vendredi 1 octobre 2010

9 octobre 1944

Le 9 octobre, la mission du « Groupement Guibert » reste inchangée. Mais partout, les éléments français sont accueillis par des feux nourris d’armes automatiques et de mortiers. L’artillerie allemande est omniprésente sur cette partie du front. L’ennemi reste solidement ancré sur ses positions et empêche toute progression de la 1ère Armée Française.

En cette matinée automnale, le 1er Bataillon de Zouaves du Commandant Barbier a encore reçu comme directive de s’emparer de la ligne de crêtes : Col de la Motte des Deux Croix – Col des Croix. Mais l’opération est ajournée pour les Zouaves du Commandant Barbier. En effet, l’épais brouillard, présent depuis l’aurore, empêche toute intervention de l’artillerie française prévue en renfort pour soutenir la progression des braves Zouaves. Finalement, ceux-ci resteront campés sur leurs positions de départ.

Cette journée se limitera à des reconnaissances d’itinéraires et à des patrouilles pour les Cavaliers du 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique.

Au petit jour, les FFI du Bataillon Simonet, du Corps Franc Pommiès, sont relevés par leurs homologues du Bataillon Barthe de la Demi-brigade Miller. Le Lieutenant-colonel Guibert scinde le Bataillon Barthe, une compagnie assure le renfort d’une compagnie du 1er Zouaves et se positionne au village de La Fache, une compagnie fait route pour Magny-Maubert et se met à la disposition du 3e Escadron / 3e RCA du Capitaine Brisson et enfin, une compagnie est adjointe au 2e Escadron / 3e RCA du Capitaine Argoud dans la région de La Pille.

Du village de La Fache, une patrouille à pied est expédiée sur les pentes de la côte 713. Après un bref contact avec une patrouille allemande, celle-ci ramène de précieux renseignements, l’ennemi a reçu des renforts dans ce secteur et a solidement amélioré son système défensif.

Ce même jour, une section FFI du Bataillon Barthe aux ordres du Capitaine Goux, renforcée par 2 mortiers de 60 du 2e Peloton de l’Adjudant-chef Métayer du 3e Escadron / 3e RCA, et dotée d’un poste émetteur 510, est envoyée sur la crête 764 afin de faire la jonction avec le Bataillon de Choc. A 15h30, la liaison est prise, le Bataillon de Choc a durement été éprouvé par la prise de cette crête et ces renforts sont chaleureusement accueillis.

Dans un même temps, le Capitaine Brisson, chef du 3e Escadron enjoint au 1er Peloton du Sous-lieutenant Cros d’effectuer une patrouille en direction du hameau des Granges, non loin du village de Magny-Maubert. Aux abords du hameau, l’automitrailleuse de tête « Saint-Brieuc » est prise à partie par des armes automatiques lourdes, l’AM-M8 « Saint-Nazaire » est prise pour cible par des mortiers. Les Chasseurs d’Afrique tentent une riposte, mais en vain, rien de semble pouvoir déloger l’ennemi. L’ordre de repli est ordonné et vers 17h00, le 1er Peloton du Sous-lieutenant Cros est de retour à Magny-Maubert.

Quant au 2e Escadron du Capitaine Argoud, celui-ci est toujours à proximité du village de La Pille et est épaulé par les chars Sherman de l’Escadron de Lambilly du 4e Escadron / 2e RCA et également par les Tank Destroyer M10 du Peloton Follin (4e Escadron / 9e RCA). La brume matinale ne s’étant levée que fort tard dans la journée, l’opération de soutien au 1er Bataillon de Zouaves a été annulée.

Enfin, le 5e Escadron aux ordres du Capitaine André demeure sur ses positions à Ramonchamp. Ce village est soumis à un incessant pilonnage de la part de l’artillerie allemande. La nuit, les patrouilles ennemies sont nombreuses et audacieuses. Certaines s’aventurant à quelques mètres des points avancés du 5e Escadron.

mercredi 29 septembre 2010

8 octobre 1944

Ce dimanche 8 octobre, les conditions climatiques sont des plus difficiles. Le temps est abominable. La brume, le froid, ainsi que la pluie et la neige alternent ou se conjuguent. Les chemins forestiers demeurent impraticables aux automitrailleuses et extrêmement durs aux jeeps et la visibilité dans les sous-bois est réduite à néant.

Après avoir stoppé, sur tout le front, la contre-attaque ennemie du 6 octobre, menée par la 338e Infanterie – Division du Général L’Homme de Courbière, les positions françaises n’ont guère évolué et la situation demeure confuse.

A 9h30, le Lieutenant-colonel Guibert reçoit la directive de prendre liaison avec le Combat Command 1 et d’appuyer la progression des éléments aux ordres du Général Sudre, en effectuant une pression vers le nord. Le Lieutenant-colonel Guibert décide, dans un premier temps, de concentrer ses efforts à l’ouest de l’axe Servance – Château-Lambert sur la ligne de crêtes 710 – 684, en vue de rechercher la liaison avec les forces du CC1, dans le secteur du Frenet puis de tenter de dégager l’axe : Servance – Château-Lambert, en tenant sous ses feux la route Servance – Le Haut du Them et le village du Haut du Them.

La mission d’effort sur la ligne de crêtes 710 – 684 est, une nouvelle fois, confiée au 1er Bataillon de Zouaves du Chef de Bataillon Barbier.

A midi, le Lieutenant-colonel commandant le « Groupement Guibert » ordonne aux éléments placés sous ses ordres de faire mouvement.

Aussitôt, le 3e Escadron du Capitaine Brisson se regroupe au carrefour des Evaudois et prend liaison avec le Commandant Barbier. En effet, le 3e Escadron doit assurer la protection du flanc gauche du 1er Bataillon de Zouaves durant l’assaut de la côte 684, en repoussant une éventuelle contre-attaque de l’infanterie allemande dans la vallée. A 13h00, le dispositif de flanc-garde fixe est installé à proximité du village des Eboursières. Pendant ce temps, le 3e Peloton du Lieutenant Crinon effectue une reconnaissance sur l’itinéraire Evaudois - Fouillies Lombard – Le Frenet afin de se mettre en contact avec le CC1 et parvient à se rapprocher avec le 5e Escadron / 3e RCA du Capitaine André à proximité du Boulot (Doubs).

Dans un même temps, le 2e Escadron du Capitaine Argoud doit intervenir dans la région de La Pille. Cet escadron a pour mission de maintenir l’ennemi dans ce secteur. Cette opération devrait permettre au 1er Bataillon de Zouaves de s’emparer des côtes 684 – 710, et ainsi de déboucher sur la ville du Haut du Them. Afin de mener à bien sa mission, le 2e Escadron sera épaulé par les chars Sherman du 4e Escadron / 2e RCA et également par les Tank Destroyer M10 du Peloton Follin (4e Escadron / 9e RCA). Les FFI de la Compagnie La Lance, du Bataillon Simonet du Corps Franc Pommiès serviront de soutien d’infanterie.

La progression du 1er Bataillon de Zouaves est lente et fastidieuse. Bientôt les Zouaves sont arrêtés sur les pentes de la côte 684, mais aussi à hauteur de la localité du Ménil d’Amont. Les Grenadiers de la 338e Infanterie – Division allemande accueillent les Zouaves par des tirs nourris d’armes automatiques et de mortiers de 81. Sur la côte 684, les Zouaves sont littéralement cloués au sol. L’artillerie ennemie est entrée en action. Un déluge de feu et de fer s’abat sur les hommes du Commandant Barbier. Les Allemands sont solidement ancrés sur les sommets des crêtes vosgiennes. Les minutes sont longues, le temps semble s’être arrêté. Cependant, certains Zouaves parviennent à progresser de quelques mètres. Malgré tout, devant un tel désastre et voulant éviter de trop nombreuses pertes, l’ordre de repli est ordonné aux différents chefs de sections. Aux abords du village du Ménil d’Amont, la situation est similaire. Les Zouaves ne peuvent pas avancer d’un pas. Vers 17h00, le 1er Bataillon de Zouaves est de retour aux Evaudois. Celui-ci va pouvoir panser ses blessures et veiller ses morts.

Ce même jour, ordre a été donné au 4e Escadron du Capitaine Dumont de trouver un itinéraire fiable, permettant l’emploi de ses chars légers M5 A1 sur les côtes 684, 763 et le village de La Rochère.

Enfin, le 5e Escadron aux ordres du Capitaine André stationne aux environs de Beulotte – Saint-laurent. Cet escadron est toujours en pointe du Combat Command 1. A 5h00, le Capitaine André enjoint au 1er Peloton du Lieutenant Brémon d’effectuer une reconnaissance sur l’axe : Beulotte – Ramonchamp – Château-Lambert. Dès 6h30, le 1er Peloton fait mouvement. L’AM-M8 « Wagram » prend la tête du convoi, suivie par la jeep « Almanza » équipée d’un mortier de 60. La progression est ralentie par une pluie battante et une brume épaisse. A proximité de Ramonchamp (Vosges), le 1er Peloton se regroupe. Le Lieutenant Brémon expédie une patrouille à pied vers cette localité. A son retour, la patrouille stipule que le village de Ramonchamp semble occupé par l’ennemi. A la faveur de cette épaisse brume, le Lieutenant Brémon décide de mener l’assaut. Celui-ci positionne l’obusier Howitzer 75 « Austerlitz » et deux mortiers de 60 afin d’assurer une couverture aux automitrailleuses. Les quatre AM-M8, les deux ACAM, la jeep « Somo Sierra » et l’Half-track s’élancent vers la localité. La surprise est totale, les automitrailleuses ouvrent le feu sur l’infanterie allemande, celle-ci est rapidement désemparée et désorganisée. Certains essaient une vaine riposte, mais les Chasseurs d’Afrique semblent insaisissables. L’ennemi décroche en désordre vers les bois avoisinants. Le village de Ramonchamp est ainsi libéré. Le 1er Peloton se regroupe dans le centre bourg. Le Lieutenant Brémon installe son dispositif défensif. Mais les Allemands ne s’avouent pas pour autant vaincus. En début de matinée, la brume se dissipant, l’artillerie ennemie ouvre le feu sur les positions françaises, l’infanterie allemande s’est ressaisie et tente une contre-attaque. Très vite, les automitrailleuses ripostent, fauchant les Grenadiers sortant des sous-bois. Les obus pleuvent sur le centre du village, les premières maisons s’enflamment. Une forte déflagration, le Brigadier Jean Lauriol, radio de l’AM « Fontenoy », véhicule du Lieutenant Brémon, est toujours par des éclats. Immédiatement, le Lieutenant Brémon donne les premiers soins au membre de son équipage. Le Brigadier Lauriol est changé à bord de l’half-track. Le village est sur le point d’être encerclé et les Cavaliers du 1er Peloton submergés. Le Lieutenant Brémon n’a pas d’autre solution que de faire évacuer Ramonchamp.

lundi 27 septembre 2010

Portrait : FFI Yves Salmon

Le 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique ayant combattu, à maintes reprises, en étroite collaboration avec des éléments du Corps Franc Pommiès, nous voulions vous proposer le portrait de l’un d’entre eux, le FFI Yves Salmon.

