Cros et une section FFI (Compagnie Dajan) partent reconnaître le village de Belfahy, le plus haut village de Haute-Saône, culminant à 950m. La commune étant libre, le Sous-lieutenant Cros décide d’envoyer une patrouille à pied au sud de Belfahy. Les Cavaliers ont, à peine, parcouru 300 mètres, que ceux-ci découvrent une section de quatre mitrailleuses lourdes MG 42 et de l’infanterie allemande dissimulées de part et d’autre de la route. Sans le moindre bruit, la patrouille à pied parvient à rallier le village sans se faire repérer. Des Panzer IV Lang ayant été aperçus dans le secteur sud de Belfahy, ordre est donné au Sous-lieutenant Cros d’établir un barrage anti-char à proximité de la localité de Miellenot. La section FFI et le Peloton d’automitrailleuses installent un champ de mines sur la route ainsi qu’un abattis. L’obusier Howitzer « Bourges » assure le soutien d’artillerie. Les Chasseurs d’Afrique prennent position avec les Bazooka, tandis que les FFI se positionnent derrière la barricade et dans les fossés.

Vers 21h00, des mouvements ennemis, provenant du bois, sont repérés. Immédiatement, les AM-M8 « Saint Brieuc » et « Saint Nazaire » ouvrent le feu avec leur canon de 37. Bientôt, l’obusier « Bourges » entre en scène, celui-ci expédie une première salve d’obus de 75mm. La manœuvre ayant pour but de calmer les ardeurs allemandes. A minuit, le calme est revenu.

Quant au 3e Peloton du Lieutenant Crinon et au Peloton d’Echelon du Sous-lieutenant Portolano, ces pelotons stationnent à Ru Jeannot. Dans l’après-midi, ce détachement recueille une trentaine de prisonniers Indochinois et Arabes qui s’étaient évadés d’un camp allemand, après le bombardement de Belfort.

Enfin, pour le 4e Escadron du Capitaine Dumont, la situation n’a guère changé, les chars légers M5 A1 sont toujours scindés en deux détachements. L’un occupe le village de Le Montandré et le second se trouve à Servanceuil. Le 4e Escadron reste à la disposition du Lieutenant-colonel commandant le 3e RCA et demeure prêt à intervenir le cas échéant.

vendredi 16 juillet 2010

Toujours dans les Vosges Saônoises

Ce vendredi 29 septembre, l’intégralité du 1er Escadron aux ordres du Lieutenant Des Moutis part rejoindre le 1er Peloton du Lieutenant Tréhu à Ronchamp. Leur mission étant de se positionner sur le flanc nord de cette localité afin de protéger la Chapelle, devenue le point d’observation de la 7e Batterie du IIIe Groupe d’Artillerie / 68e Régiment d’Artillerie. En effet, depuis plusieurs jours, les deux camps se livrent un duel d’artillerie, et de ce fait, la Chapelle occupe un point stratégique majeur, celle-ci dominant la vallée avoisinante. De plus, un fort détachement de Grenadiers de la 716. Infanterie – Division a été localisé dans le bois de la Nannue. Les Chasseurs d’Afrique s’attendent à subir des contre-attaques.

Dans un même temps, le 5e Escadron du Capitaine André fait mouvement. Le 3e Peloton de l’Aspirant De Bellefon et le Peloton Hors Rang rejoignent le 2e Peloton du Sous-lieutenant Maurice à Le Boulot (Haute-Saône). Tandis que le 1er Peloton du Lieutenant Brémon occupe toujours Rupt sur Moselle.

En début d’après-midi, ordre est donné au 2e Peloton du Sous-lieutenant Maurice de prendre liaison avec les éléments du 3e RCA présent à Servance. La route est minée et l’avance se fait lentement. Les Allemands ont pris le soin d’installer de nombreux abattis. A mi-chemin, le détachement de tête est stoppé par une barricade. Les Cavaliers s’affèrent à retirer les obstacles quand soudainement retentit une explosion, le Cavalier Camille Rey est tué par une mine savamment dissimulée. Le Cavalier Camille Rey, jeune Alsacien d’origine, avait incorporé le 09 septembre 1943, le 3e RCA, après s’être évadé de France. Il était né le 19 juin 1923 à Helfrantzkich, dans le Haut-Rhin.

Ce même jour, le 3e Escadron aux ordres du Capitaine Brisson stationne à l’entrée sud de Servance. Durant la nuit, une patrouille composée d’éléments à pied de l’escadron et des FFI de la Compagnie Conti est parvenue à faire 12 prisonniers.

