mercredi 30 juin 2010

22 septembre - Dans les Vosges Saônoises

Ce 22 septembre, la situation n’a guère changé pour les éléments du 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique.

Le 5e Escadron du Capitaine André s’accroche toujours à ses positions au village de Mélisey. L’artillerie allemande ne cesse de pilonner ce bourg et souhaiterait bien y déloger les Chasseurs d’Afrique. Quelques contre-attaques de l’infanterie ennemie sont vite endiguées. Un obus explose à proximité de l’AM-M8 « Wagram » du 1er Peloton, le Cavalier Camillieri est blessé pour la seconde fois depuis le débarquement de Provence. La tension est palpable au sein du 5e Escadron. Le Capitaine André envoie des patrouilles à pied afin de recueillir des informations précises sur les positions des armes anti-chars ennemies. A chaque fois, les Cavaliers sont accueillis par un feu nourrit de MG 42.

Concernant le 1er Escadron du Lieutenant Des Moutis, leurs positions restent inchangées. La majeure partie de l’escadron se trouve à Roye et subit toujours la pression de l’artillerie allemande. Le 1er peloton du Lieutenant Tréhu se situe à Frotey et ne peut toujours pas avancer. Les ordres restent les mêmes, il faut tenir coûte que coûte les positions si chèrement acquises et surtout ne pas reculer.

Tandis que le 3e Escadron aux ordres du Capitaine Brisson quitte son cantonnement de Morey-Saint-Denis. Dès 9h00, les véhicules prennent la route. Après une longue halte à hauteur de Champigney, les Cavaliers du 3e Escadron parviennent vers 15h00, à Soing (Haute-Saône), terme de leur étape. Le maire Henri Lenoir est fier de recevoir des troupes françaises dans sa localité.

Au PC du Régiment, le Lieutenant-colonel Fouchet confit au Capitaine Dumont (4e Escadron) la tête d’un détachement. Ce groupement Dumont est composé du 1er et 2e Peloton du 4e Escadron, du 1er et 2e Peloton du 2e Escadron du Capitaine Argoud et d’un peloton de Tank Destroyer M10 du Lieutenant Jordan, affecté au 1er Peloton / 2e Escadron / 9e RCA. Tous ces éléments se regroupent dans la commune d’Ecromagny, à hauteur de l’étang Pellevin, au nord-ouest de Saint-Germain.

Le Capitaine Dumont a reçu la mission de reconnaître la région de Melay, mais surtout de s’emparer de cette localité et du village de Ternuay (Haute-Saône). Après une lente progression sur une route entièrement minée, les chars légers M5 A1 du 4e Escadron sont pris à partie par des canons 75 Pak 40 embusqués à l’orée d’un bois. Rapidement, le char « Marceau » du 1er Peloton, aux ordres du Lieutenant Gros, est immobilisé par un coup au but. Le Cavalier Arnaudy est grièvement blessé et évacué à l’arrière. Un canon allemand prend pour cible le char « Hoche », mais l’obus explose moins loin de celui-ci sans lui causer de dégâts.

Le Capitaine Dumont ordonne à ses troupes de continuer leur avance. Nouveau sifflement d’obus, nouvelle déflagration, le char M5 A1 « Joffre » est détruit. Les Cavaliers Baudet et Hernandez sont blessés. L’ordre de repli parvient aux différents équipages des chars engagés sur la route. Une jeep du Peloton Hors Rang recule et saute sur une mine, le Brigadier Broquet est légèrement touché. Le groupement Dumont réussit tant bien que mal à se regrouper à Ecromagny. Le Capitaine Dumont installe un bouchon à 2 km du village pour stopper une éventuelle contre-attaque ennemie. Un premier rapport des pertes arrive au PC léger du Capitaine commandant ce détachement. Le Maréchal des Logis Menu est porté disparu. Par radio, le Capitaine Dumont est informé de l’arrivée prochaine de deux sections d’infanterie US venues en renfort.

Après une longue période de « guerre de mouvement », où le 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique a parcouru des centaines de kilomètres, voici venu le temps de la « guerre de position ».

lundi 28 juin 2010

21 septembre 1944

Ce jeudi 21 septembre, l’opération débutée la veille et sous le commandement du Lieutenant-colonel Fouchet, chef de corps du 3e RCA stagne. En effet, la résistance allemande a été plus vive que prévue et celle-ci est solidement positionnée dans les contreforts des Vosges Saônoises. De plus, le climat exécrable de ces derniers jours, ralentie considérablement la marche en avant de la 1ère DB.

Ce jour, le 5e Escadron aux ordres du Capitaine André est toujours bloqué à Mélisey et ne peut progresser. La petite bourgade est soumise toute la journée à un incessant bombardement. Fort heureusement, le 5e Escadron ne déplore aucune perte et les habitants sont toujours terrés dans les caves des maisons. Les automitrailleuses des différents pelotons sont embossées aux entrées du village et gardent le pont enjambant la rivière l’Ognon. Malheureusement, l’artillerie ennemie est précise et parvient à détruire le pont sous le regard impuissant des Chasseurs d’Afrique.

Quant au 2e Escadron du Capitaine Argoud, ordre lui a été donné de quitter le village de Malbouhans, durement conquis la veille, et de retourner à Saint-Germain, où le PC du Lieutenant-colonel Fouchet est installé.

Ce même jour, le groupement Gentien est dissous, le Commandant Jacques Gentien, commandant en second du 3e RCA, rentre au PC de Saint-Germain. Le 1er Escadron du Lieutenant Des Moutis reçoit l’ordre de continuer sa progression. Mais l’artillerie allemande et les routes minées interdisent tout mouvement en avant.

Le 3e Peloton du Sous-lieutenant Henri Gentien est toujours dans la localité de Roye, en compagnie du 4e Escadron du Capitaine Dumont. La route sortant du village est minée et les abords immédiats de Roye sont bombardés par des obus de gros calibres.

Le 2e Peloton de l’Aspirant De Marancourt se situe, quant à lui, à la Verrerie, à 1 km au nord de Roye, en halte-gardée.

Alors que le 1er Peloton du Lieutenant Tréhu tente de quitter Frotey pour continuer sa progression, il est pris à partie par un violent barrage d’artillerie et de mortiers. Voyant la situation devenir plus que critique, les Cavaliers du 1er Peloton restent en station à Frotey. Celui-ci est bientôt rejoint par un Bataillon FFI du Charolais.

Dans l’après-midi, une patrouille allemande venant de Palante est repérée. Dès que les Allemands arrivent à 400 mètres du village, les automitrailleuses ouvrent le feu, ainsi que les jeeps équipées de mortiers de 60. L’ennemi se replie rapidement et laisse 7 tués sur le terrain. La nuit venue, le Capitaine Sider, officier de renseignements du 1er Escadron, accompagné de quelques hommes, effectue une patrouille à pied afin de récupérer les corps des soldats allemands abattus l’après-midi même. Cette patrouille a pour but d’identifier les unités ennemies en présence.

A Charnay-lès-Mâcons, le 3e Escadron du capitaine Brisson fait mouvement. A 9h00, le convoi se met en route, tandis que l’AM-M8 « Nîmes », affectée au 2e Peloton et aux ordres du Maréchal des Logis Vayssette, part en ouverture. Après avoir parcouru 110km, les premières jeeps et l’AM « Nîmes » arrivent aux portes de la ville de Morey-Saint-Denis, gros bourg situé à 17km au sud de Dijon, parmi les vignobles bourguignons.

vendredi 25 juin 2010

20 septembre - En direction des Vosges

Le 20 septembre, le Lieutenant-colonel Fouchet, commandant du 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique, prescrit ses directives aux éléments placés sous ses ordres. En effet, la veille, le Général Touzet du Vigier, commandant de la 1ère DB, a enjoint au Lieutenant-colonel Fouchet de prendre la tête d’un groupement composé du 3e RCA (moins le 3e Escadron), du 2e Escadron du 9e RCA aux ordres du Capitaine Laporte, et d’une section du Génie affectée au 88e Bataillon du Génie, et ainsi de pénétrer dans les Vosges. La mission a pour objectif de s’emparer des villes de Le Thillot et de Giromagny, mais aussi, de prendre liaison avec le VI Army Corps US, à hauteur de Faucogney.

Dès 6h00, le 5e Escadron aux ordres du capitaine André prend la direction de Le Thillot. Ainsi, cet escadron doit éclairer l’axe Lure – Le Thillot et tenter de s’emparer du carrefour de Mélisey.