A tout juste 19 ans, Yves Salmon décide de rejoindre le Corps Franc Pommiès à Pamier, dans l’Ariège. Je cite : « Je voulais renvoyer les occupants chez eux et venger mon père pour ce qu'il avait enduré en 14-18 ». De là, fin août 1944, le « groupe Pamier » rallie le camp de Bordelongue à Toulouse pour y retrouver des éléments du Corps Franc Pommiès.

Yves Salmon faisait parti de la section du Lieutenant Doumenc, 1er Bataillon de la Demi-brigade De Clerck.

Le 5 septembre 1944, Yves Salmon et sa section quittent la ville de Toulouse, en train et prennent la direction de Dijon afin de participer à la libération de la Bourgogne. A cette occasion, le « groupe Pamier » est incorporé à la Compagnie d’accompagnement du 1er Bataillon du Corps franc Pommiès. Ladite compagnie comprenait : 2 sections de mitrailleuses légères, une section de mortiers de 81, une section de canon anti-chars de 57 et une section de commandement et de logistique. Yves Salmon et ses camarades arrivent à destination juste après la prise d’Autun.



Yves Salmon

Le 3 octobre 1944, Yves Salmon signe son engagement pour la durée de la guerre, c’est la période de « l’amalgame » des résistants au sein de la 1ère Armée Française. Le Corps Franc Pommiès sera, tout d’abord rattaché à la 1ère DFL puis à la 3e DIA.

A ce moment là, la section d’Yves Salmon quitte ses cantonnements de Cussey-sur-l’Ognon (Doubs) afin de rallier Le Haut du Them et le Thillot, en empruntant l’itinéraire Blagny – Rupt sur Saône – Vesoul et Lure. Puis le Corps Franc Pommiès participe aux combats dans les Vosges Saônoises, avec les différents escadrons du 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique. Durant plusieurs semaines, les Chasseurs d’Afrique du 3e RCA et les FFI se battront en étroite collaboration.



Le 26 et le 27 novembre 1944, la section du Lieutenant Doumenc est désignée pour gravir le Col du Petit Drumont. Là, le FFI Salmon demeure en pointe de ce détachement et assiste à une contre-attaque allemande contre le 3e RTA.

Le 30 novembre 1944, cette même section occupe les villages de Fellering et Krüth (Haut Rhin) puis effectue la relève d’une unité du 7e RTA à Runsche. Là, Yves Salmon fait parti des volontaires qui resteront en 1ère ligne au sommet du Gommkopf (Alt. 842). Celui-ci passera l’hiver, avec sa section de mitrailleuses à l’avant poste.

Début février 1945, le 1er Bataillon se regroupe à Cornimont et devient le 49e Régiment d’Infanterie. Le caporal Yves Salmon intègre la Compagnie du Capitaine Doumenc.



Dès mars 1945, le 49e RI est incorporé à la 3e DIA. Le 18 mars, la Compagnie Doumenc monte la garde le long du Rhin, dans le secteur de Fort-Louis. Les Allemands ne cessent de harceler les positions du 49e RI, par les tirs précis de 88 Pak / Flak. Cette situation durera jusqu’au 29 mars. A compter de cette date, le 1er Bataillon est relevé. Le Caporal Salmon quitte la France pour l’Allemagne et la ville de Spire. C’est le début de la campagne outre-rhin qui prendra fin le 8 mai 1945.

Si vous souhaitez en connaître plus sur l’historique du Corps Franc Pommiès, je vous conseille vivement de consulter le remarquable site de M.Yves Salmon : http://cfp49.ri.free.fr/

D’autre part, vous pouvez également consulter le site plus personnel de M. Yves Salmon : http://papymac.free.fr/

Enfin, je tenais à vivement remercier M. Yves Salmon de m’avoir autorisé à utiliser les documents et les photographies du site « cfp49.ri.free.fr » afin d’illustrer cet article.

vendredi 24 septembre 2010

Panzer Voran ! N°48

Bonjour à tous,

Je vous informe de la parution du nouveau numéro de la revue Panzer Voran ! N° 48.

Le seul magazine en langue française exclusivement consacré à l'étude des forces armées allemandes de la Seconde Guerre Mondiale.
Entièrement réalisé à l'aide des documents originaux des Archives militaires allemandes (Bundesarchiv-Miltärarchiv et Bundesarchiv-Bildarchiv)
Chaque numéro comprend plusieurs dizaines de documents
(organigrammes réels de combat : Kriegsgliederungen) et photographies inédites (dont plusieurs pleine page).

Pour en savoir plus sur « Panzer Voran ! » ou pour vous procurer cette remarquable revue, je vous invite à contacter son auteur à l’adresse suivante :

M. Alain Verwicht
132 Route de Bonnut
64300 SAINT-BOES
Alain.verwicht@orange.fr

Avec l’aimable autorisation de son auteur, voici la couverture du dernier numéro 48 de « Panzer Voran ! ».



D'autre part, nous venons de dépasser le cap des 4500 visiteurs. Je tenais donc à remercier les fidèles lecteurs de ce blog. Ainsi, depuis la création de ce site en mars 2010, vous avez rendu, au fil de vos visites sur les quelques pages de ce blog, un immence hommage aux « anciens » de cette unité aux parcours fort méconnus. Merci d’entretenir avec moi, ce travail de mémoire, merci pour eux !

Amicalement
David

mercredi 22 septembre 2010

Opération du "Groupement Guibert"

Rappelons-nous, la veille, à Servance, le Lieutenant-colonel Fouchet, chef de Corps du 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique, a été blessé au torse par des éclats d’obus. Celui-ci a été remplacé par le Lieutenant-colonel Guibert, commandant en second du 9e Régiment de Chasseurs d’Afrique. De ce fait, le Lieutenant-colonel Guibert prend la tête du « Groupement Fouchet », que nous nommerons dorénavant, le « Groupement Guibert ».

Au cours de la matinée du 7 octobre, l’action de l’ennemi se résume à quelques tirs d’artillerie et de mortiers sur la commune de Servance. Dès midi, le Lieutenant-colonel Guibert accueille à son PC, une estafette provenant du QG de la Division. Par l’ordre d’opération n° 2 émanant du Général Touzet du Vigier, commandant de la 1ère Division Blindée, le « Groupement Guibert » doit exploiter l’axe Servance – Château-Lambert, en empruntant les vallées de Servance, surnommées le « Trou de l’Enfer ». Simultanément, ledit groupement devra agir sur la ligne de crêtes : Col de la Motte des Deux Croix – Col des Croix – Col de la Tête d’Ours. Cette action permettra à la 1ère DB de déboucher sur le Ballon de Servance. Puis, en collaboration avec le CC1 du Général Sudre, qui mènera une action sur l’axe Ramonchamp - Château-Lambert, les éléments placés sous les ordres du Lieutenant-colonel Guibert devront occuper Château-Lambert et le Col de la Motte des Deux Croix, à hauteur de la Vierge des Neiges.

A 15h00, le mouvement commence. Le 1er Bataillon de Zouaves, aux ordres du Chef de Bataillon Barbier débute sa progression sur l’axe : Côte 710 – Côte 684. Les Zouaves ne rencontrent pas de résistance de la part de l’infanterie ennemie. Cependant, ils sont ralentis par les difficultés du terrain, très accidenté et fortement boisé. L’artillerie allemande ne se fait pas attendre et réagit immédiatement en ouvrant le feu sur les Zouaves.


Dans un même temps, ordre est donné au 2e Escadron du Capitaine Argoud de pousser une reconnaissance sur l’axe Servance – Le Haut du Them. Le 2e Peloton du Lieutenant Le Duc (temporairement aux ordres de l’Adjudant Jalabert, suite à la blessure par balle, le 4 octobre du lieutenant commandant ce peloton) est désigné pour prendre la tête de la patrouille. L’automitrailleuse « Jouinot-Gambetta » du Maréchal des Logis Robert Jouffrault prend la tête du convoi. Rapidement, les AM-M8 parviennent, sans contact avec l’ennemi, au carrefour de La Pille. De là, le Capitaine Argoud enjoint au 2e Peloton de rallier de Le Haut du Them en empruntant l’ancienne route qui passe par le hameau de la Roche d’Amont (276 – 243). La progression est lente, les Cavaliers du 2e Escadron devant déminer le chemin sous les obus des mortiers adverses. A hauteur de la lisière sud du village du Haut du Them, le 2e Peloton provisoirement aux ordres de l’Adjudant Jalabert, est violement pris à partie par des armes automatiques et par des tirs de mortiers. Le Cavalier Allal est blessé par un éclat. Sous le couvert de l’AM-M8 « D’Hautpoul », le Cavalier Allal est évacué, en jeep sur Servance. Malgré une vive riposte des Chasseurs d’Afrique, le 2e Escadron ne peut déboucher plus en avant. Une nouvelle fois, cet escadron éprouve la solidité du dispositif ennemi. A la nuit tombée, le Capitaine Argoud ordonne un repli sur le village des Grands Champs. Au préalable, celui-ci fait installer un barrage de mines au carrefour de La Pille.

Ce même jour, la Compagnie FFI de La Lance, du Bataillon Simonet de la Demi-brigade Du Passage (détachement De Clerck) du Corps Franc Pommies, reçoit pour mission d’atteindre le Haut du Them, en passant par la route de La Pille menant au hameau du Ménil d’Amont. Cette Compagnie FFI occupera cette localité avec le 2e Escadron du Capitaine Argoud. A 15h00, ce détachement quitte Magny-Maubert et se dirige sur son objectif. A proximité des premières maisons du hameau du Ménil d’Amont, les FFI sont rapidement pris pour cible par des mitrailleuses lourdes allemandes. Bientôt, l’infanterie ennemie attaque le flanc droit des FFI du Bataillon Simonet. La progression est stoppée nette. A la faveur de l’obscurité, la Compagnie de La Lance bat en retraite et se replie aux Grand Champs.

Une fois de plus, l’offensive pour la prise de Château-Lambert a été arrêtée par les forces allemandes solidement ancrés sur leurs positions.

De son côté, le 3e Escadron aux ordres du Capitaine Brisson, toujours stationné aux Evaudois, a reçu pour directive d’effectuer des liaisons avec le CC1 du Général Sudre. Cette mission revient au 2e Peloton.

Vers 15h30, le 2e Peloton aux ordres de l’Adjudant-chef Métayer quitte les Evaudois et prend la direction du village du Boulot. L’automitrailleuse « Nîmes » du Maréchal des Logis Vayssettes est en tête de la patrouille, suivie à distance respectable du l’AM-M8 « Nevers » du Maréchal des Logis Wininger. Peu après, la jonction est faite avec le Combat Command 1 et le 1er Peloton / 5e Escadron / 3e RCA du Lieutenant Brémon. De là, le 2e Peloton expédie une reconnaissance en jeeps vers Beulotte-Saint Laurent au PC du Capitaine André, cantonnement du 5e Escadron.

Tandis que le 1er Peloton du Sous-lieutenant Cros effectue des patrouilles dans le secteur des Evaudois, Magny-Maubert, Moiseaubeau et Goutte-Gehant.

Le 3e Peloton du Lieutenant Crinon est toujours détaché auprès du Combat Command 3.