A 10h30, le Maréchal des Logis Chef Fleury, chef de bord de l’automitrailleuse « Nantes », affectée au 2e Peloton et une équipe de démineurs sont envoyés sur la route reliant Servance à Miellin, afin d’y enlever les éventuelles mines. A 16h00, ce détachement est bloqué par un abattis piégé à 1km au Sud-ouest de Miellin. Tandis que le reste du 2e Peloton aux ordres de l’Adjudant Métayer doit se porter au village de La Grève, celui-ci est soumis à un violent barrage d’artillerie allemande, au carrefour au sud de Servance. L’Adjudant Métayer décide d’emprunter des chemins forestiers pour rallier La Grève. L’automitrailleuse « Nîmes » du Maréchal des Logis Vayssettes prend la tête du convoi.

Carte originale provenant du P.H.R. du 3e Escadron

A 16h30, la route menant à Miellin est totalement déminée. Le détachement Fleury peut faire mouvement. Mais à l’entrée immédiate du village, la progression est stoppée par un fossé anti-char de deux mètres de long sur un mètre de profondeur. Les Allemands ont placé des pieux en bois dans le fossé. A 18h00, une dizaine de villageois prend en charge le déblaiement du fossé anti-char. Une violente explosion, deux civils sont tués et six autres blessés.

Pendant ce temps, le 1er Peloton du Sous-lieutenant Cros stationne à l’Enclose, avec le PC de l’escadron. Ces éléments sont soumis à un barrage d’artillerie ennemi provenant du Ballon de Servance. Un obus de 88 tombe à proximité du Sous-lieutenant Cros, celui-ci est projeté en arrière mais ne souffre d’aucune blessure grave.

A la nuit tombante, le Capitaine Brisson installe son dispositif. Le 2e Peloton de l’Adjudant Métayer reste au village de La Grève, bientôt rejoint par une la Compagnie FFI Dajan. Le PC du Capitaine commandant l’escadron et le 1er Peloton du Sous-lieutenant Cros stationnent à l’Enclose. Tandis que le 3e Peloton du Lieutenant Crinon et le Peloton d’Echelon du Sous-lieutenant Portolano cantonnent à Ru Jeannot.

Tandis que le 2e Escadron aux ordres du Capitaine Argoud effectue des reconnaissances entre Servance et Le Thillot. Le 2e Escadron est appuyé par l’Escadron de chars du Capitaine De Lambilly du 2e RCA. Les Sherman, par leurs tirs précis, arrêtent brutalement plusieurs contre-attaques allemandes.

Le Brigadier-chef Bonne, affecté au 3e Peloton de l’Aspirant Rossignol, se distingue particulièrement lors d’une reconnaissance à l’est de la ville de Magny.

Le 2e Escadron, parti pour prendre liaison avec le Combat Command 1, stoppe une contre-attaque ennemie et repousse celle-ci jusqu’à la Côte 684. Le 2e Peloton du Lieutenant Le Duc est envoyé en patrouille vers La Pille, mais ce peloton est pris à partie par l’artillerie allemande, à 1km à l’est de cette localité.

Quant au 4e Escadron du Capitaine Dumont, les chars légers M5 A1 de l’escadron sont scindés en deux détachements. L’un se trouvant à Le Montandré et le second se situant à Servanceuil.

Au soir du 29 septembre, le 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique tient toute la ligne de front de Moiseaubeau – Le Magny-Maubert – Servance et La Grève et se situe à 1500 mètres du Haut du Them.

mercredi 14 juillet 2010

28 septembre 1944

Dans la nuit du jeudi 28 septembre, dès 1 heure du matin, les premières automitrailleuses du 2e Escadron aux ordres du Capitaine Argoud, pénètrent dans Servance. Les Allemands ont quitté, depuis peu, cette localité. Le 2e Escadron prend possession des lieux, sous l’œil ahuri du maire du village, qui peine à croire qu’il s’agisse de soldats français.

A l’aube, l’artillerie allemande se fait entendre. Elle pilonne la commune de Servance. Les obus pleuvent dans le centre du bourg et aux abords du village. Le Maréchal des Logis Jean est blessé par des éclats. Rapidement, les habitants se réfugient dans les caves. Les murs des maisons tremblent sous l’intensité du bombardement Une nouvelle déflagration, le Cavalier Tabbakh Ahmed s’écroule, tué sur le coup.