Le 2e Peloton du Sous-lieutenant Maurice dépasse les troupes américaines à Saint-Germain puis reconnaît le secteur sud-ouest de Mélisey. La route est infestée de mines que les Allemands ont pris le soin de bien dissimuler. A quelques encablures de Melisey, le véhicule amphibie Dukw saute sur une mine. Le Cavalier Perraud est blessé au visage, ainsi que le Brigadier Delmont qui reçoit des éclats dans le torse. Les automitrailleuses « Solferino » et « Iéna » abordent les abords du village quand celles-ci sont prises à partie par des pièces anti-chars savamment camouflées. La riposte est immédiate de la part des AM-M8 du 3e RCA. L’obusier « Moulin de Laffaut » entre rapidement en action, et expédie une première salve d’obus de 75 sur l’ennemi. Une jeep du 88e Bataillon du génie double l’half-track de commandement du Peloton Hors Rang et explose littéralement sur un nid de mines. L’équipage est tué sur le coup. L’half-track est endommagé par les éclats et l’Adjudant-chef Berthier est blessé à la main et à l’œil. Après d’âpres combats, les AM-M8 aux ordres du Sous-lieutenant Maurice occupent la partie sud de la ville.

Le 3e Peloton de l’Aspirant De Bellefon déborde la localité de Mélisey par le village de La Rue et parvient à y pénétrer. Ces éléments sont accueillis par un feu nourrit de l’artillerie allemande. Un obus explose à proximité de l’AM-M8 « La Marne », le Brigadier-chef Larbantec est blessé à la cuisse et à la main gauche par des éclats. Malgré cela, le 3e peloton réussit à faire quelques prisonniers allemands complètement hagards.

Le 1er Peloton du Lieutenant Brémon effectue des patrouilles dans le secteur de Saint-Barthélemy. A hauteur du village, les véhicules du 1er Peloton sont rapidement pris pour cible par des canons 75 Pak 40 et des armes automatiques. Le Capitaine André enjoint au Lieutenant Brémon de quitter immédiatement les lieux et de rejoindre l’escadron à Mélisey. Dans le village, le 5e Escadron est soumis à de violents tirs d’artillerie venant des Bois du Mont de Vanne. Les obus allemands sèment la panique parmi la population. Un projectile de 105 explose sur la gauche de l’AM « Arcole » du 3e Peloton, celle-ci est très fortement endommagée et doit être évacuée par les hommes du Peloton d’Echelon du Lieutenant Sommariva. Une pluie d’obus ne cesse de tomber sur le centre bourg. Le Maréchal des Logis chef Picard s’écroule, touché au visage et au bras droit. Le barrage d’artillerie empêche toute progression du 5e Escadron en direction de Le Thillot.

En début d’après-midi, le 2e Peloton / 2e Escadron / 9e RCA, aux ordres de l’Aspirant De Courtivron, chargé d’appuyer la reconnaissance vers Le Thillot, parvient à Melisey. Une pluie incessante tombe sur les contreforts vosgiens. Le climat rend les chemins impraticables et les chars sont obligés d’emprunter les principaux axes que les Allemands ont piégés.

Dans un même temps, un groupement aux ordres du Commandant Jacques Gentien, commandant en second du 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique, et composé du 1er Escadron (Lieutenant Des Moutis) et du 4e Escadron (Capitaine Dumont), doit reconnaître l’axe Lure – Recologne et Ronchamp et essayer de s’emparer de ses villages.

Dès 6h00, ce groupement se met en route. Le 3e Peloton / 1er Escadron du Sous-lieutenant Henri Gentien se dirige à vive allure vers la commune de La Cote. Mais celui-ci est stoppé par un barrage anti-chars installé à l’entrée du village. Devant une telle puissance de feu, le 3e peloton est obligé de se replier à l’ouest du La Cote.

Quant au 2e Peloton / 1er Escadron de l’Aspirant De Marancourt, ce peloton se porte en direction de Froideterre. La progression est lente, la route est minée et des Cavaliers du 2e Peloton sont obligés de parcourir la distance à pied, en tête de la colonne afin d’y détecter les mines. Malgré ce dispositif, l’automitrailleuse « Lannes » est détruite par des engins explosifs. Le Brigadier Collomb est blessé. La marche en avant continue. Soudainement, une nouvelle détonation. Une jeep vient, à son tour, d’exploser. Les Cavaliers Holf et Maisonnave gisent au sol grièvement blessés.

Le 1er Peloton / 1er Escadron du Lieutenant Tréhu patrouille plus au sud du dispositif. Il prend la direction de Roye – Frotey – Palante et Magny d’Aginon. Après avoir traversé les communes de Roye et Frotey sans rencontrer trop de résistance, le 1er Peloton libère Frotey et se dirige vers Magny d’Anigon. Mais l’ennemi est solidement ancré dans cette localité et surtout à Lyoffans. A hauteur de Magny d’Anigon, le Lieutenant Tréhu subit un vif accrochage. Le 1er Peloton est contraint de décrocher et de se replier sur Frotey en abandonnant l’half-track du peloton. Avant cela, les AM-M8 « Desaix » et « D’Assas » en couverture d’une jeep réussissent à rapatrier les Cavaliers Vidal et Feinkbenner, tous deux blessés à bord de l’half-track.

En milieu d’après-midi, le 1er Escadron libère Palante mais ne peut s’y maintenir. En effet, l’artillerie allemande pilonne les positions françaises et les éléments du 1er Escadron sont obligés de décrocher et de rallier Roye.

Tandis que le 4e Escadron aux ordres du Capitaine Dumont, accompagné du 1er Peloton / 2e Escadron / 9e RCA du Lieutenant Jordan, tentent de déborder la résistance ennemie par l’ouest. La progression sur Le Thillot s’avère difficile. Le temps est pluvieux, les chemins sont détrempés et les routes complètement minées. Tous ces éléments ralentissent considérablement l’avance de ce détachement.

Char léger M5 A1 sur les routes Francs Comtoises

Ce même jour, le 2e Escadron aux ordres du Capitaine Argoud reçoit sa première mission. Il s’agit de pousser des reconnaissances vers Saint-Germain – Malbouhans et Ronchamp. Après de violents affrontements, le 2e Escadron libère la commune de Malbouhans et poursuit son avance, mais ne peut pas dépasser cette localité, la route est semée d’obstacles et de nombreux abattis sont protégés par des armes automatiques.

De plus, l’ennemi lance une furieuse contre-attaque. L’artillerie allemande entre en action. Des obus de 105 pleuvent sur le village de Malbouhans. Bientôt, l’infanterie ennemie attaque. Les Cavaliers du 2e Escadron résistent héroïquement à l’assaut. Ceux-ci sont solidement positionnés dans le bourg. Malgré tout, les Chasseurs d’Afrique subissent des pertes. Un obus de 105 tombe dans le centre du village tuant sur le coup les Cavaliers Seguy et Perais. Le Lieutenant Robert Blasselle, chef du 1er Peloton est blessé à la tourelle de son automitrailleuse. Les explosions se succèdent à une cadence infernale. Mais les soldats français ne cèdent pas un mètre de terrain. Repoussant même, les attaques incessantes des Grenadiers allemands. Nouvelle déflagration, l’Adjudant Feray et le Cavalier Oguerro s’écroulent, blessés par des éclats chauffés à blancs. Le Maréchal des Logis Verrière et les Cavaliers Karouby et Saoudi sont à leur tour touchés. Le temps semble s’être arrêté, les minutes défilent lentement.

Le 2e Peloton du Lieutenant Le Duc résiste avec panache. Cependant, le Maréchal des Logis Olmos est touché par un tir de sniper embusqué dans un bosquet.

Les obusiers « Montbrun » et « Nanzouty » tirent des salves d’obus de 75 et sèment la mort dans les rangs ennemis. Après plusieurs heures d’intenses combats, les Allemands battent en retraite mais l’artillerie ennemie reste très active.

Dans la soirée, les Zouaves du 3e bataillon de Zouaves viendront renforcer le dispositif du 2e Escadron et du 1er Escadron. Tandis que le 1er bataillon de Zouaves rejoint le 5e Escadron.