Enfin, le 1er Escadron du Lieutenant Des Moutis demeure stationné à La Neuvelle.

lundi 20 septembre 2010

6 octobre 1944

Le 6 octobre 1944, les conditions climatiques n’ont guère changé. Une pluie glaciale tombe sans discontinuée, la brume matinale a fait son apparition. L’automne semble s’être installé dans les contreforts des Vosges Saônoises. Le système défensif du « Groupement Fouchet » est remanié.

Au petit matin, la Demi-brigade Pont du Corps Franc Pommiès, cantonnée à Servance, est relevée par les FFI du Bataillon Simonet, affectés à la Demi-brigade du Passage du détachement De Clerck du Corps Franc Pommiès. Aussitôt, le Lieutenant-colonel Fouchet, chef de Corps du 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique, enjoint à une section de FFI de la Compagnie La Lance de se porter à Magny - Maubert afin de soutenir le 1er Peloton du Sous-lieutenant Cros / 3e Escadron / 3e RCA. Dans un même temps, une compagnie FFI du Bataillon Simonet est envoyée sur la localité de La Fache pour y renforcer le dispositif défensif des éléments présents du 1er Bataillon de Zouaves.

Ce jour, ordre est donné au 4e Escadron du Capitaine Dumont d’expédier un peloton de chars légers M5 A1 aux Grands Champs pour soutenir les Zouaves de la 3e Compagnie du Capitaine Vianne.

Dans la matinée, le Lieutenant-colonel Fouchet donne ordre à un peloton de Sherman du 4e Escadron / 2e RCA de se rendre à la localité du Menisot et d’embosser ses chars aux sorties du hameau. Les Tank Destroyer M10 du 4e Escadron / 9e RCA doivent, quant à eux, se positionner au niveau du cimetière de Servance.

Ce même jour, le 3e Escadron aux ordres du Capitaine Brisson a pour mission de faire la liaison entre tous les détachements du « Groupement Fouchet ». Une patrouille légère du 2e Peloton de l’Adjudant-chef Métayer est envoyée pour prendre contact avec le 5e Escadron du capitaine André et le Combat Command 1. Une reconnaissance du 1er Peloton du Sous-lieutenant Cros est expédié de Magny – Maubert vers la côte 710 afin d’y prendre liaison avec les Zouaves du 1er bataillon.

Vers 16h00, deux AM-M8 du 2e Peloton et deux jeeps sont dirigées vers l’itinéraire : Les Evaudois – Les Breuchots – Les Grilloux – La Pommeraye – La Breuche – Le Faysllis – Belote – La Guillaune – La Mer. Malheureusement, l’itinéraire est impraticable à tous véhicules à partir de Le Faysllis. Dans un même temps, les automitrailleuses « Nevers » et « Nîmes » partent patrouiller sur l’axe : Les Evaudois – Les Granges des Evaudois – Le Mont André. Mais le résultat est similaire, les chemins sont impraticables même pour les jeeps.

Vers 22h00, lors d’une reconnaissance au profit du Combat Command 3 en direction de Servanceuil, l’AM-M8 « Blois » du 3e Peloton du Lieutenant Crinon explose sur une mine. Fort heureusement, l’équipage est sain et sauf.

A 19h00, la 3e Compagnie du 1er bataillon de Zouaves aux ordres du Capitaine Vianne et le 1er Peloton du Lieutenant Jacques Gros du 4e Escadron / 3e RCA, sont soumis à une violente contre-attaque allemande. En effet, l’ennemi, à la faveur de l’obscurité, en a profité pour mener une tentative d’encerclement du village des Grands Champs. Les chars légers M5 A1 « Hoche », « Kléber » et « Marceau », embossés aux sorties nord du village parviennent à endiguer l’avance de l’infanterie allemande. Tandis que les chars « Masséna » et « Bonaparte » et deux sections de Zouaves stoppent la progression ennemie sur le flanc droit. De son PC situé au centre du bourg, le Capitaine Vianne demande un appui d’artillerie. Bientôt, les canons de la 4e Batterie du IIe Groupe / 68e RAA du Capitaine Coudert, entrent en action. Les premiers obus explosent à proximité de l’orée du bois, semant la mort parmi les grenadiers allemands. L’ennemi se regroupe et tente une nouvelle offensive. Mais devant l’intensité de la riposte des chars du 1er Peloton et des Zouaves, ceux-ci battent en retraite et retournent se mettre à l’abri dans les bois. L’artillerie du 68e RAA continue à harceler les allemands.

Simultanément, l’artillerie allemande déclenche un violent pilonnage sur la ville de Servance et mène une contre-attaque. Celle-ci est rapidement endiguée par l’importante garnison stationnée en ce lieu. Les obus pleuvent littéralement sur le centre du bourg. Le poste de commandement du 3e RCA est pris pour cible. Le Cavalier Queniart et le Brigadier Pelissier de l’Escadron Hors Rang sont mortellement touchés par des éclats d’obus. La situation demeure confuse. Se croyant à l’abri sous le porche d’une maison, le Cavalier Damien Adrover s’écroule tué net. Soudainement, une violente explosion se fait entendre à la mairie de Servance. Le Brigadier Morizet, le Cavalier Bagur Gabriel sont gravement blessés. Le 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique vient de perdre son chef de Corps. En effet, le Lieutenant-colonel Fouchet est blessé à la poitrine par un éclat d’obus. Nouvelle déflagration, le Cavalier Robert Gillet, affecté au 2e Escadron, est atteint à son tour par un éclat. Après cette courte et violente action, le calme revient dans la bourgade. Immédiatement, le Commandant Jacques Gentien prend les rênes du 3e RCA et informe le QG du Général Touzet du Vigier. Le Chef de Bataillon Barbier du 1er Zouaves assurera provisoirement le commandement du « Groupement Fouchet ». Les blessés sont envoyés à l’hôpital 421 de Lure.

A 23h00, le Lieutenant-colonel Guibert du 9e RCA reprend le commandement du « Groupement Fouchet ».

Durant la nuit, à l’hôpital de Lure, le Cavalier Gabriel Bagur succombera à ses blessures.

Le Cavalier Damien Adrover était né le 27 janvier 1912 à Zéralda (Algérie).
Le Cavalier Queniart Jacques était né le 14 août 1923 à Lailly (Pas-de-Calais).
Le Cavalier Gillet Robert était né le 12 juin 1923 à Oran (Algérie).
Le Cavalier Gabriel Bagur était né le 14 février 1909 à Birkadem (Algérie).
Le Brigadier François Pelissier était né le 27 janvier 1919 à Alger.

vendredi 17 septembre 2010

5 octobre 1944

Le 5 octobre, le dispositif défensif du « Groupement Fouchet », prescrit la veille au soir, est terminé dans le courant de la matinée.

A Servance, le « Groupement Lambilly » (4e Escadron / 2e RCA et Peloton Follin du 4e Escadron / 9e RCA) assure la protection de cette ville. Ce détachement a reçu comme consigne d’appuyer de ses feux, la progression du 1er Bataillon de Zouaves, et éventuellement de parer à une contre-attaque de chars ennemis sur l’axe : Servance – Château-Lambert.

Quant au 2e Escadron aux ordres du Capitaine Argoud, cet escadron est mis en réserve à Servance, mais demeure en état d’alerte et doit être prêt à intervenir sur l’axe : Servance – Le Thillot. Les Cavaliers du 2e Escadron vont pouvoir panser leurs blessures et entretenir leurs véhicules qui ont soufferts lors de l’affrontement du carrefour de La Tille.

AM-M8 affectée au 3e Peloton / 2e Escadron. A noter à droite de la photographie, une colonne de prisonniers allemands surveillée par des cavaliers du 3e RCA.


Ce même jour, à 11h00, ordre est donné au 3e Escadron du Capitaine Brisson de quitter la sortie sud de Servance et de se rendre dans les plus brefs délais, au carrefour des Evaudois. Le 3e Escadron aura pour mission de protéger le flanc gauche du dispositif, en occupant le secteur des Evaudois et les abords immédiats de Magny-Maubert. A destination, le Capitaine commandant cet escadron enjoint des directives. Le PHR s’installe dans la localité des Evaudois, tandis que le 2e peloton de l’Adjudant-chef Métayer embosse ses automitrailleuses et ses véhicules au carrefour des Evaudois, situé à quelques encablures du village.

A 14h15, le 3e Peloton aux ordres du Lieutenant Crinon est envoyé à Beulotte – St-Laurent afin de prendre liaison auprès des éléments de reconnaissance du Combat Command 1, à savoir le 5e Escadron du Capitaine André. Ceux-ci retrouvent leurs camarades du 5e Escadron à Le Baudot. Dans un même temps, le 1er Peloton du Sous-lieutenant Cros est expédié à Magny-Maubert afin d’occuper cette localité. De là, vers 16h00, le Sous-lieutenant Cros envoie une patrouille composée de deux AM-M8 vers le village de Moiseaubeau. Une autre patrouille est expédiée en direction du village du Grilloux, au cœur du plateau des mille étangs, puis à la Rocholle, aux Viaux et aux Rouillons. A 18h00, ce peloton est rejoint par une quarantaine de FFI du Corps Franc Pommiès venus en renfort.

Enfin, le Capitaine Brisson envoie une patrouille à pied dans le secteur tenu par des éléments du 1er Bataillon de Zouaves, dans les hauteurs ouest et nord-ouest de Servance.

Ce même jour, le Lieutenant-colonel Fouchet enjoint à deux sections du 1er Bataillon de Zouaves de pousser une reconnaissance dans les environs du village des Grands Champs. Dès 8h00, la colonne quitte cette localité et se met en marche. A 10h00, celle-ci parvient à hauteur de Menil d’Aval (Haute Saône), après une brève pause en compagnie des villageois, les Zouaves se remettent en route. Non loin de là, ceux-ci découvrent un campement allemand abandonné, les Zouaves dénombrent 80 fusils dont les culasses ont été retirées, des vivres et des paquetages. Vers 13h00, les deux sections atteignent le sommet de la côte 710.

Enfin, la section du 88e Bataillon de Génie est mise en réserve à Servance, la Compagnie du Génie 151 / 4 est en réserve à Ternuay, le 4e Escadron / 3e RCA stationne en réserve à Montandré. Quant à la 4e Batterie du Groupement II / 68e Régiment d’Artillerie, celle-ci est situé sur la côte 413, à 1km de Servance.

mercredi 15 septembre 2010

L'opération du "Groupement Fouchet"

Ce mercredi 4 octobre 1944, le « Groupement Fouchet », en collaboration avec le « Groupement Durosoy » venant de Corravillers, a pour mission, dans un premier temps, de s’emparer de la crête de Château - Lambert. Puis le détachement Fouchet devra nettoyer et occuper la ville de Le Thillot, et de là, pousser des reconnaissances en direction des villages de Cornimont et de Bussang.

Simultanément, le 2e Escadron aux ordres du Capitaine Argoud doit mettre la main sur le carrefour de La Pille, s’emparer de la localité du Haut du Them, et enfin, exploiter le secteur en direction de Château – Lambert. Afin de mener à bien cette mission, le 2e Escadron est renforcé par les deux bataillons FFI de la Demi-brigade Pont, d’une section du 88e Bataillon de Génie et des 3 obusiers Howitzer du 3e Escadron / 3e RCA.