Dans la matinée, ordre est donné au 2e Escadron de poursuivre sa reconnaissance vers le Haut du Them. A hauteur de cette ville, les Chasseurs d’Afrique sont arrêtés par une solide concentration d’artillerie. A 800m de là, un canon de 88 Pak / Flak prend pour cible une jeep Dodge ACAM de l’escadron et parvient à la détruire. Le Cavalier Tolback est tué, tandis que le Maréchal des Logis Ben Hamou est, quant à lui, grièvement blessé. Les canons allemands intensifient leur tir. Les obus de 88 tombent de plus en plus près des automitrailleuses du 2e Escadron. Les Cavaliers Scotto et Cauchi s’effondrent, touchés par des éclats. Les différents pelotons ne peuvent progresser devant ce déluge de feu

Devant cette situation devenant intenable, le Capitaine Argoud décide de décrocher et de se replier en bon ordre vers une position déjà conquise. Malgré tout, l’artillerie ennemie ne cesse de tirer et prend pour cible les Chasseurs d’Afrique. Nouvelles explosions, le Brigadier Lemoine est touché, ainsi que les Cavaliers Reynaud et Rosengarten. Le 2e Escadron se porte sur le village de Moiseaubreau, à quelques kilomètres de Servance et parvient à faire 15 prisonniers, libérant ainsi cette commune.

Ce même jour, à l’aube, le 4e Escadron aux ordres du Capitaine Dumont occupe le village de Le Montandré. Dans la matinée, le 1er Peloton du Lieutenant Gros est envoyé sur la commune de Servanceuil. L’ennemi ayant pris la fuite à la faveur de la nuit, les chars légers M5 A1 du 1er peloton peuvent entrer dans ce village sans rencontrer le moindre problème. Le Lieutenant Gros installe son dispositif défensif aux abords de Servanceuil. Les chars « Hoche » et « Kléber » s’embossent à l’entrée du village, immédiatement soutenus, en cas de coup dur, par les M5 « Massena » et « Bonaparte ».

Dans l’après-midi, le 1er Peloton subit quelques tirs de mortiers et un groupe d’infanterie allemande tente de s’infiltrer. Après une salve d’obus de 37 tiré par les chars légers, l’ennemi n’insiste pas.

A Le Montandré, le Capitaine Dumont installe son PC léger autour des chars « Catinat » et « Estienne » du Peloton Hors Rang. Le 2e Peloton du Sous-lieutenant Chauvelot se situe à l’entrée nord-est du village, tandis que le 3e Peloton de l’Adjudant-chef Bodart patrouille entre Le Montandré et Servanceuil afin d’assurer la liaison avec le 1er Peloton du Lieutenant Gros.

Dans un même temps, le 1er Escadron aux ordres du Lieutenant Des Moutis enjoint ses directives aux différents pelotons.

Le 1er Peloton du Lieutenant Tréhu part reconnaître la ville de Recologne. Mais, à proximité de La Côte, la progression du 1er Peloton est arrêtée par un important dispositif de mines. Les Chasseurs d’Afrique et les démineurs du 88e bataillon du génie entament le déminage de la route. Dans l’après-midi, le Peloton Tréhu reçoit de nouveaux ordres. En effet, celui-ci doit se positionner sur le flanc nord de Ronchamp. Sa mission étant de protéger de ses feux, la chapelle de Ronchamp, dont la flèche de celle-ci sert d’observatoire aux artilleurs français.

Tandis que le 3e Peloton du Sous-lieutenant Gentien patrouille dans le secteur de Frotey.

Enfin, le 5e Escadron aux ordres du Capitaine André quitte Faucogney. Le 1er Peloton du Lieutenant Brémon doit reconnaître l’itinéraire jusqu’à Rupt sur Moselle. Ce peloton a pour mission de trouver des passages fiables pour les chars du 2e Cuirassiers.
Le 3e Peloton de l’Aspirant De Bellefon, le Peloton Hors Rang et le Peloton d’Echelon font route pour la localité de La Longines et s’y installent pour la nuit.
Le 2e Peloton du Sous-lieutenant Maurice est toujours à Bois le Prince, en soutien du PC du Colonel Durosoy, chef de Corps du 2e Cuirassiers.

Quant au 3e Escadron du Capitaine Brisson, celui-ci est encore à Ternuay.
A 7h30, la section du 88e Bataillon du Génie a terminé le déblaiement de l’éboulis, débuté la veille. Dès 10h30, le 1er Peloton du Sous-lieutenant Cros et une section de FFI sont envoyés en patrouille vers Servance. Ces éléments se postent à 1km au sud de cette localité.

Vers 11h00, le Capitaine Brisson et le Peloton Hors Rang déplacent le PC et se dirigent à hauteur du village de Ru Jeannot. A midi, une Compagnie FFI aux ordres du Capitaine Conti est envoyé en renfort à Servance. Celle-ci, avec les éléments du 2e Escadron du Capitaine Argoud, est soumise à un incessant barrage d’artillerie.

lundi 12 juillet 2010

27 septembre 1944

Le mercredi 27 septembre, le 3e Escadron aux ordres du Capitaine Brisson reçoit, dans un premier temps, la mission de patrouiller sur l’itinéraire Melay – Ternuay – Servance, puis de prendre liaison avec le Combat Command 3 sur l’axe Ternuay – Bellonchamp.