Quant au 3e Escadron aux ordres du Capitaine Brisson, celui-ci demeure à Charnay-Lès-Mâcon, où il vient enfin de percevoir les 4 000 litres de carburant nécessaire à sa progression. Ordre est donné aux Cavaliers du 3e Escadron de préparer leurs véhicules pour un départ proche. Le Maréchal des Logis Gilbert Wininger, chef de bord de l’AM « Nevers », affectée au 2e Peloton, enjoint à son équipage de charger les vivres, les munitions et de fixer leurs paquetages sur l’automitrailleuse.

mercredi 23 juin 2010

19 septembre - libération de la Haute-Saône

Ce mardi 19 septembre, le 5e Escadron aux ordres du Capitaine André reçoit enfin l’ordre de mouvement tant attendu. En effet, cet arrêt de trois jours, a permis aux troupes américaines de croiser le Combat Command 1 et ainsi, de se porter de l’est vers le nord. Tandis que les forces françaises obliquent vers l’est, en direction des Vosges et de Belfort.

Dès 10h00, le 5e Escadron quitte le village d’Ormoy. Sa mission du jour est d’éclairer la progression du CC1 sur un axe bien définit et qui empruntera la Nationale 19. Le 2e Peloton du Sous-lieutenant Maurice se dirige vers Jussey, l’AM-M8 « Valmy » prenant la tête du convoi. A hauteur de Gevigney, à la ferme des Grands Bois, tout l’Escadron prend la direction de Gesincourt, traverse Port sur Saône puis pénètre dans Vesoul. Après une brève halte, dans cette localité, la marche en avant reprend. Bientôt les faubourgs de Frotey sont en vue, puis Calmoutier avec l’église St Martin et son clocher à l’impériale. Le Maire M. Henri Lepine accueille ces éléments du 3e RCA avec beaucoup d’enthousiasme. Enfin, Pomoy, terme de la reconnaissance.

Vers 19h00, une estafette apporte un message écrit aux Capitaine André. Cette note indique que le 5e Escadron repasse aux ordres du Lieutenant-colonel Fouchet, commandant du 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique. Nouvel ordre de départ, destination la ville de Lure afin d’y retrouver le Régiment.

A Charnay-Lès-Mâcon, le 3e Escadron aux ordres du Capitaine Brisson attend avec fébrilité la venue du Colonel Caldairou, commandant du Combat Command 3. En effet, celui-ci souhaite effectuer une revue des Cavaliers du 3e Escadron. Dès 10h30, le Colonel Caldairou arrive au cantonnement et s’en suit un discours. A la fin de son allocution, le défilé à pied des troupes débutent. La satisfaction se lit sur le visage du colonel.

Ce même jour, les éléments du 3e RCA aux ordres du Lieutenant-colonel Fouchet quittent la localité de Fauverney, afin de se rendre dans la ville de Velle, à 10 km à l’est de Vesoul, selon l’itinéraire suivant : Auxonne – Dôle – Besançon – Rioz – Vesoul et enfin Velle.

A 8h00, le Lieutenant-colonel commandant ce détachement du 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique donne le signal du départ. Le 2e Escadron du Capitaine Argoud progresse en tête de cette longue colonne. Puis vient le tour de l’Escadron Hors Rang de se mettre en route. Le 4e Escadron aux ordres du Capitaine Dumont, l’escadron de chars légers M5 A1 restera en queue de colonne et roulera à une allure plus modérée.

Après avoir parcouru les 140 km qui les séparaient de leur but, les premières automitrailleuses arrivent à destination vers midi. Dans l’après-midi, l’Etat-major de la 1ère DB ordonne à ces éléments de rallier la ville de Lure. Les Cavaliers du 3e RCA font, à nouveau mouvement et parviennent à destination vers 19h00.

Quant au 1er Escadron aux ordres du Lieutenant Des Moutis, celui-ci cantonne toujours aux abords du village de Mollans, en compagnie des chars du 5e RCA.

Vers 11h30, le Lieutenant Des Moutis est convoqué au PC de la 1ère DB situé à Noroy le Bourg et y retrouve le Lieutenant-colonel Fouchet. Il apprend que le 1er Escadron est remis à la disposition du Colonel Fouchet, en vue d’une opération d’envergure prévue pour le lendemain.

En fin d'après-midi, les Cavaliers du 1er Escadron rallient la ville de Lure. Ainsi, depuis mi-juillet 1944, le 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique est pratiquement rassemblé en totalité, à l’exception du 3e Escadron.


Lure, le 19 septembre, le Cavalier Jean (1er Escadron) pose devant des Sherman du 2e Régiment de Cuirassiers, dont le Sherman "Oran" affecté au 2e Peloton / 3e Escadron / 2e Cuir.

lundi 21 juin 2010

18 septembre 1944

Après une courte période de repos bien méritée, le 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique fait à nouveau mouvement. Ce 18 septembre, les éléments à la disposition du Lieutenant-colonel Fouchet, commandant du 3e RCA reçoivent l’ordre de rallier la localité de Fauverney, ville située à 15 km à l’est de Dijon.

L’E.H.R., le 2e Escadron ainsi que le 4e Escadron se mettent en route dès midi. Ordre leur a été donné de suivre l’itinéraire : Mâcon – Chalon sur Saône – Dijon.

L’automitrailleuse « Murat », affectée au 1er Peloton du 2e Escadron, aux ordres du Lieutenant Robert Blasselle, ouvre la marche du convoi. Bientôt suivie par l’AM « Marbot » du même peloton. Après avoir parcouru les 150 km qui les séparaient de leur objectif, les premières AM-M8 arrivent à destination. Durant le trajet, le Chasseur Adrien Barbary, du 4e Escadron, a un accident et est mortellement touché. Celui-ci était originaire de la Chapelle Faucher en Dordogne et tout juste âgé de 23 ans.

Concernant le 3e Escadron, aux ordres du Capitaine Brisson, cet escadron est resté à Charnay les Mâcons. En effet, celui-ci réintègre les effectifs du Combat Command 3 et passe sous le commandement direct du Colonel Caldairou.

Quant au groupe d’approvisionnement en essence, ces éléments stationnement à la Roche Vineuse car ceux-ci n’ont toujours pas perçu la totalité du carburant alloué au régiment. Ils feront mouvement le lendemain.

Ce même jour, le 5e Escadron, aux ordres du Capitaine André profite toujours d’une journée de repos dans le village d’Ormoy. Les Cavaliers des différents pelotons s’affèrent à réparer le matériel qui a souffert depuis le débarquement en Provence, un mois auparavant. Lors de l’entretien de l’armement, le Chasseur Gonzales est accidentellement blessé au bras par une rafale de mitrailleuse. Il est aussitôt transporté à l’hôpital de Mâcon. Malgré cet incident, le calme règne au cantonnement du 5e Escadron.



A Combeaufontaine, dans la matinée, les Cavaliers du 1er Escadron participent à une cérémonie de remise de décorations. A cette occasion, le Colonel Kientz, commandant du Combat Command 2 remet la Croix de Guerre au Brigadier-Chef Carrait, au Brigadier Collomb, au Cavalier Bahloul ainsi qu’au Cavalier Métral. Etant sur place, le Colonel Kientz enjoint ses ordres au Lieutenant Des Moutis, lieutenant commandant le 1er Escadron.

Dès 14h00, les 3 pelotons font mouvement pour le secteur de Mollans et sillonnent les routes de Haute-Saône jusqu’à leur destination finale. Le soir venu, la totalité du 1er Escadron cantonne dans cette localité.

vendredi 18 juin 2010

15 - 16 - 17 septembre

Ce vendredi 15 septembre, les unités aux ordres du Lieutenant-colonel Fouchet, commandant du 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique, à savoir, l’Escadron Hors Rang, le 2e Escadron et le 3e Escadron demeurent toujours en station, soit à la Roche Vineuse, soit à Charnay les Mâcons. Ces éléments sont en attente de l’approvisionnement en carburant.

En milieu de matinée, le 4e Escadron, aux ordres du Capitaine Dumont, rejoint le Régiment et cantonne à Charnay les Mâcons.

Dans l’après-midi, à 15h00, le Capitaine Brisson, chef du 3e Escadron effectue une revue du matériel et des troupes.

Cette situation durera ainsi jusqu’au dimanche 17 septembre.

Ce même jour, ordre est donné au 5e Escadron, aux ordres du Capitaine André, de reconnaître l’itinéraire : Arbigny sous Varenne (Haute Marne) – Bize – Anrosey – Pisseloup – Vernois sur Mance (Haute Saône) – Barges – Raincourt – Betaucourt et Ormoy.