Dès 6h30, le Lieutenant-colonel Fouchet donne le signal du départ aux différents éléments placés sous ses ordres.

Immédiatement, les automitrailleuses du Capitaine Argoud font mouvement. Les FFI du groupement Pont sont disposés à droite de la route et avancent en file indienne. Mais vers 7h00, au niveau du village des Grands Champs, ces éléments sont stoppés par une vive résistance ennemie. En effet, l’infanterie allemande est dispersée et enterrée dans les bois situés de part et d’autre de la route. Les premiers obus de mortiers explosent à proximité des troupes françaises. Quelques FFI s’écroulent, blessés par des éclats, ils sont expédiés à Servance pour recevoir les premiers soins. Rapidement, le Capitaine Argoud enjoint ses ordres. Les AM-M8 « Margueritte » et « De Gironde », du 3e Peloton de l’Aspirant Rossignol, ouvrent le feu. L’automitrailleuse « Jouinot - Gambetta », du 2e Peloton du Lieutenant Le Duc, parvient à détruire le mortier. Les AM-M8 parviennent lentement à progresser, appuyées par les FFI, et réussissent à déloger les Allemands, ceux-ci prenant la fuite à travers le bois.

La lente progression reprend. Le 3e Peloton de l’Aspirant Rossignol prend la tête du détachement. Après avoir parcouru quelques kilomètres, le 2e Escadron se trouve aux abords du carrefour de La Pille. Aussitôt, les Chasseurs d’Afrique et les FFI sont accueillis par un feu nourrit d’armes automatiques et de grenades. Le Cavalier Pollart s’écroule mortellement atteint. Les balles ricochent sur le blindage des véhicules. Soudainement, le Cavalier Mavuli se courbe, gravement blessé par une rafale. Celui-ci est immédiatement mis à l’abri derrière l’AM-M8 de tête. La route est minée, empêchant toute avance pour les automitrailleuses. Après un bref moment de flottement, les Cavaliers du 2e Escadron réagissent vivement. Le Capitaine Argoud demande du soutien aux chars Sherman du 4e Escadron / 2e RCA aux ordres du Capitaine Lambilly, installés à Servance. Par l’appui des feux de leurs canons, ceux-ci doivent appuyer la progression des démineurs du 88e Génie. Dans un même temps, le Capitaine commandant le 2e Escadron ordonne aux deux bataillons FFI de se scinder, chaque bataillon devant progresser de part et d’autre de la route, à l’orée du bois. Vers 14h00, la Demi-brigade Pont a atteint le village de La Roche d’Amont.

Tandis que les combats, au carrefour de La Pille, font toujours rages, les braves démineurs de la section du génie parviennent, tant bien que mal, à dégager la route. Sous une pluie battante, les automitrailleuses entreprennent la prise du carrefour. Les AM-M8 s’élancent, prennent de la vitesse et parviennent à détruire un premier nœud de résistance ennemi.

L’Aspirant Didier Rossignol est blessé, en haut de la tourelle de son AM-M8 « De Gironde », ainsi que le Cavalier Georges Reboux.

Malgré de sévères pertes, l’infanterie allemande s’accroche sur ses positions et résiste aux assauts des cavaliers français et aux pilonnages des chars du 2e RCA. Bientôt, se voyant submerger, l’ennemi décroche, laissant sur le terrain de nombreux corps inertes. Les Chasseurs d’Afrique ont réussi la première partie de leur mission. Au cours de l’affrontement, le Lieutenant Le Duc est blessé à la cuisse, mais poursuit le commandement de son 2e Peloton jusqu’au soir. Le Brigadier-chef Joseph Matta est grièvement blessé aux yeux et perdra la vue.

Malheureusement, le 2e Escadron ne peut déboucher plus en avant, et demeure au carrefour de La Pille. Les routes minées, la pluie abondante, l’artillerie allemande et l’infanterie ennemie omniprésente ont stoppé la progression du détachement du Capitaine Argoud. A la tombée de la nuit, tous ces éléments reçoivent l’ordre de se replier sur le village des Grands Champs et d’établir une ligne défensive.

Ce même jour, la 3e Compagnie du 1er Bataillon de Zouaves, aux ordres du Capitaine Vianne, reçoit pour directive de nettoyer la ligne de crêtes – Côte 710, Côte 684 – et de prendre liaison avec le « détachement Argoud », à hauteur de La Pille.

Dès 6h30, les Zouaves de la 3e Compagnie quittent Servanceuil. Ils sont aussitôt rejoints par le 1er Peloton du 2e Escadron / 3e RCA, du Lieutenant Robert Blasselle. Les automitrailleuses de ce peloton devront couvrir la progression des Zouaves. Peu après, le Lieutenant Blasselle embosse les AM-M8 et dirige les canons de 37 en direction des pentes de la Côte 710.

L’avancée des Zouaves dans la forêt de résineux est lente. La pluie battante et la brume épaisse ralentissent considérablement la cadence. Après un bref accrochage, les Zouaves du Capitaine Vianne atteignent le sommet de la Côte 710. Ceux-ci réussissant même à faire des prisonniers.

Vers 13h00, la 3e Compagnie parvient au village du Mesnil d’Aval. De là, le Capitaine commandant la compagnie de Zouaves, envoie des agents de liaison auprès du Capitaine Argoud, aux environs du carrefour de La Pille. Dès 14h00, les Zouaves reprennent la progression vers la Côte 684. Ces éléments sont rapidement et sérieusement accrochés par une forte concentration ennemie. Les Zouaves ne peuvent plus avancer. L’Artillerie allemande entre en action, semant la peur et la mort parmi les soldats français. Ceux-ci sont cloués au sol. Le temps passe lentement. Les canons de 37 des AM-M8 ne peuvent grand chose pour eux. Devant un tel désastre, le Capitaine Vianne enjoint à ses hommes de décrocher et de se regrouper à hauteur du Mesnil d’Aval. A destination, ils sont soutenus par le 1er Peloton du Lieutenant Blasselle. Ce détachement s’installe en position défensive.

Vers 19h30, le Lieutenant-colonel Fouchet reçoit l’ordre d’opérations n° 2 / GA, émanant du Général Touzet du Vigier. Celui-ci stipule que le « Groupement Fouchet » doit cesser l’offensive et établir un front défensif et parer à toute contre-attaque allemande.
Cette ligne défensive devra se positionner en face du fort de Château – Lambert, sur un axe entre Magny Maubert, La Pille et La Fache.

Le Lieutenant-colonel commandant le 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique ordonne au Capitaine de Lambilly (4e escadron / 2e RCA) et au Peloton Follin (4e escadron / 9e RCA) d’assurer la défense de Servance. Ils seront soutenus par des éléments FFI de la Demi-brigade Pont.

D’autre part, le commandement du 3e RCA perçoit en renfort, l’intégralité du 1er Bataillon de Zouaves, aux ordres du Chef de Bataillons Barbier. Ce bataillon sera échelonné sur toutes les positions défensives.

Enfin, le 3e Escadron du Capitaine Brisson, le 4e Escadron du Capitaine Dumont, la Compagnie du Génie 151 / 4 sont restés en réserve toute la journée.

lundi 2 août 2010

Remerciements

Bonjour à toutes et à tous,

Nous profitons de l’accalmie en cette période estivale pour effectuer nos remerciements à toutes les personnes qui ont collaborés lors de nos recherches sur le 3e régiment de Chasseurs d’Afrique.

Nous souhaitions vivement à remercier les acteurs de ce blog, en l’occurrence, les anciens du 3e RCA qui ont participés au débarquement de Provence et ainsi, à la libération de notre pays, à savoir : Feu M. Henri Gentien, M. Jean-Louis Mestre, M. Roger Vayssettes, M. Eugène Fort, M. Geoffroy De Baritault du Carpia, M. Didier Rossignol et M. Jean-Pierre Molina. Sans eux, nous n’aurions eu aucuns témoignages, aucunes anecdotes à vous narrer, et très peu de documents et photographies à vous présenter. Par ces quelques lignes, nous leur présentons toutes notre sympathie et notre gratitude.

Enfin, nous profitons de cet aparté, pour faire un appel à témoignages d’anciens du 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique ayant participés aux campagnes de France, d’Allemagne et d’Autriche ou de leurs descendants. Nous serions heureux de retranscrire leurs récits et de publier leurs photographies. Pour cela, nous vous invitons à nous contacter via ce blog dans un premier temps afin que nous puissions nous mettre en relation avec vous ou directement par e-mail, à l'adresse suivante : david.bruneaux(at)voila.fr

Nous vous souhaitons à tous de bonnes fins de vacances et une bonne rentrée ! Nous vous donnons rendez-vous à partir du 15 septembre prochain. Bonne lecture !

vendredi 30 juillet 2010

3 octobre 1944 - Au coeur de l'automne

Ce mardi 3 octobre, le Lieutenant-colonel Fouchet, chef de Corps du 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique, reçoit le commandement d’un groupement tactique, en vue d’une opération divisionnaire prévue pour le lendemain. Nous nommerons ce détachement, le « Groupement Fouchet ».

Outre, le 2e Peloton aux ordres du Lieutenant Follin, affecté au 4e Escadron / 9e RCA et la 4e Batterie du IIe Groupe / 68e Régiment d’Artillerie d’Afrique du Capitaine Coudert, mis à la disposition du 3e RCA depuis la veille, ce « Tactical Team » est composé de la manière suivante :

4e Escadron / 2e RCA du Capitaine Lambilly
3e Compagnie du 1er Bataillon de Zouaves du Capitaine Vianne
1 section du génie / 88e Compagnie du Génie
1 Compagnie du Génie du 151/4
4e Escadron / 3e RCA du Capitaine Dumont
3e Escadron / 3e RCA du Capitaine Brisson
2e Escadron / 3e RCA du Capitaine Argoud
La Demi-brigade FFI Pont du Corps Franc Pommies

Dès 8h00, le Lieutenant-colonel Fouchet enjoint ses directives aux différents éléments placés sous ses ordres. Ceux-ci doivent rallier leurs positions de départ pour l’opération du 4 octobre.

Le 2e Peloton de Tank Destroyer M10 du Lieutenant Follin, ainsi que la 4e Batterie d’artillerie du 68e RAA quittent leurs cantonnements, situés à proximité du village de Ternuay, et viennent se positionner dans la localité de l’Enclose, à 1km de Servance. Là, le Capitaine Coudert met en batterie, les canons qui épauleront la progression du « Groupement Fouchet ».

A 11h00, le 3e Escadron du Capitaine Brisson évacue le carrefour de La Grève et prend position dans la commune de Rû-Jeannot. Afin de laisser les Cavaliers du 1er Peloton (Sous-lieutenant Cros) et du 2e Peloton (Adjudant Métayer) au repos, le dispositif défensif de Rû-Jeannot, est laissée au soin du Peloton d’Echelon du Sous-lieutenant Portolano. Cependant, le 3e Peloton du Lieutenant Crinon, reste à la disposition du Combat Command 3, et demeure au carrefour de La Grève pour en assurer la défense. Les 3 obusiers Howitzer 75, « Arras », « Bourges » et « Montmirail », affectés au 3e Escadron font mouvement vers Servance et se placent sous les ordres du Capitaine Argoud (2e Escadron).