A 7h00, le 3e Escadron part effectuer sa reconnaissance. Le 3e Peloton du Lieutenant Crinon prend la tête de la colonne, puis vient le Peloton Hors Rang et enfin, le 1er Peloton du Sous-lieutenant Cros.

Dans l’immédiat, le 2e Peloton de l’Adjudant Métayer reste en station à Ecromagny avec le Peloton d’Echelon du Sous-lieutenant Portolano.

Dès 8h00, le village de Ternuay est atteint. Les Allemands ont quitté les lieux à l’aube. Le 3e Peloton du Lieutenant Crinon reçoit l’ordre de poursuivre son avance et progresse lentement, suivant de près, le Brigadier Bordes qui ouvre le chemin avec le détecteur de mines. Soudain, un tir retentit, le Brigadier Bordes s’écroule, touché par une balle. A seulement 1 km du village, le 3e Peloton est tombé dans une embuscade. S’en suit un violent accrochage. L’ennemi est embusqué dans des haies épaisses et tire à l’arme automatique. Un soldat allemand sort d’un bosquet et vise l’automitrailleuse de tête au panzerfaust, fort heureusement, celui-ci manque sa cible.

Le 3e Peloton progresse en ripostant. L’infanterie allemande s’accroche à ses positions. Nouvelles rafales, le Brigadier Boillot s’effondre mortellement touché. Ce parisien d’origine, qui avait rallié l’Afrique du Nord, est mort sur le solde de France à l’aube de son 22e anniversaire.

L’AM-M8 « Beauvais » tire de tous ses feux avec son canon de 37 et sa mitrailleuse de bord. Le Cavalier Legay évacue le corps du Brigadier Boillot à bord d’une jeep. Une charge creuse de panzerfaust explose à proximité. Le Cavalier Legay est blessé à son tour. Les Chasseurs d’Afrique du 3e Peloton chargent les blessés sur les capots arrière des automitrailleuses, protégés par un épais rideau de fumée.

Soudainement, des obus tombent sur les positions ennemies, l’obusier « Bourges » du 1er Peloton expédie des salves d’une vingtaine d’obus pour protéger l’évacuation du 3e Peloton et pour calmer l’ardeur allemande.

Mais l’infanterie ennemie ne désarme pas et entreprend une vive contre-attaque, soutenue par leur artillerie. Les éclats se dispersent et blessent au passage, les Cavaliers Dussol et Valéro. L’half-track du peloton se porte à la hauteur des deux blessés et parvient à les évacuer sur le poste de secours du Combat Command 3, situé à Bellonchamp. Durant le trajet, le Cavalier Valéro, originaire de Rivoli en Algérie, succombe à ses blessures. Dès 10h00, tous les blessés ont été évacués.

Les combats font rages, mais les Chasseurs d’Afrique parviennent à endiguer l’avance ennemie. Après deux heures de luttes acharnées, les Allemands décrochent vers 11h00.

Le Lieutenant Crinon reçoit l’ordre de poursuivre son avance en direction de Melay. Le 3e Peloton a-t-il parcouru quelques centaines de mètres, que celui-ci est stoppé par un barrage. En effet, les Allemands ont pris le soin de faire sauter un mur de soutien, provocant ainsi un éboulement de roches et de terres. Bientôt rejoint par la Compagnie FFI du Corps Franc Pommies du Capitaine Munier, les Cavaliers du 3e Peloton entreprennent le déminage du barrage du lieu-dit des « Etroitures ». Ce déminage facilitera les travaux des engins du 88e Bataillon du Génie. Peu après, le 88e Génie parvient à ouvrir un passage. Les FFI occupent la position. Le Lieutenant Crinon met à la disposition du Capitaine Munier, un poste radio de type SCR 510 pour lui permettre de rester en liaison avec le PC de l’escadron à Ternuay et le 3e Peloton. Nouvelle marche en avant pour les automitrailleuses du Peloton Crinon.

Vers 17h30, les FFI du Corps Franc Pommies du Capitaine Munier subissent une contre-attaque allemande. L’infanterie ennemie est soutenue par deux automoteurs de 105. Aussitôt, le Capitaine Munier fait le point de la situation au PC du 3e Escadron. Les obusiers Howitzer « Bourges » (1er Peloton) et « Montmirail » (3e Peloton) rentrent immédiatement en action et expédient des salves d’obus de 75 de leur position à Ternuay. Le 3e Peloton du Lieutenant Crinon revient sur ses pas à vive allure et prend l’ennemi à revers. Rapidement, la confusion règne parmi les forces ennemies. Les Allemands décrochent, dans les bois, à la faveur de la nuit tombante, laissant sur le terrain de nombreux morts et un Panzer II détruit. La situation redevient calme dans le secteur. Les FFI et le 3e Peloton installent leur dispositif pour la nuit.