Le Capitaine André enjoint ses directives. Le 1er Peloton du Lieutenant Brémon doit patrouiller dans le secteur d’Arbigny sous Varennes, Bize et Anrosey. Quant au 2e Peloton du Sous-lieutenant Maurice, celui-ci éclaire les villages de Pisseloup et Vernois sur Mance.

Enfin, le 3e Peloton, aux ordres de l’Aspirant De Bellefon reconnaît les communes de Barges, Raincourt et Betaucourt, puis prend la direction du village d’Ormoy. Dans les faubourgs de cette localité, les Cavaliers du 3e Peloton sont accueillis par un tir nourrit d’armes automatiques. Bientôt, les premiers obus pleuvent à proximité des automitrailleuses. Aussitôt, les AM-M8 « Marignan » et « Marengo » ripostent contre l’ennemi.

Alors que l’Aspirant De Bellefon fait un compte-rendu précis de la situation au Capitaine André, celui-ci apprend de la bouche de son Capitaine que le 2e Peloton du Sous-lieutenant Maurice part à l’instant en renfort.

Quelques temps plus tard, les premières AM-M8 du 2e Peloton arrivent au niveau de l’Aspirant De Bellefon. Les deux officiers mettent rapidement en place un plan offensif.

Les obusiers Howitzer « Sidi Brahim » et « Moulin de Laffaut » tirent leurs premiers obus de 75, semant ainsi la zizanie parmi les fantassins allemands. L’automitrailleuse « Iéna », affectée au 2e Peloton prend un canon de 37 Pak pour cible.

Devant la supériorité numérique de l’adversaire, les troupes allemandes décrochent en désordre. Les deux pelotons du 5e Escadron parviennent à faire de nombreux prisonniers. La population locale accueille chaleureusement leur libérateur. Le soir venu, la totalité du 5e Escadron cantonne à Ormoy et y séjournera jusqu’au 18 septembre. Cependant, le Capitaine André envoie des patrouilles à pied aux abords du village.

Le 17 septembre, les premiers courriers d’Algérie arrivent, les Cavaliers du 3e RCA attendaient cela avec impatience. Ce même jour, le Sous-lieutenant Maurice, chef du 2e Peloton fête son 25ème anniversaire. A cette occasion, les habitants du village offrent des moutons, afin que les Algériens du 5e Escadron puissent préparer un méchoui.

De son côté, le Lieutenant Des Moutis, lieutenant commandant le 1er Escadron, se rend dès 6h à Poinson, au PC du Combat Command 2, afin d’obtenir des renforts conséquents pour les deux sections FFI du Bataillon du Charollais, en charge de la défense de Jussey.

A 7h30, un ordre écrit parvient aux éléments du 3e RCA présent dans la ville.

A 8h00, le 2e Peloton ainsi que le 3e Peloton du Sous-lieutenant Gentien quittent la ville de Jussey afin d’exécuter leur mission prévue la veille au soir, à savoir de reconnaître les environs immédiats de Champlitte. A peine ont-ils parcouru quelque centaine de mètres, que l’Aspirant De Marancourt et le Sous-lieutenant Gentien entendent une forte explosion. Le pont enjambant la Saône vient d’être détruit par l’ennemi ! Sur la route menant à Champlitte, le 3e peloton fait prisonnier des soldats indiens portant l’uniforme de la Heer, il s’agit d’éléments de la Indische Infanterie – Regiment 950 refluant de Bordeaux.

A midi, le 1er Escadron reçoit l’ordre de reconnaître les différents passages permettant le franchissement de la Saône. Vers 15h00, alors que des éléments se trouvaient déjà sur l’autre rive, le Lieutenant Des Moutis apprend par radio que la mission initiale est annulée. Ceux-ci doivent rallier la commune de Combeaufontaine. Ainsi, le 1er Escadron retrouvera le 1er Peloton du Lieutenant Tréhu déjà sur place depuis la veille.

A propos des événements des derniers jours, le Sous-lieutenant Gentien racontera :

« Dans chaque localité où nous pénétrions, nous étions attendus et renseignés très exactement sur les mouvements de l’ennemi en retraite. Les dames des PTT, toutes restées à leurs postes, constituaient pour nous une véritable avant-garde, se signalant entre elles les localités évacuées et celles, par contre, qui présentaient du danger.

On n’a pas à ma connaissance rendu suffisamment hommage au courage des « demoiselles du téléphone ». Quelque part, du côté de Jussey, l’une d’entre elles vient m’avertir que « les Russes de Combeaufontaine » voulaient se rendre. Renseignements pris, toujours au téléphone, il ne s’agissait pas de tomber dans un piège, d’autant plus qu’ils étaient encadrés par des officiers SS.

Le Capitaine Sider, notre officier de renseignements, obtint facilement au bout du fil leur interprète, qui confirma leur volonté de cesser le combat et lui proposa de lui apporter, à la nuit, la preuve de leur bonne foi. Il se présenta effectivement à nos éléments avancés, accompagné de deux affreux portant une malle en osier contenant « la preuve ». Quel répugnant spectacle s’offrit alors à nos yeux : la malle était pleine de têtes coupées, celles de leurs officiers SS ! »

mercredi 16 juin 2010

14 septembre 1944

Ce jeudi 14 septembre, les unités du 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique aux ordres du Lieutenant-colonel Fouchet stationnent toujours aux villages de la Roche Vineuse et de Charnay. En effet, le manque de carburant commence à faire défaut et a ralenti la progression de ces éléments.

Le Lieutenant-colonel commandant le régiment ordonne au Lieutenant Reglade, du groupe de ravitaillement en essence, de prendre la direction de Marseille. Dès 7h00, le convoi fait route pour percevoir le précieux carburant. En début d’après-midi, un second convoi part pour la cité phocéenne, celui-ci doit également procéder au ravitaillement en essence.

Dans un même temps, les Cavaliers du 2e Escadron et leurs frères d’armes du 3e Escadron, entretiennent le matériel et nettoient l’armement.

Ce jour, le 5e Escadron aux ordres du Capitaine André, éclairant toujours l’avance du Combat Command 1, reçoit les nouvelles directives pour la journée. Le Capitaine André enjoint à ses différents pelotons de reconnaître les itinéraires menant à la localité de Varennes sur Amance, situé à 26km à l’est de Langres. Ceux-ci devront traverser les villages de Plesnoy, Marcilly et Chézeaux.

Les AM-M8 sont obligés d’emprunter des chemins détrempés par la pluie car les Allemands ont pris le soin de faire sauter les ponts enjambant le canal de la Marne à la Saône. Les véhicules dérapent, tandis que les chefs de voiture, du haut de leur tourelle, courbent le buste pour éviter le choc des branches d’arbres dont le feuillage a déjà jauni par l’approche de l’automne.

Quelques villages vite traversés, des rues mal pavées et voilà les premières automitrailleuses qui arrivent à destination par la route de Lavernoy. Les Cavaliers du 5e Escadron sont accueillis par quelques paysans, surpris de voir débarquer des soldats français. Le village de Varennes sur Amance, situé sur une colline, en bordure du plateau de Langres offre une vue imprenable sur la vallée de l’Amance. Faisant de cet endroit, un lieu stratégique pour le commandement du CC1. L’intégralité du 5e Escadron cantonne dans cette localité.

De son côté, le 1er Escadron aux ordres du Lieutenant Des Moutis poursuit ses missions de la veille.

Le Lieutenant commandant l’Escadron ordonne au 1er Peloton du Lieutenant Tréhu de poursuivre sa marche en avant afin de rechercher la liaison avec les troupes américaines. Lors de son périple, le 1er Peloton libérera les localités de Vaite, Membrey et Lavoncourt, semant la zizanie dans les rangs ennemis et parvenant à faire une centaine de prisonniers.

Quant au 2e Peloton de l’Aspirant De Marancourt, celui-ci se trouve toujours dans le village de Fayl-Billot, en compagnie d’un peloton du 2e Régiment de Spahis Algériens de Reconnaissance. Dès le petit matin, ceux-ci constatent que l’infanterie allemande tente une contre-attaque. Les fantassins ennemis, appuyés par l’artillerie, débordent par les jardins et les maisons et occupent à présent le sud de Fayl-Billot. Aussitôt, l’Aspirant De Marancourt informa le Lieutenant Des Moutis de la situation. Vers 8h, les chars du 3e Escadron / 5e RCA aux ordres du Capitaine Dumesnil accompagnés par la Compagnie Puig du 1er Zouaves viennent relever les troupes du 3e RCA et du 2e RSAR. Les Sherman du 5e RCA entrent rapidement en action, les Zouaves nettoient le terrain maison par maison. Après quelques heures de combats, ces éléments capturent une centaine de prisonniers et mettent la main sur une batterie d’artillerie allemande.

