mercredi 16 juin 2010

14 septembre 1944

Ce jeudi 14 septembre, les unités du 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique aux ordres du Lieutenant-colonel Fouchet stationnent toujours aux villages de la Roche Vineuse et de Charnay. En effet, le manque de carburant commence à faire défaut et a ralenti la progression de ces éléments.

Le Lieutenant-colonel commandant le régiment ordonne au Lieutenant Reglade, du groupe de ravitaillement en essence, de prendre la direction de Marseille. Dès 7h00, le convoi fait route pour percevoir le précieux carburant. En début d’après-midi, un second convoi part pour la cité phocéenne, celui-ci doit également procéder au ravitaillement en essence.

Dans un même temps, les Cavaliers du 2e Escadron et leurs frères d’armes du 3e Escadron, entretiennent le matériel et nettoient l’armement.

Ce jour, le 5e Escadron aux ordres du Capitaine André, éclairant toujours l’avance du Combat Command 1, reçoit les nouvelles directives pour la journée. Le Capitaine André enjoint à ses différents pelotons de reconnaître les itinéraires menant à la localité de Varennes sur Amance, situé à 26km à l’est de Langres. Ceux-ci devront traverser les villages de Plesnoy, Marcilly et Chézeaux.

Les AM-M8 sont obligés d’emprunter des chemins détrempés par la pluie car les Allemands ont pris le soin de faire sauter les ponts enjambant le canal de la Marne à la Saône. Les véhicules dérapent, tandis que les chefs de voiture, du haut de leur tourelle, courbent le buste pour éviter le choc des branches d’arbres dont le feuillage a déjà jauni par l’approche de l’automne.

Quelques villages vite traversés, des rues mal pavées et voilà les premières automitrailleuses qui arrivent à destination par la route de Lavernoy. Les Cavaliers du 5e Escadron sont accueillis par quelques paysans, surpris de voir débarquer des soldats français. Le village de Varennes sur Amance, situé sur une colline, en bordure du plateau de Langres offre une vue imprenable sur la vallée de l’Amance. Faisant de cet endroit, un lieu stratégique pour le commandement du CC1. L’intégralité du 5e Escadron cantonne dans cette localité.

De son côté, le 1er Escadron aux ordres du Lieutenant Des Moutis poursuit ses missions de la veille.

Le Lieutenant commandant l’Escadron ordonne au 1er Peloton du Lieutenant Tréhu de poursuivre sa marche en avant afin de rechercher la liaison avec les troupes américaines. Lors de son périple, le 1er Peloton libérera les localités de Vaite, Membrey et Lavoncourt, semant la zizanie dans les rangs ennemis et parvenant à faire une centaine de prisonniers.

Quant au 2e Peloton de l’Aspirant De Marancourt, celui-ci se trouve toujours dans le village de Fayl-Billot, en compagnie d’un peloton du 2e Régiment de Spahis Algériens de Reconnaissance. Dès le petit matin, ceux-ci constatent que l’infanterie allemande tente une contre-attaque. Les fantassins ennemis, appuyés par l’artillerie, débordent par les jardins et les maisons et occupent à présent le sud de Fayl-Billot. Aussitôt, l’Aspirant De Marancourt informa le Lieutenant Des Moutis de la situation. Vers 8h, les chars du 3e Escadron / 5e RCA aux ordres du Capitaine Dumesnil accompagnés par la Compagnie Puig du 1er Zouaves viennent relever les troupes du 3e RCA et du 2e RSAR. Les Sherman du 5e RCA entrent rapidement en action, les Zouaves nettoient le terrain maison par maison. Après quelques heures de combats, ces éléments capturent une centaine de prisonniers et mettent la main sur une batterie d’artillerie allemande.