Vers 18h30, le Cavalier Valéro et le Brigadier Boillot sont enterrés au cimetière de Ternuay.

Carte originale du secteur Ternuay - Melay - Servance émanant du PHR du 3e Escadron

Ce même jour, le 2e Peloton de l’Adjudant Métayer part reconnaître la localité de Saint-Hilaire. Ce peloton parvient à destination sans problème majeur. De là, ordre est donné au 2e Peloton de prendre liaison avec le 2e Escadron du Capitaine Argoud sur l’axe : La Mer – Le Montandré – Servance.

A 22h00, l’Adjudant Métayer est de retour au PC de l’escadron à Ternuay. En chemin, celui-ci à fait prisonnier, un déserteur allemand qui subit immédiatement un interrogatoire.

Dans un même temps, le 2e Escadron aux ordres du Capitaine Argoud, ainsi que le 4e Escadron de chars légers, du Capitaine Dumont doivent nettoyer la région entre Le Montandré et de Servanceuil. Mais ces éléments ne peuvent pénétrer dans ces communes.

Dans l’après-midi, ces deux escadrons enlèvent avec panache la Côte 628, fortement tenue par l’ennemi. Cette position étant stratégique, tant pour les forces de la 1ère Armée Française, que pour les forces allemandes, le 2e Escadron et le 4e Escadron restent en station sur la Côte 628 et y installent un dispositif défensif jusqu’à la relève.

A Faucogney, le 5e Escadron aux ordres du Capitaine André demeure toujours en attente de l’ordre de faire mouvement.

A 11h00, le capitaine André enjoint au 2e Peloton du Sous-lieutenant Maurice de prendre liaison avec le Colonel Durosoy, chef du corps du 2e Cuirassiers. Dès midi, le Sous-lieutenant Maurice se met en route. Le 2e Peloton parvient rapidement à Esmoulières, puis emprunte des sentiers de montagne jusqu’à La Saulotte. De là, les automitrailleuses se dirigent vers Beulotte puis traversent les hameaux des Cent-sous et de Breuche la Grande. Survient un barrage d’artillerie ennemi, ralentissant la progression du 2e Peloton. Les dégâts en matériels sont considérables, le Lieutenant Sommariva, du Peloton d’Echelon, vient dépanner les véhicules sous le feu ennemi ! Tant bien que mal, le Sous-lieutenant Maurice parvient à la maison forestière du Bois-le-Prince, PC du Colonel Durosoy soumis à de violents tirs d’artillerie. Le toit de la maison forestière s’est écroulé sous les déflagrations des obus allemands. La situation est critique pour le PC du 2e Cuirassiers, celui-ci a déjà vu tomber deux officiers, le Commandant De Laprade et l’Aspirant Virot, et le Capitaine Ardisson est blessé.

Quant au 1er Escadron aux ordres du Lieutenant Des Moutis, cet escadron stationne toujours entre Frotey et La Verrerie. Les différents pelotons effectuent des missions de liaison avec l’Etat-major du Combat Command 2.

vendredi 9 juillet 2010

26 septembre 1944 - Le front se stabilise en Haute-Saône

Ce mardi 26 septembre, le 2e Escadron aux ordres du Capitaine Argoud poursuit sa mission débutée la veille, à savoir, reconnaître l’itinéraire : Ecromagny - Faucogney - La Mer, en empruntant le bois du Ménil.


AM-M8 du 2e Escadron / 3e Peloton de l'Aspirant Rossignol avant le départ

Dès 7h00, le Capitaine commandant le 2e Escadron donne le signal de départ. Le 3e Peloton de l’Aspirant Rossignol et l’équipage de l’AM-M8 « De Gironde » partent les premiers. L’automitrailleuse « Yusuf » prend la tête de la colonne, bientôt suivie par l’intégralité du 2e Escadron. Le Bataillon FFI du Corps Franc Pommies, aux ordres du Capitaine Turban prend part à cette reconnaissance. A 7h30, les FFI embarquent dans les camions GMC mis à leur disposition et se joignent au convoi.

Une batterie d’artillerie de 106, du 117e Cavalry Reconnaissance Squadron US couvrira la progression de ce détachement et interviendra de ses feux le cas échéant.

La marche en avant est lente dans le bois du Ménil, la route est sinueuse et le terrain est propice aux embuscades. Les équipages demeurent vigilants. Après avoir atteint le col culminant à 500m, situé à 4km au Sud-Est de Faucogney, le 2e Escadron entame la descente vers La Mer. A destination, ordre est donné au Capitaine Argoud d’occuper le village. Celui-ci installe rapidement son dispositif défensif aux abords de la localité.