L’Aspirant De Marancourt reçoit alors une nouvelle mission, le 2e Peloton doit reconnaître le secteur d’Ouges. En chemin, au carrefour de la Folie, les Cavaliers du 2e Pelotons prennent à partie une colonne allemande. Les AM-M8 « Laperrine » et « Lamoricière » font un léger détour par l’ouest et prennent à revers l’ennemi. Par une attaque frontale, la jeep 387 du Maréchal des Logis Cantais, équipée d’un mortier de 60 ouvre le feu, soutenue par le canon de 37 de l’automitrailleuse « D’Assas ». Les jeeps 408, 433 et 435 attaquent les flancs de la colonne. Après avoir abattu de nombreux Allemands, le 2e Peloton parvient à faire 74 prisonniers. Arrivé à destination, l’Aspirant De Marancourt occupe les sorties est et nord de la commune d’Ouges.

De son côté, le 3e Peloton du Sous-lieutenant Gentien se voit confier la mission de reconnaître l’axe : Chauvirey – Montigny – Jussey. A hauteur du village de Chauvirey, les éléments du 3e Peloton sont pris pour cible par des armes automatiques embusquées derrière une barricade. Le Sous-lieutenant Gentien enjoint à l’AM « Brazza » de l'Adjudant Marc ROMAIN de détruire ce nœud de résistance. Aussitôt l’automitrailleuse ouvre le feu avec son canon de 37mm. L’ennemi prend la fuite et ainsi le 3e Peloton peut pénétrer dans Chauvirey. Aidé par un détachement FFI du Bataillon Charollais, les Cavaliers du 3e RCA nettoient cette localité, faisant 20 prisonniers. La commune de Chauvirey tout juste libérée, les AM-M8 poursuivent sans relâche la colonne allemande prenant la fuite et déciment un grand nombre d’Allemands.

De retour à Chauvirey, un civil se porte à la hauteur du Maréchal des Logis chef Bruckman, alsacien d’origine. L’homme lui indique que 6 soldats allemands se sont réfugiés dans une grange. Le Maréchal des Logis chef Bruckman part seul, pistolet au poing. A quelques mètres de la grange, celui-ci crie en allemand : « Est-ce que quelqu’un parle Allemand ? ». Bientôt, une tête sort de derrière un ballot de paille et aussitôt, le sous-officier français lui colle son arme sous le nez en lui ordonnant de lever les mains en l’air. Après quelques minutes de négociation, le Maréchal des Logis chef Bruckman sort avec 6 prisonniers.

Dans un même temps, le 2e peloton de l’Aspirant De Marancourt patrouille à proximité du village de Vitrey. La voiture de tête avance avec précaution car l’ennemi semble être présent dans tout le secteur. A l’entrée de la localité, les AM-M8 du 2e Peloton détruisent deux barricades et rentrent dans le village que les allemands abandonnent sans combattre. Quelques drapeaux tricolores apparaissent aux fenêtres pour accueillir les libérateurs. Le 2e Peloton se porte maintenant vers la commune de Saint-Marcel.

Le 3e Peloton du Sous-lieutenant Gentien quitte Chauvirey et poursuit son avance. Ordre lui a été donné de se rendre au carrefour entre Saint-Marcel et Jussey afin d’y intercepter les éléments ennemis en déroute. Le Sous-lieutenant a tout juste le temps de mettre en place son dispositif qu’une voiture allemande se rapproche à vive allure du carrefour. L’AM « Bayard » ouvre immédiatement le feu. La voiture fait une embardée et vient stopper sa course dans un fossé. Les cavaliers font 5 prisonniers dont deux Adjudants-Chefs porteurs de documents.

Quant au 1er Peloton aux ordres du Lieutenant Tréhu, celui-ci informe le PC du 1er Escadron, qu’il vient de prendre la ville de Combeaufontaine. De là, le Lieutenant Tréhu ordonne à l’Adjudant-chef Cotard de partir en patrouille vers Tincey, en compagnie d’une automitrailleuse et de deux jeeps. Sur le chemin, ce détachement tombe sur une arrière-garde ennemie. S’en suit un accrochage. Malgré leur faible effectif, ces cavaliers du 3e RCA font 50 prisonniers et comptabilisent une quinzaine de tués dans les rangs allemands.

Dans un même temps, le Lieutenant Tréhu envoie une nouvelle patrouille en direction de Pont sur Saône. Le 1er Peloton a reçu l’ordre de prendre liaison à tout prix avec les troupes américaines. Vers minuit, ladite patrouille revient en compagnie de 2 jeeps US. Dans l’une d’elles se trouve le Colonel Hodge, commandant du 117e Cavalry Reconnaissance Squadron US, il demande à parler personnellement au Lieutenant Tréhu. La jonction entre les troupes françaises et les forces américaines est enfin faite. Le véhicule radio du Lieutenant Tréhu étant en panne, celui-ci envoie l’Adjudant-chef Cotard prendre liaison avec le PC du 1er Escadron à Fayl – Billot. Sur le trajet, la jeep, transportant 4 cavaliers, a un accident et l’Adjudant-chef Cotard est grièvement blessé, il doit être immédiatement hospitalisé.

D’autre part, le 2e Peloton de l’Aspirant De Marancourt reçoit comme directive de rallier la ville de Jussey. Le 2e Peloton est rapidement rejoint par le 3e Peloton du Sous-lieutenant Gentien. Ces deux pelotons rentrent dans Jussey que l’ennemi est en train d’abandonner. Le Peloton De Marancourt se dirige vers le pont qui enjambe la Mance, et laisse une automitrailleuse dans le centre ville en couverture. Celle-ci détruit une voiture allemande à bout portant, les 4 occupants parviennent à prendre la fuite. Une demi-heure plus tard, l’Adjudant Romain du 3e Peloton retrouve l’un d’eux dans la rivière, qu’il fait immédiatement prisonnier, il s’agit d’un capitaine.

Le Sous-lieutenant Gentien enjoint à l’AM-M8 « Bara » et à une jeep de se porter sur le pont en bois traversant la Saône. Arrivé sur les lieux, le Brigadier-chef Dumerge surprend des allemands s’apprêtant à faire sauter le pont. Après quelques tirs de mitrailleuses, l’ennemi prend la fuite. L’AM « Bara » détruit un side-car. La nuit commence à tomber et la pluie n’a pas cessé de la journée.

Le Sous-lieutenant Gentien et l’Aspirant De Marancourt décident d’embosser leurs véhicules en défensives au niveau des différents points d’accès de la ville et des deux ponts. Ceux-ci sont bientôt rejoints par le Lieutenant Pilliart et sa section du 88e Génie.

Ces éléments restent au contact de l’ennemi qui veut absolument détruire les deux ponts enjambant la Saône et la Mance.

Le Sous-lieutenant Gentien demande des renforts d’infanterie au PC du Lieutenant Des Moutis. Après d’âpres négociations auprès de l’Etat-major du CC2, à 23h, le Lieutenant commandant l’Escadron informe le chef du 3e Peloton que des renforts viennent de partir pour Jussey. A 3h, deux sections de FFI du Bataillon Charollais arrivent à destination pour assurer la relève des deux pelotons du 1er Escadron. Devant le nombre dérisoire de FFI (60 hommes) devant protéger la localité de Jussey, les deux officiers français décident de rester sur place. Le Lieutenant Pilliart du 88e Génie décide de faire de même. Ils demandent l’autorisation à leur supérieur hiérarchique ainsi que l’annulation de leur mission de reconnaissance sur la ville de Champlitte. Le Lieutenant Des Moutis les autorise à prêter main forte aux FFI du Bataillon du Charollais jusqu’au petit matin.

Enfin, lors de son compte-rendu, le Colonel Kientz, commandant du Combat Command 2 écrira au Général Touzet Du Vigier, commandant la 1ère DB que le 1er Escadron a fait à lui seul 300 prisonniers.

lundi 14 juin 2010

Automitrailleuse M8 Light Armored Car

L'outil principal du 3e Régiment de Chasseurs d'Afrique était l'AM-M8, nous vous proposons un article entièrement dédié à ce véhicule.

Le M8 Light Armored Car (AM-M8 en France) était un véhicule blindé à 6 roues produit par la Ford Motor Company et destiné aux unités de reconnaissance. Les Britanniques le surnommèrent Greyhound (race de lévrier).