Vers 14h30, le 4e Escadron du 2e RCA, aux ordres du Capitaine Lambilly, est envoyé à Servance. Cependant, un peloton de chars Sherman est laissé en réserve à Ternuay.

Dans l’après-midi, le 4e Escadron du Capitaine Dumont quitte la localité de Le Montandré et se porte également sur Servance. Cet escadron est bientôt rejoint par la Compagnie du Génie 151/4.

Vers 19h00, la 3e Compagnie du 1er Bataillon de zouaves, aux ordres du Capitaine Viannes, est expédié à Servanceuil.

Dans la nuit, la section du Génie du 888e Génie est poussée en renfort sur Servance. Cette section est mise à la disposition du 2e Escadron du capitaine Argoud. Enfin, la Demi-brigade Pont, du Corps Franc Pommies est adjointe en renfort d’infanterie à l’Escadron Argoud.

En début de soirée, les éléments du « Groupement Fouchet » ont rallié leurs points de départ. L’opération prévue pour le lendemain débutera à l’aube.

Ce même jour, le 1er Escadron du Lieutenant Des Moutis débute sa période de repos à Neuvelle Lès Lure, tandis que le 5e Escadron du Capitaine André stationne à Beulotte – Saint-Laurent et Rupt sur Moselle.

mercredi 28 juillet 2010

2 octobre 1944

En ce début du mois d’octobre 1944, le front semble stagner dans les contreforts des Vosges Saônoises. Le relief et les conditions climatiques, qui se dégradent de jour en jour, ralentissent considérablement les manœuvres françaises. De durs combats ont eu lieu dans le secteur de Bois le Prince et Recologne. De plus, l’ennemi s’est ressaisi et défend âprement ses positions. Les Allemands détiennent une concentration d’artillerie omniprésente qui pilonne sans discontinuer les secteurs tenues par la 1ère Armée Française.

Ce 2 octobre, le 1er Escadron aux ordres du Lieutenant Des Moutis reçoit, de l’état-major de la 1ère Division Blindée, la directive de quitter le front et de se porter vers le village de La Neuvelle-Lès-Lure, petite bourgade de 260 habitants. Une période de repos, bien méritée, est accordée aux Cavaliers du 1er Escadron. Depuis le débarquement en Provence, le 15 août 1944, les Chasseurs d’Afrique n’ont cessé d’être en pointe du Combat Command 2. Ce moment de repos est accueilli avec soulagement, les véhicules et les organismes ont beaucoup souffert. Le 1er Escadron resta stationné à Neuvelle-Lès-Lure jusqu’au 9 octobre.

De son côté, la situation n’a guère changé pour le 5e escadron aux ordres du Capitaine André, cet escadron a pour mission de se maintenir sur la localité de Beulotte - Saint-Laurent et de défendre ce village coûte que coûte. Le 2e Peloton du Sous-lieutenant Maurice et le 3e Peloton de l’Aspirant De Bellefon devront effectuer des patrouilles afin de rester au contact de l’ennemi. Tandis que le 1er Peloton du Lieutenant Brémon assurera la défense du village de Rupt sur Moselle et poussera lui aussi, des reconnaissances dans le secteur. Ces positions resteront inchangées jusqu’au 8 octobre.

Ce même jour, à l’aube, le 3e Escadron aux ordres du Capitaine Brisson assure la liaison entre les éléments d’infanterie assurant solidement la défense du carrefour de La Grève. Une compagnie du 1er Bataillon de Choc et des Goumiers du général Guillaume sont ancrés sur leurs positions. Les automitrailleuses et les trois obusiers Howitzer du 3e Escadron sont échelonnés le long du dispositif défensif. Vers 18h00, les Goumiers sont relevés par les Zouaves du 3e Bataillon de Zouaves aux ordres du Commandant Letang. Le 3e Zouaves occupe la face Nord-est de la lisière de la forêt du « Revers aux chiens », à gauche du carrefour de La Grève et, à droite, en direction de la localité de Miellenot.

Vers 20h00, une patrouille de Goumiers arrive au PC du capitaine Brisson. Le capitaine commandant le 3e Escadron apprend que le village de Miellin est fortement occupé par l’ennemi, au moins un millier de fantassins allemands seraient présent dans cette localité. Aussitôt, le Capitaine Brisson demande un tir d’artillerie sur ce village et met ses différents pelotons en état d’alerte. A 22h00, les premiers coups de canons résonnent dans la nuit. Les premières maisons s’enflamment.

Quant au 4e Escadron du Capitaine Dumont, celui-ci est toujours placé en réserve dans le village de Le Montandré.

Enfin, dans un même temps, le 2e Escadron aux ordres du Capitaine Argoud demeure toujours à Servance et en assure la défense. En liaison avec une Compagnie FFI du Bataillon Turban, de la Demi-Brigade Pont du Corps Franc Pommies, ces éléments effectuent des missions de reconnaissance dans le secteur. Depuis la mésaventure de la veille lors d’une patrouille à pied, les Chasseurs d’Afrique du 2e Escadron ont redoublé de prudence.

lundi 26 juillet 2010

Les combats de Miellin

Dans la nuit du 1er octobre, vers quatre heures du matin, une estafette provenant du commandement du Combat Command 3, apporte les ordres du Colonel Caldairou, au PC du 3e Escadron, situé à l’Enclose. Une heure après, le Capitaine Brisson enjoint ses directives aux différents éléments de l’escadron.

Ordre est donné au 2e Peloton de l’Adjudant-chef Métayer, d’envoyer une patrouille occupé la localité de Miellin (Haute-Saône), village niché au pied du Ballon de Servance. Le Maréchal des Logis-chef Fleury, chef de bord de l’AM « Nantes » et le Maréchal des Logis Roger Vayssettes, chef de bord de l’AM « Nîmes », sont désignés pour accomplir cette mission. Immédiatement, les deux automitrailleuses et leurs équipages font mouvement. L’avance se fait lentement, à travers une épaisse brume matinale. Dès six heures, ce détachement du 2e Peloton arrive à proximité de Miellin, le village semble encore endormi. Seul le chant du coq vient troubler cette quiétude. Les AM-M8 stoppent au centre du bourg. Bientôt, les premières maisons s’ouvrent, laissant apparaître sur le seuil des portes, les habitants soulagés de voir, à nouveau, les cavaliers du 3e Escadron. Les villageois accueillent chaleureusement ces soldats français qui ont libéré leur commune deux jours auparavant.

Rapidement, les automitrailleuses « Nantes » et « Nîmes » sont rejointes par deux sections FFI de la Compagnie Tremillon, affectée au Bataillon Munier de la Demi-Brigade Pont, du Corps Franc Pommies. Le Maréchal des Logis-chef Fleury, chef de la patrouille, installe son dispositif. Il envoie une section FFI aux abords Nord du village, tandis que l’autre section FFI et l’automitrailleuse « Nîmes » se positionnent au Sud. Le Maréchal des Logis Vayssettes embosse l’AM « Nîmes », à environ cent mètres du village, à hauteur du pont enjambant la rivière Doue de l’Eau. Ce début de matinée s’avère calme. L’équipage de l’AM met pied à terre. Le Maréchal des Logis Vayssettes retourne au centre bourg afin d’y rejoindre le Maréchal des Logis-chef Fleury. Ces deux sous-officiers voient bientôt arriver, au volant de sa jeep, le Maréchal des Logis Corallo, aumônier du régiment, venu visiter les troupes présentes en première ligne.

Au bord de la rivière, le Cavalier René Delhomme, conducteur, le Cavalier Michel, radio et le Brigadier Eugène Fort, tireur de l’automitrailleuse « Nîmes » discutent avec un vieil homme pêchant dans les eaux calmes de la Doue de l’Eau. Celui-ci propose des truites aux trois chasseurs d’Afrique. Mais une voix émanant de la radio de bord met fin à cette flânerie. En effet, des éléments d’infanterie allemande a été repérée au Nord du village, cette patrouille se dirige vers Miellin. Vers onze heures, une reconnaissance à pied est effectuée par une section FFI. A midi, celle-ci confirme la présence d’un fort détachement ennemi dans la forêt de Saint-Antoine, et poursuit sa patrouille plus en avant. Le Maréchal des Logis-chef Fleury informe sa hiérarchie de la situation et demande un tir d’artillerie dans le secteur où les Allemands ont été vus.

A treize heures, le Brigadier Fort entend des déflagrations d’armes automatiques, puis aperçoit la section FFI partie en reconnaissance, sortir de la Forêt « du Revers aux chiens », en courant. Les FFI sont talonnés de près par des Grenadiers ennemis, et essuient un feu nourrit. Aussitôt, le Brigadier Fort bondit à bord de son automitrailleuse, manipule avec dextérité la manivelle et dirige la tourelle vers la droite. Après un rapide coup d’œil dans le viseur, celui-ci actionne la pédale gauche et lâche de violentes rafales de mitrailleuse en direction des Teutons, couvrant ainsi la retraite de la section FFI. Des soldats allemands s’écroulent, fauchés par les balles, dans le champ jouxtant la forêt, les autres prennent la fuite. Les FFI déplorent deux blessés et parviennent à rallier le centre du village. L’automitrailleuse « Nîmes » change et position et vient s’embosser aux abords immédiat de Miellin, à l’entrée Sud de la localité.


De gauche à droite, Cavalier Delhomme (conducteur), Cavalier Michel (radio), Brigadier Fort (tireur) et le Maréchal des Logis Vayssettes (Chef de bord)

Mais les Allemands ne s’avouent pas pour autant vaincu. A quatorze heures, la partie Sud-est du village est soumise à de violents tirs de mortiers. L’ennemi dispose d’un précieux point de vue qui surplombe toute la commune. Les tirs se font de plus en plus précis. Après une préparation d’artillerie d’une dizaine de minutes, l’infanterie allemande entre en action et mène une véritable attaque. L’accrochage devient très vite sérieux et l’ennemi en surnombre, afflue de part et d’autre de la route et des pâturages avoisinants.

Dès les premiers coups de feu, le Brigadier Fort plonge littéralement, tête première dans la tourelle de l’automitrailleuse « Nîmes ». Le conducteur, le Cavalier Delhomme regagne son poste de conduite. Les balles ricochent contre le blindage du véhicule. Alors que le Cavalier Michel, radio de bord, tente de remonter, celui-ci est touché au bras par une balle. Des grenades à manches allemandes explosent à proximité de l’AM-M8, l’ennemi se rapproche dangereusement. Aussitôt, le Brigadier Fort expédie des obus fusants et endigue la progression adverse. Le Maréchal des Logis Vayssettes, revenant du centre bourg, parvient à la hauteur de l’AM et ouvre le feu sur les assaillants, avec sa mitraillette Thompson, suivi de l’Abbé Corallo, venu secourir le Cavalier Michel. Les balles fusent au dessus des têtes des Chasseurs d’Afrique. Le Maréchal des Logis Corallo, sous un déluge de feu, parvient à mettre le Cavalier Michel, à l’abri dans le café Py. A peine a-t-il installé le blessé dans la salle du café, que celui-ci décide de retourner au contact des défenseurs du village. Sur le pas de la porte, soudainement, l’Abbé Corallo s’écroule, mortellement atteint par une balle au visage. Marcel Corallo était né le 29 mai 1917 en Algérie, au souk Aras de Constantine.