L’Aspirant De Marancourt reçoit alors une nouvelle mission, le 2e Peloton doit reconnaître le secteur d’Ouges. En chemin, au carrefour de la Folie, les Cavaliers du 2e Pelotons prennent à partie une colonne allemande. Les AM-M8 « Laperrine » et « Lamoricière » font un léger détour par l’ouest et prennent à revers l’ennemi. Par une attaque frontale, la jeep 387 du Maréchal des Logis Cantais, équipée d’un mortier de 60 ouvre le feu, soutenue par le canon de 37 de l’automitrailleuse « D’Assas ». Les jeeps 408, 433 et 435 attaquent les flancs de la colonne. Après avoir abattu de nombreux Allemands, le 2e Peloton parvient à faire 74 prisonniers. Arrivé à destination, l’Aspirant De Marancourt occupe les sorties est et nord de la commune d’Ouges.

De son côté, le 3e Peloton du Sous-lieutenant Gentien se voit confier la mission de reconnaître l’axe : Chauvirey – Montigny – Jussey. A hauteur du village de Chauvirey, les éléments du 3e Peloton sont pris pour cible par des armes automatiques embusquées derrière une barricade. Le Sous-lieutenant Gentien enjoint à l’AM « Brazza » de l'Adjudant Marc ROMAIN de détruire ce nœud de résistance. Aussitôt l’automitrailleuse ouvre le feu avec son canon de 37mm. L’ennemi prend la fuite et ainsi le 3e Peloton peut pénétrer dans Chauvirey. Aidé par un détachement FFI du Bataillon Charollais, les Cavaliers du 3e RCA nettoient cette localité, faisant 20 prisonniers. La commune de Chauvirey tout juste libérée, les AM-M8 poursuivent sans relâche la colonne allemande prenant la fuite et déciment un grand nombre d’Allemands.

De retour à Chauvirey, un civil se porte à la hauteur du Maréchal des Logis chef Bruckman, alsacien d’origine. L’homme lui indique que 6 soldats allemands se sont réfugiés dans une grange. Le Maréchal des Logis chef Bruckman part seul, pistolet au poing. A quelques mètres de la grange, celui-ci crie en allemand : « Est-ce que quelqu’un parle Allemand ? ». Bientôt, une tête sort de derrière un ballot de paille et aussitôt, le sous-officier français lui colle son arme sous le nez en lui ordonnant de lever les mains en l’air. Après quelques minutes de négociation, le Maréchal des Logis chef Bruckman sort avec 6 prisonniers.

Dans un même temps, le 2e peloton de l’Aspirant De Marancourt patrouille à proximité du village de Vitrey. La voiture de tête avance avec précaution car l’ennemi semble être présent dans tout le secteur. A l’entrée de la localité, les AM-M8 du 2e Peloton détruisent deux barricades et rentrent dans le village que les allemands abandonnent sans combattre. Quelques drapeaux tricolores apparaissent aux fenêtres pour accueillir les libérateurs. Le 2e Peloton se porte maintenant vers la commune de Saint-Marcel.

Le 3e Peloton du Sous-lieutenant Gentien quitte Chauvirey et poursuit son avance. Ordre lui a été donné de se rendre au carrefour entre Saint-Marcel et Jussey afin d’y intercepter les éléments ennemis en déroute. Le Sous-lieutenant a tout juste le temps de mettre en place son dispositif qu’une voiture allemande se rapproche à vive allure du carrefour. L’AM « Bayard » ouvre immédiatement le feu. La voiture fait une embardée et vient stopper sa course dans un fossé. Les cavaliers font 5 prisonniers dont deux Adjudants-Chefs porteurs de documents.

Quant au 1er Peloton aux ordres du Lieutenant Tréhu, celui-ci informe le PC du 1er Escadron, qu’il vient de prendre la ville de Combeaufontaine. De là, le Lieutenant Tréhu ordonne à l’Adjudant-chef Cotard de partir en patrouille vers Tincey, en compagnie d’une automitrailleuse et de deux jeeps. Sur le chemin, ce détachement tombe sur une arrière-garde ennemie. S’en suit un accrochage. Malgré leur faible effectif, ces cavaliers du 3e RCA font 50 prisonniers et comptabilisent une quinzaine de tués dans les rangs allemands.