Le M8 était armé d’un canon de 37 mm modèle M6 (équipé d’un viseur télescopique M70D), l’obus atteignait la vitesse de 884m/s, et d’une mitrailleuse coaxiale Browning 1919 de 7,62 mm. Le pilote et le radio-opérateur prenaient place dans la partie avant de la coque, tandis que le chef de bord et le tireur se trouvaient dans la tourelle. L’équipage pouvait aussi emmener 16 grenades à mains, 4 fumigènes (modèle M1 ou M2), 6 mines (anti-chars ou anti-personnelles) et deux carabines M1 et deux Colt 45 comme armes de poings.


AM-M8 "De Gironde", à gauche, le viseur M70D


L'équipage de quatre hommes était constitué par :

- le conducteur utilisant un volant classique à gauche du véhicule,

- l'assistant conducteur et opérateur radio à droite,

- dans la tourelle, le tireur qui était assis à gauche,

- le chef du côté droit qui assurait aussi la fonction de chargeur du canon de 37mm.

Le blindage allait de 3 mm (sous la coque) à 19 mm (tourelle et face avant de la coque) et jusqu’à 32mm sur la coque du canon. Son moteur Hercules lui permettait d’atteindre 90 km/h sur route et 48 km/h en tout terrain, vitesses impressionnantes pour l’époque sur ce type d’engin. Son réservoir de 224 litres et sa consommation mesurée de 35 l/100km lui permettait d’avoir une autonomie très convenable de 640 km sur route, mais en temps de conflit, l’autonomie était d’environ 480 km.

A l'extérieur, le M8 était doté sur les côtés de coffres de rangement (le long du compartiment moteur) et de jupes blindées amovibles protégeant le train avant et le train arrière. Entre les jupes blindées, un râtelier (présent des deux côtés) pouvait accueillir 3 mines antichars. Ce râtelier était parfois remplacé par un porte-jerrycan. Derrière la tourelle de chaque côté se trouvaient deux antennes radio.

La plaque arrière de la caisse en forme de trapèze renversé était dotée d'une vaste grille d'aération à lames, de deux boucles de remorquage, d'une attache de remorque et de deux phares arrière. Le plateau arrière possédait deux vastes trappes d'accès montées sur charnières, s'ouvrant vers l'intérieur. Chaque trappe possédait une entrée d'air surmontée d'un couvercle blindé. Devant ces trappes se trouvait l'orifice du réservoir d'essence qui était protégé par un couvercle blindé.

Le moteur du M8 était un Hercules JXD de 6 cylindres développant 110 CV à 3000 tours/minute. Ce moteur procurait au M8 une vitesse maximum sur route de 90 à 97 km/h et de 48 km/h en tout-terrain. La puissance du moteur étaient distribuée au 6 roues (seules celles de devant servaient à la direction) via des arbres de transmission séparés.

La suspension du M8, à ressorts à lames, était constituée de 6 roues motrices. Cette disposition procurait au véhicule une grande stabilité et d'excellentes capacités tout-terrain pour un véhicule à roues. Chaque essieu avait son propre arbre de transmission. La boite de vitesse était synchronisée et le changement de rapport pouvait se faire sans double débrayage alors que ce n'était pas le cas sur la plupart des autres véhicules. Elle disposait de 4 rapports en avant et 1 en arrière doublés par un sélecteur lent/rapide.

Le blindage du M8 était assemblé par soudures et variait entre 9 et 32 mm. La tourelle était coulée d'une seule pièce. Cette faible épaisseur est typique des véhicules de reconnaissance rapides.


AM-M8 "De Gironde" affectée au 3e Peloton / 2e Escadron

Les écoutilles n'étaient pas étanches à l'eau, il n'y avait aucun joint en caoutchouc et lors d'une averse, l'eau coulait sur le dos du conducteur. Ajouté au manque de couverture pour la tourelle et au médiocre système de chauffage, ce furent des conditions difficiles pour se battre sous la pluie et la neige de l'hiver 44/45.

Fiche technique du M8 Greyhound :

Longueur : 5,01 m
Largeur : 2,54 m
Hauteur : 2,60 m
Masse : 7680 kg
Vitesse maximale : 90 km/h
Autonomie : 480 km
Armement principal : un canon M6 de 37 mm
Armement secondaire : une mitrailleuse Browning de 7,62 mm
Moteur : Hercules JXD, 6 cylindres en ligne, 110 chevaux
Equipage : 4 personnes
Blindage avant : 19 mm
Blindage arrière : 3 mm

Messieurs Jean-Pierre Molina, 3e Peloton / 2e Escadron, tireur sur l’AM « Galliffet » et Eugène Fort, 2e Peloton / 3e Escadron, tireur de l’AM « Nîmes » préciseront lors d’un entretien, (nous vous proposerons leur biographie succincte d’ici quelques temps) : « Le moteur placé à l’arrière, rendait l’automitrailleuse plus silencieuse. Nous transportions 84 obus (perforants et fusants). Des sacs accrochés à des arceaux servaient à récupérer les douilles (canon et mitrailleuse). Nous avions 10 bandes de 250 cartouches calibre 7,62mm (soit 2500 cartouches) comme munition pour la mitrailleuse. Pour actionner l’armement, tout cela se faisait par pédales. La pédale droite pour la mitrailleuse et la pédale de gauche pour le canon. Enfin, pour certain peloton, on rajouta des arceaux grillagés au dessus de la tourelle pour nous protéger des jets de grenades. »


AM-M20 probablement affectée au commandement du 1er Escadron

Une seconde version vit le jour durant la Seconde Guerre Mondiale, il s’agit du M20. Le M20 Armored Utility Car, aussi connu sous le nom de M20 Scout Car, était un M8 sans tourelle. Elle était remplacée par une superstructure basse et ouverte avec comme armement, une mitrailleuse M2 de 12,7 mm. L’équipage pouvait emmener un Bazooka afin de compenser la perte de son canon de 37 mm. Les premiers M20 furent employés comme Command Vehicle (véhicule de commandement, équipé de nouvelles radios plus performantes) ou véhicule de reconnaissance.

vendredi 11 juin 2010

13 septembre 1944

Le 13 septembre, dès 7h00, les éléments du 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique aux ordres du Lieutenant-colonel Fouchet se mettent en route pour rallier Mâcon. Le temps est maussade et la pluie fait son apparition par intermittence. Ceux-ci doivent suivre l’itinéraire Valence – Saint-Vallier – Pont de Peyraud – Givors – Pontanevaux puis Mâcon et ainsi rejoindre le 2e Escadron du Capitaine Argoud arrivé à destination la veille. Finalement, la mission qui devait être confié au 2e Escadron a été annulée faute de carburant.

A Givors, le détachement du 3e RCA fait halte pour souffler un peu mais surtout pour ménager les véhicules. A 13h30, les Cavaliers du 3e Escadron, de l’Escadron Hors Rang et les éléments du PC repartent afin de boucler leur étape du jour. A 17h00, après avoir parcouru les 200 km, ils arrivent tous sans encombre à destination. Le PC et l’E.H.R. cantonnent à la Roche Vineuse, à 7 km à l’ouest de Mâcon.

Tandis que le 3e Escadron stationne, en compagnie du 2e Escadron, au hameau « Le Vigny » près du village de Charnay. Après avoir quitté la Provence, le 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique est dorénavant en Bourgogne. Durant le trajet, les Cavaliers ont été acclamés par une population enjouée. Celle-ci ne sachant que faire pour satisfaire les troupes libératrices.


Charnay les Mâcons, l'Adjudant-chef Quaneaux pose à côté d'une petite fille du village, celui-ci est le chef du peloton de commandement du 3e Escadron, à l'extrême gauche, le Maréchal des Logis Roger Vayssettes, chef de bord de l'AM-M8 "Nîmes", 2e Peloton / 3e Escadron. Au centre de la photo (devant l'homme à la pipe), le Maréchal des Logis Gilbert Wininger 2e Peloton/3e Escadron.

Ce même jour, le 5e Escadron aux ordres du Capitaine André quitte le village de l’Is sur Tille dès 5h du matin. Celui-ci prend la direction de la localité de Til-Châtel (Côte d’Or), traversant le lieu-dit « Le Moulin de Rougemont » puis oblique et se porte à Prauthoy (Haute Marne) puis Villegusien-le-Lac, à 15 km au sud de Langres. Le 5e Escadron rentre maintenant dans la région Champagne – Ardenne. De là, le Capitaine André, à bord de l’AM-M20 « Rocroy » enjoint de nouveaux ordres.