Dans un même temps, le 3e Escadron aux ordres du Capitaine Brisson reçoit pour mission de nettoyer la région de Melay et d’occuper ce village. Cette mission a pour but de fixer l’ennemi dans ce secteur, et ainsi de permettre au 2e Escadron de réaliser sa progression vers La Mer, sans trop d’encombre.

A 7h30, le 3e Escadron fait mouvement. A quelques encablures d’Ecromagny, un habitant informe le Capitaine Brisson que la commune de Melay a été évacuée par l’ennemi durant la nuit. Immédiatement, le Capitaine commandant cet escadron, ordonne au 3e Peloton du Lieutenant Crinon de se porter sur Melay. La route étant minée, le 3e Peloton reste en station.

Le 1er Peloton du Sous-lieutenant Cros est chargé du déminage de la route, en compagnie de deux équipes de démineurs du 88e Bataillon du Génie. Une section de FFI du Corps Franc Pommies du Capitaine Munier assurera la protection. Dès 8h40, les démineurs se mettent au travail, sous une pluie battante. L’opération est rendue difficile par la présence de nombreux éclats d’obus qui ne cessent de faire fonctionner les détecteurs de mines. Vers 13h30, les équipes de déminage sont à environ 500m du village.

Le Capitaine Brisson, accompagné de son adjoint, l’Aspirant Prat et d’un groupe de FFI reconnaissent la commune de Melay, effectivement libre. A 17h, le village est occupé par le 3e Peloton du Lieutenant Crinon et une section de FFI.

A 18h30, les démineurs du 88e Bataillon du Génie détruisent des barricades piégées par des grenades. Le 1er Peloton du Sous-lieutenant Cros et une compagnie de FFI arrivent au village pour en renforcer le PC de l’escadron.

Le Peloton d’Echelon aux ordres du Sous-lieutenant Portolano, le 2e Peloton de l’Adjudant Métayer et une section de FFI restent à Ecromagny pour en assurer la défense.

Tandis que le 4e Escadron du Capitaine Dumont et le Peloton Spécial aux ordres du Lieutenant Lamaze effectuent des patrouilles dans les environs du village de Melay afin d’y prendre contact avec l’ennemi.

Le 5e Escadron aux ordres du Capitaine André demeure toujours dans la bourgade de Faucogney. Celui-ci assure la garde du pont enjambant la rivière Le Breuchin qui traverse la ville. Le Capitaine commandant le 5e Escadron envoie des patrouilles à pied le long des rives de la rivière.

Enfin, le 1er Escadron aux ordres du Lieutenant Des Moutis effectue des patrouilles entre La Verrerie – Magny d’Aginon et Palante.

mercredi 7 juillet 2010

25 septembre 1944

Le 25 septembre, dès 6h00, le 3e Escadron aux ordres du Capitaine Brisson assure la relève du Groupement Dumont (4e Escadron) à Ecromagny. A 8h30, le dispositif défensif mis en place par le Capitaine Brisson est terminé.

Le 1er Peloton du Sous-lieutenant Cros est établi à la lisière Nord - Nord-Est d’Ecromagny.
Le 3e Peloton du Lieutenant Crinon a embossé ses effectifs à la sortie Sud – Sud-Est du village.
Le 2e Peloton de l’Adjudant Métayer est en halte-gardée à 2 km à l’est d’Ecromagny.
Tandis que le Peloton Hors Rang et le Peloton d’Echelon se trouvent au centre bourg.

Dès 9h00, la réaction ennemie ne se fait pas attendre. Le 3e Escadron est accueilli par plusieurs salves d’obus de mortiers.

A midi, un Bataillon FFI du Corps Franc Pommies aux ordres du Capitaine Munier arrive au PC du Capitaine Brisson. Ces trois compagnies, arrivées à pied et sous la pluie, sont adjointes en renfort au 3e Escadron. Devant l’état de fatigue général qui règne parmi les FFI, le Capitaine commandant l’escadron enjoint aux troupes du Corps Franc Pommies de se mettre au repos.

Vers 18h00, les trois obusiers Howitzer de l’escadron effectuent des tirs de réglage sur la région de Melay, en vue d’un éventuel appui nocturne au PC du régiment. En effet, la mission des prochains jours pour le 3e RCA étant de libérer Melay, Ternuay, Saint-Hilaire et Servance.

A 21h00, l’artillerie allemande envoie une quinzaine d’obus de 105 sur le village d’Ecromagny.