Abbé Marcel Corallo

Au même moment, les Allemands mènent une attaque simultanée dans le nord du village. Les Cavaliers du 2e Peloton et les FFI de la Compagnie Tremillon risquent de se faire submerger par l’ennemi. Au cœur de la commune de Miellin, le Maréchal des Logis-chef Fleury demande des renforts. Peu de temps après, l’automitrailleuse « Nancy » de l’Adjudant Métayer arrive en soutien. Le Brigadier-chef Lavens, tireur de l’AM « Nancy » couvre la retraite de la section FFI engagée au sud de Miellin. Un FFI s’écroule, blessé par une balle, il est aussitôt ramené vers l’arrière par deux de ses camarades. A quatorze heures trente, l’Adjudant Métayer reçoit l’ordre de décrocher. Celui-ci ordonne à la Compagnie FFI Tremillon de rompre le contact avec l’ennemi et de quitter rapidement le village. Les automitrailleuses assurent leur protection et mènent des combats retardateurs. L’AM « Nîmes » reflue, en marche arrière vers le centre du bourg.

La situation demeure confuse, l’infanterie allemande est parvenue à s’infiltrer dans toute la localité. Une grenade explose près de l’AM « Nancy » détruisant l’antenne. La communication avec le PC du 3e Escadron est rompue. Tant bien que mal, l’automitrailleuse « Nancy » de l’Adjudant Métayer et l’AM-M8 « Nantes » du Maréchal des Logis-chef Fleury parviennent à s’extirper de ce guet-apens. L’AM « Nîmes » du Maréchal des Logis Vayssettes se trouve, quant à elle, dans une fâcheuse posture. En effet, celle-ci se situant encore à l’extrémité Sud de Miellin, doit traverser entièrement le village, sous les feux de l’ennemi, pour rallier les positions tenues par les troupes françaises. Grâce à l’habilité du Cavalier Delhomme, conducteur de l’AM « Nîmes » et au courage du Brigadier Fort qui, à coup de canon de 37, ouvre la route, l’automitrailleuse se sort brillamment de ce guêpier.

A seize heures, la Compagnie Tremillon est parvenue à atteindre le PC du 3e Escadron à 1km à l’ouest du village de La Grève. A dix-sept heures, le repli du 2e Peloton est terminé. Ordre est donné à ce peloton de se positionner en avant du carrefour de La Grève, en direction de Miellin. Appuyé par la Compagnie FFI Conti, le 2e Peloton de l’Adjudant Métayer pousse des patrouilles jusqu’à environ trois cent mètres de Miellin.

Au cours des combats de Miellin, le 2e Peloton a perdu un homme d’exception, l’Abbé Corallo et un prisonnier, le Cavalier Michel. Les FFI de la Compagnie Tremillon déplorent 3 blessés. Tandis que les pertes du côté allemand s’élèvent à 11 tués et 47 blessés. Malheureusement, la commune de Miellin n’aura goûté qu’à une courte libération. Durant les combats à venir, le village subira l’explosion de 35 000 obus et perdra 10% de sa population.

Pour la petite histoire, le Brigadier Eugène Fort et le Maréchal des Logis Roger Vayssettes retrouveront le Cavalier Michel, trente ans plus tard, lors d’une réunion des anciens du 3e Régiment des Chasseurs d’Afrique. Celui-ci avait survécu à sa blessure et à sa captivité.

vendredi 23 juillet 2010

1er octobre 1944

Le 1er octobre 1944, le 2e Escadron aux ordres du Capitaine Argoud demeure toujours en station à Servance. Vers 6h00, celui-ci ordonne au 3e Peloton de l’Aspirant Didier Rossignol de faire mouvement en direction de Le Them. Aussitôt, la colonne se forme et l’AM « Margueritte » prend la tête de la reconnaissance. L’épais brouillard et la pluie ralentissent considérablement l’avance du 3e Peloton. A destination, l’Aspirant Rossignol installe son dispositif défensif, sa principale mission est de maintenir les positions si chèrement acquises, et d’attendre la relève et de la mise en réserve de la 1ère DB. Les Chasseurs d’Afrique sont rapidement rejoint par une section FFI du Bataillon Turban, venue en soutien.

Dans un même temps, le 2e Peloton aux ordres du Lieutenant Le Duc doit se porter à hauteur de la ville de Magny-Maubert. Les automitrailleuses « Jouinot Gambetta » et « Chamboran » partent les premières, bientôt suivi par la totalité du 2e Peloton. Une Compagnie FFI du Bataillon Turban, de la Demi-Brigade Pont du Corps Franc Pommies est adjointe en renfort.

Le 1er Peloton du Lieutenant Blasselle, le Peloton Hors Rang et le Peloton d’Echelon du Lieutenant Kuneyl restent à Servance. Ce groupement sera soutenu par une section d’infanterie FFI du Bataillon Turban.

A midi, un motocycliste, venant en liaison du PC du régiment situé à Faucogney, apporte une nouvelle directive au Capitaine Argoud. Ordre lui a été donné, d’envoyer une patrouille à pied sur les hauteurs menant au Haut du Them. Le capitaine commandant l’escadron enjoint au Lieutenant Blasselle d’organiser la reconnaissance. L’escouade, composée de 11 hommes, est formée. Dès 13h00, la section fait mouvement à travers la forêt vosgienne. Le Cavalier Cellier prend la tête de la colonne. La progression est lente, les Cavaliers essaient de se déplacer en silence. La pénombre est omniprésente sous le couvert des résineux, cela rend la visibilité mauvaise. De plus, une pluie fine, à de nouveau, fait son apparition. La colonne avance en file indienne. Subitement, à mi-chemin, le Cavalier Cellier stoppe la marche. Celui-ci est intrigué par un bruit provenant de la droite. Une déflagration retentit. Le Cavalier Cellier s’effondre mortellement touché. Auguste Cellier était né le 07 décembre 1919 à Ammi Moussa en Algérie. S’en suit un vif accrochage, la patrouille est tombée dans une embuscade et se trouve vite submergée devant le surnombre de l’adversaire. Les Cavaliers Dervoir et Goovaerts parviennent à s’extirper de ce guet-apens et à prendre la fuite. L’Adjudant Joanny, chef de la patrouille, le Maréchal des Logis Gillet, le Maréchal des Logis Boutin, ainsi que le Brigadier-chef Olives et les Cavaliers Morelli, Lhomme, Peyronnet et Ferro sont fait prisonniers par l’ennemi. Cette reconnaissance à pied a tourné au cauchemar pour les Cavaliers du 1er Peloton.

Ce même jour, ordre est donné au 5e Escadron du Capitaine André de faire mouvement. Dès l’aube, l’escadron quitte ses cantonnements de Le Boulot et se porte aux environs de la localité de Beulotte – Saint-Laurent. A destination, le Capitaine André installe son dispositif. Le 2e Peloton du Sous-lieutenant Maurice stationne au Sud-est du village, tandis que le 3e Peloton de l’Aspirant De Bellefon se positionne au Nord-est de Beulotte – Saint-Laurent.

Quant au Capitaine commandant le 5e Escadron et le Peloton Hors Rang, ceux-ci restent au centre du dispositif, légèrement en retrait. Le 1er Peloton du Lieutenant Brémon poursuit sa mission de reconnaissance dans le secteur de Rupt sur Moselle.

Le 4e Escadron, escadron de chars légers M5 A1, aux ordres du Capitaine Dumont est toujours stationné à Le Montandré. Celui-ci reste à la disposition du régiment et pourra intervenir pour prêter main forte, le cas échéant.

Le 1er Escadron du Lieutenant Des Moutis a terminé sa mission défensive à la chapelle de Ronchamp. Au petit matin, l’escadron part rejoindre le 3e Peloton du Sous-lieutenant Gentien, au village de Mourrière. L’intégralité du 1er Escadron reste en halte-gardée dans cette localité et doit parer à d’éventuelles contre-attaques. Les Allemands dominent les crêtes avoisinantes et disposent d’un bon soutien d’artillerie. Les Chasseurs d’Afrique doivent coûte que coûte tenir leur ligne de front.

Ce dimanche 1er octobre, vers 5h30, le Capitaine Brisson, capitaine commandant le 3e Escadron, enjoint ses directives aux différents pelotons.

A 6h00, le 1er Peloton aux ordres du Sous-lieutenant Cros quitte la petite localité de Miellenot pour se porter au carrefour de La Grève. Ce peloton est rapidement rejoint par la Compagnie FFI Dajan, du Corps Franc Pommies. Ce détachement formera le soutien d’infanterie nécessaire aux automitrailleuses pour tenir solidement le secteur sud-est du carrefour, en direction de Belfahy.

A la même heure, ordre est donné au 3e Peloton du Lieutenant Crinon et au Peloton d’Echelon du Sous-lieutenant Portolano de rester en station à Rû Jeannot et de parer à toute infiltration ennemie dans ce secteur.

Quant au Peloton Hors Rang et le PC du Capitaine Brisson, ces éléments font mouvement vers la commune de La Grève. Les obusiers Howitzer 75mm de l’escadron, assureront le soutien d’artillerie et se positionnent également à proximité de La Grève. Les Chasseurs d’Afrique sont bientôt rejoint par la Compagnie FFI Conti et du PC du Bataillon Munier. A 8h30, le Capitaine Brisson ordonne au Capitaine Conti de rallier le carrefour de La Grève et de mettre sa section de mitrailleuses en batterie dans la direction de La Forge. Celle-ci interdira l’accès au carrefour à l’infanterie allemande. La matinée se déroule dans le calme complet. L’ennemi se fait discret.

Vers 16h00, la Compagnie FFI Tremillon qui vient de subir de durs combats à Miellin, avec le 2e Peloton de l’Adjudant Métayer, parvient au PC du Capitaine Brisson. Les FFI pansent leurs plaies et amènent leurs blessés à poste de secours le plus proche. Après une courte halte, le détachement FFI est envoyé au PC du Bataillon Munier, aux abords de La Grève.

A 17h45, le dispositif défensif autour du village de La grève est installé. Le 1er Peloton du Sous-lieutenant Cros et la Compagnie Dajan peuvent reprendre leurs positions initiales dans la localité de Miellenot. Ce détachement doit assurer la défense de ce village.

Vers 21h30, une patrouille du 1er bataillon de Choc arrive au PC du Capitaine commandant le 3e Escadron. Cette escouade fait part au Capitaine Brisson des informations qu’ils ont réussies à recueillir. Le secteur de Belfahy est toujours occupé par l’ennemi. La forêt du « Revers aux chiens » et le chemin menant à la crête, sont truffés de patrouilles allemandes.

Enfin, en vue d’une opération commune, le 2e Peloton (Peloton Follin) du 4e Escadron / 9e RCA et la 4e Batterie du IIe Groupe d’Artillerie / 68e Régiment d’Artillerie sont mis à la disposition du Colonel commandant le 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique. Ces éléments prennent position à Ternuay.

mercredi 21 juillet 2010

Portrait : Brigadier Eugène Fort

Nous tenions à vous proposer le portrait d’un vétéran, d’une personne forte attachante, de part sa gentillesse et sa disponibilité. Il s’agit en l’occurrence, de M. Eugène Fort.