Le 3e Peloton de l’Aspirant De Bellefon doit patrouiller dans la zone entre Heuilly-Cotton et Chalindrey.

Tandis que le 1er Peloton du Lieutenant Brémon et le 2e Peloton du Sous-lieutenant Maurice doivent, ensemble, pousser des reconnaissances dans la région de Culmont – Le Pailly.

Aux abords du village de Le Pailly, un villageois vient au devant des deux officiers français. Celui-ci leur indique sur la carte l’emplacement de la Kommandantur, au Château de Pailly et les informe que les Allemands viennent tout juste de quitter les lieux. Aussitôt, les AM-M8 se lancent à la poursuite de l’ennemi. L’automitrailleuse « Wagram » du 1er Peloton prend la tête du convoi, bientôt suivie par l’AM « Bouvines » et les jeeps « Friedland » et « Almanza », toutes deux équipées de mortier de 60mm. Tous les éléments des deux pelotons tirent de concert, faisant un carnage dans les rangs allemands. Les corps s’amoncèlent sur la chaussée. Des bras se lèvent, des drapeaux blancs apparaissent. L’ennemi préfère se rendre. Ainsi, le 1er et le 2e Peloton parviennent à capturer trente prisonniers que le Sous-lieutenant Maurice et son 2e Peloton se chargent d’escorter jusqu’au PC de l’Escadron, évacuant par la même occasion les nombreux blessés allemands.

Le Lieutenant Brémon et le 1er Peloton poursuivent leur patrouille. Traversent le village de Saint-Maurice sans y rencontrer la moindre résistance. Vers 18h00, à proximité de la localité de Bannes, la jeep « Somo Sierra » et l’AM « Ulm » sont pris pour cible par des armes automatiques. Celles-ci se replient à couvert d’un bosquet. Le Lieutenant Brémon arrive à leur hauteur et scrute le village de Bannes à la jumelle afin d’évaluer les forces ennemies en présences. Sous l’appui de l’obusier Howitzer 75mm « Austerlitz », les automitrailleuses et les jeeps du 1er Peloton donnent l’assaut. A coup de canons de 37mm, de mitrailleuses lourdes et de mortiers de 60mm, le 1er Peloton libère la petite localité de Bannes. Faisant 6 prisonniers. Malheureusement, lors de l’accrochage, le Cavalier de 1ère Classe Raymond Bonnilla est gravement blessé au front par une balle.

Le soir venu, l’intégralité du 5e Escadron cantonne dans Bannes. Le drapeau tricolore flotte à nouveau sur de nombreuses fenêtres.

Concernant le 1er Escadron aux ordres du Lieutenant Des Moutis, celui-ci reçoit ses directives émanant de l’officier d’opérations du Combat Command 2. Le lieutenant commandant cet Escadron transmet ensuite ses ordres aux différents pelotons.

Dès 9h00, le Lieutenant Tréhu et son 1er Peloton pousse une patrouille sur la commune de Dampierre, en vue de prendre contact avec les troupes américaines. A destination, le 1er Peloton débusque des éléments ennemis. S’en suit un léger accrochage, l’ennemi prenant aussitôt la fuite. Le Lieutenant Tréhu met la main sur un important butin dont un canon de 88 Pak / Flak.

Tandis que le 2e Peloton aux ordres de l’Aspirant De Marancourt est mis à la disposition du Capitaine De Beaulny, commandant du 3e Escadron / 2e Régiment de Spahis Algériens de Reconnaissance. Ordre lui est donné de reconnaître les villages de Bussières et Belmont. Ces deux localités étant libres, le 2e Peloton pousse sur Saulles dont il reconnaît les abords immédiats. Scrutant le bourg à la jumelle, l’Aspirant De Marancourt localise précisément l’emplacement d’un canon de 155mm ainsi que la présence d’autres pièces d’artillerie de gros calibres. A 12h30, le 2e Peloton retourne à Genevrières et se remet aux ordres du Lieutenant Des Moutis.

A 13h30, apprenant que de nombreux convois allemands sillonnent le secteur à l’est de Genevrières, le 2e Peloton est envoyé en patrouille sur l’itinéraire : Savigny – Favencourt – Molay – Morey – Pisseloup – Le Bas Fouvent.

Dans le village de Pisseloup, l’Aspirant De Marancourt subit une attaque de l’infanterie allemande. Après de violents combats, le 2e Peloton libère Pisseloup et parvient à faire 2 prisonniers. L’Aspirant De Marancourt laisse une jeep et l’half-track pour sécuriser le centre du bourg. Le 2e Peloton reprend sa marche. Au hameau « Fouvent le Bas», les Cavaliers sont pris à partie par des pièces anti-chars et des mitrailleuses lourdes. Les balles ricochent contre le blindage des automitrailleuses. Voyant cela, l’officier commandant le peloton préfère décrocher et rend compte immédiatement de la situation à sa hiérarchie.

Ainsi, le 2e Peloton poursuit son avance et remonte vers Morey (Haute Saône). Là, il tombe sur une colonne allemande. Les AM-M8 prennent les fuyards pour cible. L’automitrailleuse « Lamoricière » du Maréchal des Logis Jeandon parvient à détruire une voiture. La jeep 408 du Brigadier Malapert capture un véhicule plein de vivres. Belle prise, cela sera un bon complément aux rations « K ». Le 2e Peloton ramène 15 prisonniers à Genevrières.

A 15h00, le 1er Escadron reçoit l’ordre de se porter de toute urgence au carrefour proche du village de La Folie. En effet, les éléments du 2e RSAR du Capitaine De Beaulny ont subi une vive contre-attaque allemande dans ce secteur. Sur place, le Peloton Hors Rang, le 1er Peloton ainsi que le 3e Peloton du Sous-lieutenant Gentien consolident la défense de l’intersection.

Le 3e Peloton de l’Aspirant De Marancourt, accompagné d’un peloton du 2e RSAR, est envoyé sur la commune de Fayl-Billot (Haute Marne). Là, ce détachement trouve le village occupé par l’ennemi. Mais après une action conjointe, les deux pelotons libèrent Fayl-Billot, faisant 8 prisonniers. Le soir venu, le 2e Peloton et le peloton du 2e RSAR restent au contact avec l’ennemi toute la nuit sur les sorties ouest et sud de la localité.

Le 3e Peloton du Sous-lieutenant Gentien part reconnaître la commune de Pierrefaites. Le village est libre, les Allemands ayant quitté les lieux peu avant l’arrivée du 3e Peloton.

Le 1er Peloton aux ordres du Lieutenant Tréhu est envoyé à Vaite, où il trouve le village fortement occupé par l’ennemi. Il est impossible au 1er Peloton d’attaquer sans un soutien d’infanterie. Celui-ci se replie sur Dampierre et y stationne toute la nuit.

mercredi 9 juin 2010

12 septembre 1944

Dans le sud de la France, ce mardi 12 septembre, le 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique aux ordres du Lieutenant-colonel Fouchet stationne à Châteauneuf le Rouge. A 5h00, une estafette de la Régulation Routière d’Aix en Provence transmet l’ordre n° 2079 au Lieutenant-colonel commandant le régiment. En effet, le 2e Escadron du Capitaine Argoud reçoit la mission de devancer le régiment et de se porter, en une seule étape jusqu’à Mâcon. De là, le 2e Escadron recevra de nouvelles instructions. Les équipages s’affèrent autour de leur véhicule, les paquetages sont regroupés en toute hâte. Dès 6h00, les Chasseurs du Capitaine Argoud font mouvement. Le 3e Peloton de l’Aspirant Rossignol prend la tête de la colonne.


AM-M8 "De Gironde" du 3e Peloton / 2e Escadron, en haut avec le calot, l'Aspirant Didier Rossignol

Après avoir parcouru 400 km, le 2e Escadron arrive dans la cité mâconnaise dans la soirée.

Ce même jour, ordre est donné au 4e Escadron, sous le commandement du Capitaine Dumont de rejoindre le PC du 2e Régiment de Chasseurs d’Afrique. Afin de ménager les chars légers M5 A1 du 4e Escadron, ceux-là feront route avec les Sherman du 2e RCA.