Ce même jour, ordre est donné au 4e Escadron du capitaine Dumont de mener une action de reconnaissance sur l’axe : La Voivre – Ecromagny – La Mer. Dès 9h30, cet escadron quitte le hameau d’Annegray, près du village de La Voivre et fait mouvement sur les routes sinueuses des Vosges Saônoises. Le 4e Escadron est rapidement rejoint par le Peloton Spécial du Lieutenant Lamaze. Ces éléments sillonnent les chemins entre l’étang la Gelinotte et l’étang des Grands Près, proche de la commune de La Mer.

Quant au 2e Escadron aux ordres du Capitaine Argoud, cet escadron a reçu l’ordre de patrouiller sur l’axe : Faucogney – La Mer, en compagnie d’éléments de la 117e Cavalry Reconnaissance Squadron US du Colonel Hodge. Un Bataillon FFI du Corps Franc Pommies aux ordres du Capitaine Turban vient en renfort d’infanterie au profit du 2e Escadron.


GMC US dans un village français

A La Verrerie, le 1er Escadron aux ordres du Lieutenant Des Moutis est toujours en station. Alors que le Combat Command 2 cherche à s’emparer de Palante et Magny d’Anigon, le 3e Peloton du Sous-lieutenant Gentien assure la liaison entre les effectifs engagés dans ces combats. Celui-ci effectue des missions de reconnaissance entre Magny d’Aginon et La Cote, afin de trouver le meilleur itinéraire aux chars du 5e RCA.

Enfin, le 5e Escadron du Capitaine André demeure en attente de nouvelles directives émanant de l’Etat-major du Combat Command 1. Cet escadron reste donc à Faucogney jusqu’à nouvel ordre. Malgré une pluie incessante, les Chasseurs d’Afrique effectuent des patrouilles à pied et entretiennent leurs automitrailleuses.

lundi 5 juillet 2010

24 septembre...

Ce dimanche 24 septembre, le 5e Escadron aux ordres du Capitaine André repasse sous le commandement du Général Sudre et du Combat Command 1.

Dès midi, le 5e Escadron quitte la commune de Mélisey et se porte sur la bourgade de Faucogney, au cœur du Plateau des Mille Etangs. Celui-ci est bientôt rejoint par les chars du 2e Cuirassiers.

Ce même jour, le 1er Escadron du Lieutenant Des Moutis est réaffecté au Combat Command 2, mais aussi aux ordres du Colonel Kientz.

Dans la matinée, les funérailles du Maréchal des Logis Normand ont lieu au cimetière de Frotey. L’émotion se lit sur les visages des Cavaliers du 1er Escadron. Ils perdent, certes un sous-officier de mérite, mais surtout un camarade.



Dans la soirée, le 1er Peloton du Lieutenant Tréhu quitte Frotey et rallie le PC de l’escadron à La Verrerie. Celui-ci est remplacé par le 2e Peloton de l’Aspirant De Marancourt qui assurera dorénavant la défense de Frotey.

Le 3e Escadron aux ordres du Capitaine Brisson doit rallier, à Saint-Germain, le PC du régiment. Cet escadron est remis à la disposition du Lieutenant-colonel commandant le 3e RCA. Le village de Saint-Germain étant fortement encombré, le Capitaine Brisson demande l’autorisation d’installer son cantonnement à Lanternot, à 4 km à l’ouest de Saint-Germain.

A 17h00, ordre est donné au 3e Escadron de se porter rapidement à La Lanterne afin d’y relever des éléments du 117e Cavalry Reconnaissance Squadron US du Colonel Hodge. Lors du trajet, l’AM-M8 « Nancy » de l’Adjudant Métayer, chef du 2e Peloton, voulant éviter un véhicule US, s’enlise dans un fossé. A 18h45, les premières automitrailleuses arrivent à destination, la relève va pouvoir débutée.

De là, le Capitaine Brisson, à bord de son AM-M20 « Toulon » part en direction d’Ecromagny afin de rencontrer le Capitaine Dumont. En effet, le 3e Escadron doit relever le Groupement Dumont dès le lendemain. Tandis que le Lieutenant Crinon, chef du 3e Peloton, prend provisoirement le commandement du 3e Escadron.

A 19h15, l’Aspirant Prat arrive à La Lanterne afin d’intégrer le Peloton Hors Rang, comme adjoint du capitaine.

En début de soirée, le Peloton d’Echelon du Sous-lieutenant Portolano parvient au cantonnement avec 2000 litres de carburant. Le Maréchal des Logis Pigache, comptable essence, distribue les jerrycans aux différents pelotons. Les Cavaliers s’affèrent à remplir les réservoirs de leurs véhicules.