Dans un même temps, le Lieutenant Tréhu envoie une nouvelle patrouille en direction de Pont sur Saône. Le 1er Peloton a reçu l’ordre de prendre liaison à tout prix avec les troupes américaines. Vers minuit, ladite patrouille revient en compagnie de 2 jeeps US. Dans l’une d’elles se trouve le Colonel Hodge, commandant du 117e Cavalry Reconnaissance Squadron US, il demande à parler personnellement au Lieutenant Tréhu. La jonction entre les troupes françaises et les forces américaines est enfin faite. Le véhicule radio du Lieutenant Tréhu étant en panne, celui-ci envoie l’Adjudant-chef Cotard prendre liaison avec le PC du 1er Escadron à Fayl – Billot. Sur le trajet, la jeep, transportant 4 cavaliers, a un accident et l’Adjudant-chef Cotard est grièvement blessé, il doit être immédiatement hospitalisé.

D’autre part, le 2e Peloton de l’Aspirant De Marancourt reçoit comme directive de rallier la ville de Jussey. Le 2e Peloton est rapidement rejoint par le 3e Peloton du Sous-lieutenant Gentien. Ces deux pelotons rentrent dans Jussey que l’ennemi est en train d’abandonner. Le Peloton De Marancourt se dirige vers le pont qui enjambe la Mance, et laisse une automitrailleuse dans le centre ville en couverture. Celle-ci détruit une voiture allemande à bout portant, les 4 occupants parviennent à prendre la fuite. Une demi-heure plus tard, l’Adjudant Romain du 3e Peloton retrouve l’un d’eux dans la rivière, qu’il fait immédiatement prisonnier, il s’agit d’un capitaine.

Le Sous-lieutenant Gentien enjoint à l’AM-M8 « Bara » et à une jeep de se porter sur le pont en bois traversant la Saône. Arrivé sur les lieux, le Brigadier-chef Dumerge surprend des allemands s’apprêtant à faire sauter le pont. Après quelques tirs de mitrailleuses, l’ennemi prend la fuite. L’AM « Bara » détruit un side-car. La nuit commence à tomber et la pluie n’a pas cessé de la journée.

Le Sous-lieutenant Gentien et l’Aspirant De Marancourt décident d’embosser leurs véhicules en défensives au niveau des différents points d’accès de la ville et des deux ponts. Ceux-ci sont bientôt rejoints par le Lieutenant Pilliart et sa section du 88e Génie.

Ces éléments restent au contact de l’ennemi qui veut absolument détruire les deux ponts enjambant la Saône et la Mance.

Le Sous-lieutenant Gentien demande des renforts d’infanterie au PC du Lieutenant Des Moutis. Après d’âpres négociations auprès de l’Etat-major du CC2, à 23h, le Lieutenant commandant l’Escadron informe le chef du 3e Peloton que des renforts viennent de partir pour Jussey. A 3h, deux sections de FFI du Bataillon Charollais arrivent à destination pour assurer la relève des deux pelotons du 1er Escadron. Devant le nombre dérisoire de FFI (60 hommes) devant protéger la localité de Jussey, les deux officiers français décident de rester sur place. Le Lieutenant Pilliart du 88e Génie décide de faire de même. Ils demandent l’autorisation à leur supérieur hiérarchique ainsi que l’annulation de leur mission de reconnaissance sur la ville de Champlitte. Le Lieutenant Des Moutis les autorise à prêter main forte aux FFI du Bataillon du Charollais jusqu’au petit matin.

Enfin, lors de son compte-rendu, le Colonel Kientz, commandant du Combat Command 2 écrira au Général Touzet Du Vigier, commandant la 1ère DB que le 1er Escadron a fait à lui seul 300 prisonniers.

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