A l’occasion de mes recherches sur le 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique, j’ai eu la chance et la joie de m’entretenir à maintes reprises avec celui-ci.

M. Eugène Fort est né le 27 octobre 1921 à Saïda, en Algérie. Après avoir fini sa formation de tailleur de pierre et étant un sportif accompli, le 2 février 1942, M. Eugène Fort est invité à rejoindre les Chantiers de Jeunesse Française et ce, jusqu’au 13 novembre 1942.



Au lendemain du débarquement des Alliés en Afrique du Nord, celui-ci est mobilisé et intègre le 2e Régiment de Cuirassiers à Oran (Algérie). Il sera affecté au 2e Peloton, sous les ordres du Lieutenant De La Tour, comme tireur sur les chars Sherman.

Dès février 1943, le Cavalier Fort est muté au sein du 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique à Constantine. Ayant une certaine aisance au poste de tireur, il devient le tireur de l’automitrailleuse « Nîmes » et est affecté au 2e Peloton (Adjudant Métayer) du 3e Escadron aux ordres du Capitaine Brisson. Le Brigadier Eugène Fort débarque en Provence, le 10 septembre 1944. Il participera à la libération de la Haute-Saône, à la campagne des Vosges, à la libération de l’Alsace et sera l’un des premiers à franchir le Rhin à Chalampé, puis l’Allemagne et l’Autriche.

Le 23 novembre 1944, le Brigadier Fort est cité à l’ordre de la Brigade : « Tireur d’automitrailleuse de pointe, à par son feu précis, permis à son AM de forcer l’entrée du village de Hombourg le 20 novembre 1944, détruisant une mitrailleuse de 20mm. S’est à nouveau distingué le 24 novembre 1944 au combat de Heimsbrunn, où, malgré les feux ennemis, il est sorti de sa tourelle pour relever un camarade blessé par l’explosion d’un bazooka » signé le Général commandant la 1ère DB.

A noter, la tenue exemplaire de M. Eugène Fort, le 1er octobre 1944, à Miellin (Haute-Saône), où il a sauvé la vie à sept FFI du Corps Franc Pommiès revenant d’une patrouille et poursuivie par les Allemands, de plus, celui-ci est resté avec l’AM « Nîmes » et le Maréchal des Logis Vayssettes, dans le village afin de permettre le repli de deux sections de la Compagnie FFI Tremillon. Je tenais à apporter ces précisions parce que ces actes de bravoure, ont été ultérieurement attribués à d’autres membres du 3e Escadron, non présent à Miellin ce jour là ! Nous relaterons cette journée prochainement. D’autre part, le 20 novembre 1944, à Hombourg, le Brigadier Fort a également détruit un canon de 75 Pak 40.


Tournoi Interalliés - Berlin Juillet 1945

Fin mai 1945, Eugène Fort intègre l’Equipe de France Militaire de football et participe à Berlin au tournoi Interalliés. Pour l’anecdote, la France termina 3e du tournoi, juste devant l’URSS. Après sa démobilisation, M. Eugène Fort jouera deux saisons, comme professionnel, au FC Tours.

Aujourd’hui, à l’aube de ses 89 ans, Eugène Fort vit paisiblement en région parisienne.

Ce portrait a été publié avec l'aimable autorisation de M. Eugène Fort

lundi 19 juillet 2010

30 septembre 1944

Le 30 septembre, le 2e Escadron aux ordres du Capitaine Argoud poursuit sa reconnaissance sur l’axe : Servance – Le Thillot. L’escadron doit trouver un itinéraire fiable aux Sherman du Capitaine De Lambilly du 2e RCA.

A la hauteur du village de La Pille, le 2e Escadron est, à nouveau, soumis à une vive résistance ennemie. Les Grenadiers allemands sont solidement ancrés sur leurs positions et sont soutenus par des barrages d’artillerie très efficaces. Des Panzer IV Lang ont été repérés dans le secteur. Mais la brume, les routes détrempées et le terrain défavorable empêchent le bon déroulement des opérations. Les automitrailleuses du 2e Escadron ne peuvent agir que sur les axes principaux que les Allemands ont pris le soin de miner.

Ce même jour, le 5e Escadron aux ordres du Capitaine André reçoit la directive d’envoyer des patrouilles dans la région de Beulotte-Saint Laurent, sur le plateau des Mille étangs. Le Peloton Hors Rang, le 2e Peloton du Sous-lieutenant Maurice et le 3e Peloton de l’Aspirant De Bellefon se mettent en route à l’aube. Le brouillard omniprésent et une pluie fine ralentissent considérablement la marche en avant du 5e Escadron.

Le 1er Peloton du Lieutenant Brémon est maintenu à Rupt sur Moselle, village des Hautes Vosges du Sud. Les automitrailleuses du peloton effectuent des reconnaissances dans les vallées du Dessus de Rupt et de Grandrupt.

Pendant ce temps, le 1er Escadron du Lieutenant Des Moutis demeure à Ronchamp, en dispositif défensif.

Ordre est donné au 3e Peloton du Sous-lieutenant Gentien de reconnaître l’itinéraire jusqu’au hameau de Mourrières. A destination, ce Peloton est accueilli par un feu nourrit d’armes automatiques. Après une rageuse riposte des Cavaliers du 3e Peloton, l’ennemi décroche en désordre. Le Sous-lieutenant Gentien occupe le centre bourg et ordonne à l’obusier Howitzer 75mm « Bossu » de se mettre en position aux abords immédiat du village. Le « Bossu » assurera la progression des automitrailleuses le cas échéant. Le Dodge ACAM et son canon de 37, l’half-track du peloton et une jeep resteront en couverture dans le village. Les AM-M8 du 3e Peloton, deux jeeps et un ACAM prennent la direction de La Selle. L’automitrailleuse « Bara » prend la tête du convoi, suivie par l’AM-M8 « Barbanègre ». A La Selle, les Chasseurs d’Afrique trouvent la localité libre, pas un ennemi n’est présent. En fin de journée, l’intégralité du 3e Peloton stationne en halte-gardée à Mourrières.

Dès 6h00, ce 30 septembre, le Capitaine Brisson, chef du 3e Escadron enjoint ses ordres à ses différents pelotons. Le 2e Peloton de l’Adjudant Métayer doit envoyer une patrouille sur Miellin. Accompagnée d’une section FFI de la Compagnie Dajan, le 2e Peloton participe au déblaiement des abattis et à la destruction du fossé anti-char bloquant l’accès Sud-ouest de Miellin. A 8h00, la route est dégagée de tout obstacle. L’automitrailleuse « Nîmes » du Maréchal des Logis Roger Vayssettes pénètre la première dans le village, suivie de près, par l’AM-M8 « Nevers » du Maréchal des Logis Gilbert Wininger. Vers 10h00, l’intégralité du 2e Peloton occupe le centre bourg.

Au même moment, le 1er Peloton du Sous-lieutenant Cros et une section FFI (Compagnie Dajan) partent reconnaître le village de Belfahy, le plus haut village de Haute-Saône, culminant à 950m. La commune étant libre, le Sous-lieutenant Cros décide d’envoyer une patrouille à pied au sud de Belfahy. Les Cavaliers ont, à peine, parcouru 300 mètres, que ceux-ci découvrent une section de quatre mitrailleuses lourdes MG 42 et de l’infanterie allemande dissimulées de part et d’autre de la route. Sans le moindre bruit, la patrouille à pied parvient à rallier le village sans se faire repérer. Des Panzer IV Lang ayant été aperçus dans le secteur sud de Belfahy, ordre est donné au Sous-lieutenant Cros d’établir un barrage anti-char à proximité de la localité de Miellenot. La section FFI et le Peloton d’automitrailleuses installent un champ de mines sur la route ainsi qu’un abattis. L’obusier Howitzer « Bourges » assure le soutien d’artillerie. Les Chasseurs d’Afrique prennent position avec les Bazooka, tandis que les FFI se positionnent derrière la barricade et dans les fossés.

Vers 21h00, des mouvements ennemis, provenant du bois, sont repérés. Immédiatement, les AM-M8 « Saint Brieuc » et « Saint Nazaire » ouvrent le feu avec leur canon de 37. Bientôt, l’obusier « Bourges » entre en scène, celui-ci expédie une première salve d’obus de 75mm. La manœuvre ayant pour but de calmer les ardeurs allemandes. A minuit, le calme est revenu.

Quant au 3e Peloton du Lieutenant Crinon et au Peloton d’Echelon du Sous-lieutenant Portolano, ces pelotons stationnent à Ru Jeannot. Dans l’après-midi, ce détachement recueille une trentaine de prisonniers Indochinois et Arabes qui s’étaient évadés d’un camp allemand, après le bombardement de Belfort.

Enfin, pour le 4e Escadron du Capitaine Dumont, la situation n’a guère changé, les chars légers M5 A1 sont toujours scindés en deux détachements. L’un occupe le village de Le Montandré et le second se trouve à Servanceuil. Le 4e Escadron reste à la disposition du Lieutenant-colonel commandant le 3e RCA et demeure prêt à intervenir le cas échéant.

vendredi 16 juillet 2010

Toujours dans les Vosges Saônoises

Ce vendredi 29 septembre, l’intégralité du 1er Escadron aux ordres du Lieutenant Des Moutis part rejoindre le 1er Peloton du Lieutenant Tréhu à Ronchamp. Leur mission étant de se positionner sur le flanc nord de cette localité afin de protéger la Chapelle, devenue le point d’observation de la 7e Batterie du IIIe Groupe d’Artillerie / 68e Régiment d’Artillerie. En effet, depuis plusieurs jours, les deux camps se livrent un duel d’artillerie, et de ce fait, la Chapelle occupe un point stratégique majeur, celle-ci dominant la vallée avoisinante. De plus, un fort détachement de Grenadiers de la 716. Infanterie – Division a été localisé dans le bois de la Nannue. Les Chasseurs d’Afrique s’attendent à subir des contre-attaques.

Dans un même temps, le 5e Escadron du Capitaine André fait mouvement. Le 3e Peloton de l’Aspirant De Bellefon et le Peloton Hors Rang rejoignent le 2e Peloton du Sous-lieutenant Maurice à Le Boulot (Haute-Saône). Tandis que le 1er Peloton du Lieutenant Brémon occupe toujours Rupt sur Moselle.

En début d’après-midi, ordre est donné au 2e Peloton du Sous-lieutenant Maurice de prendre liaison avec les éléments du 3e RCA présent à Servance. La route est minée et l’avance se fait lentement. Les Allemands ont pris le soin d’installer de nombreux abattis. A mi-chemin, le détachement de tête est stoppé par une barricade. Les Cavaliers s’affèrent à retirer les obstacles quand soudainement retentit une explosion, le Cavalier Camille Rey est tué par une mine savamment dissimulée. Le Cavalier Camille Rey, jeune Alsacien d’origine, avait incorporé le 09 septembre 1943, le 3e RCA, après s’être évadé de France. Il était né le 19 juin 1923 à Helfrantzkich, dans le Haut-Rhin.

Ce même jour, le 3e Escadron aux ordres du Capitaine Brisson stationne à l’entrée sud de Servance. Durant la nuit, une patrouille composée d’éléments à pied de l’escadron et des FFI de la Compagnie Conti est parvenue à faire 12 prisonniers.