Ce 24 septembre 1944, à Besançon, le Général De Gaulle ratifie officiellement le changement de dénomination de l’Armée B. En effet, depuis le 15 septembre, le Général De Lattre De Tassigny a effectué une demande auprès du Général US Devers afin que l’Armée B devienne la 1ère Armée Française. Ainsi, celle-ci acquiert son autonomie tactique et se retrouve sur un pied d’égalité avec la 7e US Army.

vendredi 2 juillet 2010

23 septembre 1944

Ce samedi 23 septembre, les conditions climatiques sont épouvantables, une pluie battante ne cesse de tomber et une brume épaisse a fait son apparition dans les contreforts vosgiens. L’automne semble déjà s’être installé.

A l’aube, le Lieutenant-colonel Fouchet, chef de corps du 3e RCA, enjoint ses ordres aux différents escadrons.

Le 1er Escadron, aux ordres du Lieutenant Des Moutis, reçoit pour mission d’envoyer une patrouille en direction du village de Palante, tenu par l’ennemi deux jours auparavant. La route étant minée, le terrain impraticable pour les automitrailleuses et Palante n’étant distant que de 1500 mètres de Frotey, le Lieutenant commandant le 1er Escadron décide de lancer une reconnaissance à pied. Ainsi, celui-ci ordonne à l’Aspirant René Blasselle, de prendre la tête d’une section de combat, prélevée parmi les trois pelotons. Une section de FFI du Bataillon Charollais aux ordres de l’Aspirant Louis Faucher rejoint la « section Blasselle ».

A 7h00, la patrouille se met en marche. A la faveur de la brume, les soldats avancent rapidement. Chaque bosquet, chaque taillis sont utilisés pour camoufler leur progression. A hauteur des premières maisons du village, l’Aspirant René Blasselle fait une halte, à l’abri d’un muret et donne ses instructions. La section avancera en file indienne, en deux colonnes, chacune se déplaçant d’un côté de la rue principale. Bientôt les colonnes se forment et entament leur marche en direction du centre bourg. Silencieusement, les deux colonnes s’enfoncent. Tout paraît calme. Soudain, un coup de feu résonne, le FFI Paul Martin est touché mortellement. S’en suit une vive fusillade, l’ennemi apparaît aux fenêtres, tire des lucarnes des caves. Une section allemande se regroupe autour de la mairie et met en batterie une mitrailleuse lourde MG 42. L’arme automatique prend rapidement pour cible la colonne menée par l’Aspirant Blasselle. Le Maréchal des Logis Maurice Normand est atteint, tué sur le coup. Le Cavalier De Saint-Pol se porte aussitôt à sa hauteur et tente de le dégager de ce déluge. Tant bien que mal, il parvient à hisser le corps du Maréchal des Logis Normand sur ses épaules. Le Maréchal des Logis Darnaudery ordonne au Cavalier De Saint-Pol de se mettre à l’abri et aide ce dernier à soutenir le corps inerte. Durant le décrochage, le Maréchal des Logis Darnaudery est blessé à son tour.

La « section Blasselle » peine à se dégager. L’Aspirant Blasselle ne parvient pas à envoyer la fusée signifiant la demande d’appui aux unités en place à Frotey. Les balles fusent, viennent ricocher contre les murs et se loger dans les volets en bois des maisons. L’Aspirant FFI Louis Faucher gît sur le sol, mortellement atteint par une balle dans le cœur. Finalement, les soldats aux ordres de l’Aspirant Blasselle parviennent à battre en retraite et à rallier Frotey. Laissant derrière eux le corps inanimé du FFI Martin.

A Frotey, les blessés sont immédiatement évacués à l’antenne médicale. L’Aspirant Blasselle se rend au PC du Lieutenant Des Moutis et rapporte les renseignements demandés.

Ce même jour, le Peloton Spécial, aux ordres du Lieutenant Lamaze rentre de mission et se porte à Saint-Germain au PC du 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique. Le Lieutenant – colonel Fouchet enjoint au Lieutenant commandant le Peloton Spécial de rallier le village d’Ecromagny et de se mettre à la disposition du Capitaine Dumont, commandant du 4e Escadron et provisoirement, chef du « groupement tactique Dumont ».
Quant au 3e Escadron du Capitaine Brisson, cet escadron poursuit inlassablement sa remontée vers l’est, afin de faire la jonction avec les éléments du 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique, placés sous les ordres du Lieutenant-colonel Fouchet.

A 15h00, la colonne se met en branle afin de rallier Vesoul puis Lievans (Haute-Saône). Mais l’avancée est plus lente que prévue, les routes sont encombrées de convois se dirigeant vers le front et les boîtes de vitesse des obusiers Howitzer souffrent considérablement et de dérèglent à nouveau. Après deux heures de trajet, le 3e Escadron parvient à destination et installe sommairement son cantonnement à Lievans, sous une pluie ininterrompue.