Quant à l’Etat-major du régiment et le 3e Escadron aux ordres du Capitaine Brisson, ils devront rallier Mâcon en deux étapes, au lieu des quatre étapes initialement prévues. A 7h00, le détachement se met en ordre de départ. Il doit suivre l’itinéraire Aix en Provence – Cavaillon – Orange et se porter sur Livron, à 20 kms au sud de Valence. A mi-chemin, celui-ci fait une longue halte à Pierrelatte.

Durant le voyage, les trois obusiers Howitzer 75mm affectés au 3e Escadron, à savoir, « Arras », Bourges » et « Montmirail » souffrent terriblement de la cadence imposée par les automitrailleuses et les jeeps. L’un d’eux à sa boîte de vitesse qui cède, tandis qu’un autre voit deux de ses patins s’enflammer. Les mécaniciens s’affèrent sur le bord de la route pour réparer. Enfin, vers 20h00, les trois mastodontes de 16 tonnes arrivent à destination.

Au terme de leur périple, les éléments du 3e RCA ont parcouru la distance de 200 kms. Partant des Bouches du Rhône, ils ont ainsi traversé le Vaucluse et terminé leur escapade dans la Drôme provençale.

De son côté, le 5e Escadron aux ordres du Capitaine André cantonne dans la petite localité de Is sur Tille, située à 20 kms au nord de Dijon. Les Cavaliers profitent de cette journée d’inaction pour bricoler les légères avaries subies par leur véhicule.

Le Capitaine André envoie deux patrouilles à pied, l’une devant se diriger vers le plateau du Petit Clocher et une autre le long de la rivière l’Ignon.

Ce même jour, le 1er Escadron aux ordres du Lieutenant Des Moutis reçoit ses ordres émanant du quartier général du Combat Command 2.

Ordre est donné au 1er Peloton du Lieutenant Tréhu de partir immédiatement vers la ville de Gray (Haute Saône) afin de prendre liaison avec les éléments de la 3e Division Infanterie américaine se trouvant sur la droite du dispositif du CC2.

Quant au 2e Peloton de l’Aspirant De Marancourt, il a pour mission de rallier Champlitte (Haute Saône) et de se mettre en relation avec le Capitaine De Beaulny, commandant du 3e Escadron du 2e Régiment de Spahis Algériens de Reconnaissance. A destination, le 2e Peloton trouve le détachement du 2e RSAR engagé dans de durs combats contre l’ennemi. Aussitôt, l’Aspirant De Marancourt se porte en renfort et informe le Lieutenant commandant le 1er Escadron de la situation.

Le Lieutenant Des Moutis décide de partir immédiatement sur Champlitte, en compagnie du 3e Peloton du Sous-lieutenant Gentien et des éléments du Peloton Hors Rang. Arrivé sur les lieux, le Lieutenant Des Moutis se rapproche sur Capitaine De Beaulny pour faire le point exact des évènements. A la vue du détachement du 3e RCA venu prêter main forte au 2e RSAR, les éléments disparates de la 716e Infanterie – Division allemande du Général Richter décident de se replier sur la commune de Saulles (Haute Marne) et ses alentours, où un officier supérieur allemand installe son quartier général dans le château de Saulles.

Les deux officiers français se concertent et mettent sur pied un plan visant à encercler le village de Saulles. Les ordres sont transmis aux différents pelotons.

Le 3e Peloton du Sous-lieutenant Gentien passera par Leffond puis Coublanc afin d’accéder au Carrefour de Grenant à l’ouest de Saulles. Le Peloton De Buzonière du 3e Esc. / 2e RSAR venant du village de Frettes, interdira la sortie sud-est de Grenant. Le 2e Peloton de l’Aspirant De Marancourt partira sur l’axe Champlitte – Saulles, en laissant au préalable un détachement pour surveiller le pont enjambant la rivière Le Salon. Un autre peloton du 3e Esc. / 2e RSAR, déjà en place à Genevrières, descendra sur Grenant par la localité de Belmont. Quant au PC du 1er Escadron et le PC du 2e RSAR, ils mèneront une action conjointe sur Saulles en venant du sud-est.

Dès que les pelotons arriveront à leur point de départ, le Capitaine De Beaulny et le Lieutenant Des Moutis donneront le signal de l’assaut.

Mais malheureusement, rien ne se passe comme prévu. En effet, le Peloton De Buzonière subit une avarie de radio et ne peut communiquer avec son Capitaine. Le Peloton du 2e RSAR venant de Genevrières tombe sur des barricades protégées par une importante infanterie et des canons 75 Pak 40. Les deux PC d’Escadron sont bloqués à l’entrée de Saulles par une concentration de pièces anti-chars. Quant au Sous-lieutenant Gentien (3e Peloton), celui-ci est très fortement pris à partie dans le village de Leffond, par des canons 75 Pak 40 et des fantassins ennemis. A la nuit tombée, le 3e Peloton parvient, à la faveur de l’obscurité, à se dégager, réussissant même à faire un prisonnier.

Le 1er escadron se regroupe à Champlitte et reste en halte gardée près du pont que les Allemands veulent absolument détruire, ayant déjà tenté et échoué dans la journée.

Enfin, ce 12 septembre 1944, la jonction est faîte à Montbard, entre un peloton de l’Escadron Savary du 1er Régiment de Fusiliers Marins de l’Armée B et un peloton du 1er Régiment de Marche de Spahis Marocains, unité de reconnaissance de la 2e DB de Leclerc.

lundi 7 juin 2010

11 septembre - Libération de Dijon

Ce matin du 11 septembre, le 1er Escadron aux ordres du Lieutenant Des Moutis doit se porter à l’est de Dijon afin d’éclairer la marche du Combat Command 2.

A 6h00, le 1er Escadron quitte son cantonnement de Corpeau pour se rendre au Carrefour de Cîteaux, où il doit prendre contact avec des éléments du 2e Régiment de Spahis Algériens de Reconnaissance, en vue d’une action de reconnaissance commune de grande envergure.

Dès 10h00, tous ces pelotons patrouillent le long de la rivière l’Ouche et enjambent les différents ponts dans le but de trouver l’itinéraire le plus sûr. Celui qui permettra aux chars et aux véhicules lourds du CC2, un passage dans de bonne condition.

Après une brève halte, le 1er Escadron fait un nouveau bond en avant qui le porte sur l’axe Etevaux – Binges et Arc sur Tille. En milieu d’après-midi, de nouveaux ordres arrivent au PC léger du Lieutenant Des Moutis. Celui-ci enjoint ses directives aux différents chefs de peloton.

Le 3e Peloton du Sous-lieutenant Gentien prend la direction du village de Bourberain. A destination, les Chasseurs du 3e Peloton sont accueillis par un feu nourrit d’armes automatiques. Ne connaissant pas les forces ennemies en présence, le Sous-lieutenant Gentien reçoit l’ordre de décrocher au plus vite, et d’aller se positionner dans la localité de Lux. Là, le Sous-lieutenant commandant le 3e Peloton ordonne à ses cavaliers d’embosser leur véhicule aux différents accès du village. A la nuit tombée, celui-ci envoie des patrouilles à pied aux abords du village. Soudain, des vrombissements de moteurs parviennent aux oreilles du Sous-lieutenant Gentien… Quel soulagement, il s’agit des Tank M10 Destroyer du 2e Escadron du 9e RCA.

Dans un même temps, le 1er Peloton aux ordres du Lieutenant Tréhu fait route pour la petite cité médiévale de Bèze. Il y passera la nuit en halte gardée. L’ennemi en retraite de l’ouest de la France, pouvant apparaître à tout moment.

Tandis que le 2e Peloton de l’Aspirant De Marancourt et le PC du Lieutenant Des Moutis se déplacent vers la commune de Beire le Châtel.


Civils posant avec des soldats français à Dijon

Ce même jour, le 5e Escadron aux ordres du Capitaine André quitte Marsannay la Côte et emprunte la route sinueuse qui mène à Dijon.

Les Cavaliers du 5e Escadron sont les premiers soldats français à pénétrer dans la capitale de la Bourgogne enfin libérée.

En effet, le commandement allemand, craignant de se faire encercler dans la ville, a profité de la nuit pour quitter les lieux en toute hâte.

A ce sujet, le général De Lattre De Tassigny écrira : « A l’aube du 11 septembre, les patrouilles du 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique, parties de Chenôve, trouvent le vide devant elles. Sous le carillon des cloches, la population dijonnaise en liesse acclame les hommes. »

Mais le temps presse, le 5e Escadron ne peut s’attarder dans la Cité des Ducs. En début d’après-midi, celui-ci le départ pour l’Is sur Tille et effectue des reconnaissances dans la région.