A 10h30, le Maréchal des Logis Chef Fleury, chef de bord de l’automitrailleuse « Nantes », affectée au 2e Peloton et une équipe de démineurs sont envoyés sur la route reliant Servance à Miellin, afin d’y enlever les éventuelles mines. A 16h00, ce détachement est bloqué par un abattis piégé à 1km au Sud-ouest de Miellin. Tandis que le reste du 2e Peloton aux ordres de l’Adjudant Métayer doit se porter au village de La Grève, celui-ci est soumis à un violent barrage d’artillerie allemande, au carrefour au sud de Servance. L’Adjudant Métayer décide d’emprunter des chemins forestiers pour rallier La Grève. L’automitrailleuse « Nîmes » du Maréchal des Logis Vayssettes prend la tête du convoi.

Carte originale provenant du P.H.R. du 3e Escadron

A 16h30, la route menant à Miellin est totalement déminée. Le détachement Fleury peut faire mouvement. Mais à l’entrée immédiate du village, la progression est stoppée par un fossé anti-char de deux mètres de long sur un mètre de profondeur. Les Allemands ont placé des pieux en bois dans le fossé. A 18h00, une dizaine de villageois prend en charge le déblaiement du fossé anti-char. Une violente explosion, deux civils sont tués et six autres blessés.

Pendant ce temps, le 1er Peloton du Sous-lieutenant Cros stationne à l’Enclose, avec le PC de l’escadron. Ces éléments sont soumis à un barrage d’artillerie ennemi provenant du Ballon de Servance. Un obus de 88 tombe à proximité du Sous-lieutenant Cros, celui-ci est projeté en arrière mais ne souffre d’aucune blessure grave.

A la nuit tombante, le Capitaine Brisson installe son dispositif. Le 2e Peloton de l’Adjudant Métayer reste au village de La Grève, bientôt rejoint par une la Compagnie FFI Dajan. Le PC du Capitaine commandant l’escadron et le 1er Peloton du Sous-lieutenant Cros stationnent à l’Enclose. Tandis que le 3e Peloton du Lieutenant Crinon et le Peloton d’Echelon du Sous-lieutenant Portolano cantonnent à Ru Jeannot.

Tandis que le 2e Escadron aux ordres du Capitaine Argoud effectue des reconnaissances entre Servance et Le Thillot. Le 2e Escadron est appuyé par l’Escadron de chars du Capitaine De Lambilly du 2e RCA. Les Sherman, par leurs tirs précis, arrêtent brutalement plusieurs contre-attaques allemandes.

Le Brigadier-chef Bonne, affecté au 3e Peloton de l’Aspirant Rossignol, se distingue particulièrement lors d’une reconnaissance à l’est de la ville de Magny.

Le 2e Escadron, parti pour prendre liaison avec le Combat Command 1, stoppe une contre-attaque ennemie et repousse celle-ci jusqu’à la Côte 684. Le 2e Peloton du Lieutenant Le Duc est envoyé en patrouille vers La Pille, mais ce peloton est pris à partie par l’artillerie allemande, à 1km à l’est de cette localité.

Quant au 4e Escadron du Capitaine Dumont, les chars légers M5 A1 de l’escadron sont scindés en deux détachements. L’un se trouvant à Le Montandré et le second se situant à Servanceuil.

Au soir du 29 septembre, le 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique tient toute la ligne de front de Moiseaubeau – Le Magny-Maubert – Servance et La Grève et se situe à 1500 mètres du Haut du Them.

mercredi 14 juillet 2010

28 septembre 1944

Dans la nuit du jeudi 28 septembre, dès 1 heure du matin, les premières automitrailleuses du 2e Escadron aux ordres du Capitaine Argoud, pénètrent dans Servance. Les Allemands ont quitté, depuis peu, cette localité. Le 2e Escadron prend possession des lieux, sous l’œil ahuri du maire du village, qui peine à croire qu’il s’agisse de soldats français.

A l’aube, l’artillerie allemande se fait entendre. Elle pilonne la commune de Servance. Les obus pleuvent dans le centre du bourg et aux abords du village. Le Maréchal des Logis Jean est blessé par des éclats. Rapidement, les habitants se réfugient dans les caves. Les murs des maisons tremblent sous l’intensité du bombardement Une nouvelle déflagration, le Cavalier Tabbakh Ahmed s’écroule, tué sur le coup.

Dans la matinée, ordre est donné au 2e Escadron de poursuivre sa reconnaissance vers le Haut du Them. A hauteur de cette ville, les Chasseurs d’Afrique sont arrêtés par une solide concentration d’artillerie. A 800m de là, un canon de 88 Pak / Flak prend pour cible une jeep Dodge ACAM de l’escadron et parvient à la détruire. Le Cavalier Tolback est tué, tandis que le Maréchal des Logis Ben Hamou est, quant à lui, grièvement blessé. Les canons allemands intensifient leur tir. Les obus de 88 tombent de plus en plus près des automitrailleuses du 2e Escadron. Les Cavaliers Scotto et Cauchi s’effondrent, touchés par des éclats. Les différents pelotons ne peuvent progresser devant ce déluge de feu

Devant cette situation devenant intenable, le Capitaine Argoud décide de décrocher et de se replier en bon ordre vers une position déjà conquise. Malgré tout, l’artillerie ennemie ne cesse de tirer et prend pour cible les Chasseurs d’Afrique. Nouvelles explosions, le Brigadier Lemoine est touché, ainsi que les Cavaliers Reynaud et Rosengarten. Le 2e Escadron se porte sur le village de Moiseaubreau, à quelques kilomètres de Servance et parvient à faire 15 prisonniers, libérant ainsi cette commune.

Ce même jour, à l’aube, le 4e Escadron aux ordres du Capitaine Dumont occupe le village de Le Montandré. Dans la matinée, le 1er Peloton du Lieutenant Gros est envoyé sur la commune de Servanceuil. L’ennemi ayant pris la fuite à la faveur de la nuit, les chars légers M5 A1 du 1er peloton peuvent entrer dans ce village sans rencontrer le moindre problème. Le Lieutenant Gros installe son dispositif défensif aux abords de Servanceuil. Les chars « Hoche » et « Kléber » s’embossent à l’entrée du village, immédiatement soutenus, en cas de coup dur, par les M5 « Massena » et « Bonaparte ».

Dans l’après-midi, le 1er Peloton subit quelques tirs de mortiers et un groupe d’infanterie allemande tente de s’infiltrer. Après une salve d’obus de 37 tiré par les chars légers, l’ennemi n’insiste pas.

A Le Montandré, le Capitaine Dumont installe son PC léger autour des chars « Catinat » et « Estienne » du Peloton Hors Rang. Le 2e Peloton du Sous-lieutenant Chauvelot se situe à l’entrée nord-est du village, tandis que le 3e Peloton de l’Adjudant-chef Bodart patrouille entre Le Montandré et Servanceuil afin d’assurer la liaison avec le 1er Peloton du Lieutenant Gros.

Dans un même temps, le 1er Escadron aux ordres du Lieutenant Des Moutis enjoint ses directives aux différents pelotons.

Le 1er Peloton du Lieutenant Tréhu part reconnaître la ville de Recologne. Mais, à proximité de La Côte, la progression du 1er Peloton est arrêtée par un important dispositif de mines. Les Chasseurs d’Afrique et les démineurs du 88e bataillon du génie entament le déminage de la route. Dans l’après-midi, le Peloton Tréhu reçoit de nouveaux ordres. En effet, celui-ci doit se positionner sur le flanc nord de Ronchamp. Sa mission étant de protéger de ses feux, la chapelle de Ronchamp, dont la flèche de celle-ci sert d’observatoire aux artilleurs français.

Tandis que le 3e Peloton du Sous-lieutenant Gentien patrouille dans le secteur de Frotey.

Enfin, le 5e Escadron aux ordres du Capitaine André quitte Faucogney. Le 1er Peloton du Lieutenant Brémon doit reconnaître l’itinéraire jusqu’à Rupt sur Moselle. Ce peloton a pour mission de trouver des passages fiables pour les chars du 2e Cuirassiers.
Le 3e Peloton de l’Aspirant De Bellefon, le Peloton Hors Rang et le Peloton d’Echelon font route pour la localité de La Longines et s’y installent pour la nuit.
Le 2e Peloton du Sous-lieutenant Maurice est toujours à Bois le Prince, en soutien du PC du Colonel Durosoy, chef de Corps du 2e Cuirassiers.

Quant au 3e Escadron du Capitaine Brisson, celui-ci est encore à Ternuay.
A 7h30, la section du 88e Bataillon du Génie a terminé le déblaiement de l’éboulis, débuté la veille. Dès 10h30, le 1er Peloton du Sous-lieutenant Cros et une section de FFI sont envoyés en patrouille vers Servance. Ces éléments se postent à 1km au sud de cette localité.

Vers 11h00, le Capitaine Brisson et le Peloton Hors Rang déplacent le PC et se dirigent à hauteur du village de Ru Jeannot. A midi, une Compagnie FFI aux ordres du Capitaine Conti est envoyé en renfort à Servance. Celle-ci, avec les éléments du 2e Escadron du Capitaine Argoud, est soumise à un incessant barrage d’artillerie.

lundi 12 juillet 2010

27 septembre 1944

Le mercredi 27 septembre, le 3e Escadron aux ordres du Capitaine Brisson reçoit, dans un premier temps, la mission de patrouiller sur l’itinéraire Melay – Ternuay – Servance, puis de prendre liaison avec le Combat Command 3 sur l’axe Ternuay – Bellonchamp.

A 7h00, le 3e Escadron part effectuer sa reconnaissance. Le 3e Peloton du Lieutenant Crinon prend la tête de la colonne, puis vient le Peloton Hors Rang et enfin, le 1er Peloton du Sous-lieutenant Cros.

Dans l’immédiat, le 2e Peloton de l’Adjudant Métayer reste en station à Ecromagny avec le Peloton d’Echelon du Sous-lieutenant Portolano.

Dès 8h00, le village de Ternuay est atteint. Les Allemands ont quitté les lieux à l’aube. Le 3e Peloton du Lieutenant Crinon reçoit l’ordre de poursuivre son avance et progresse lentement, suivant de près, le Brigadier Bordes qui ouvre le chemin avec le détecteur de mines. Soudain, un tir retentit, le Brigadier Bordes s’écroule, touché par une balle. A seulement 1 km du village, le 3e Peloton est tombé dans une embuscade. S’en suit un violent accrochage. L’ennemi est embusqué dans des haies épaisses et tire à l’arme automatique. Un soldat allemand sort d’un bosquet et vise l’automitrailleuse de tête au panzerfaust, fort heureusement, celui-ci manque sa cible.

Le 3e Peloton progresse en ripostant. L’infanterie allemande s’accroche à ses positions. Nouvelles rafales, le Brigadier Boillot s’effondre mortellement touché. Ce parisien d’origine, qui avait rallié l’Afrique du Nord, est mort sur le solde de France à l’aube de son 22e anniversaire.

L’AM-M8 « Beauvais » tire de tous ses feux avec son canon de 37 et sa mitrailleuse de bord. Le Cavalier Legay évacue le corps du Brigadier Boillot à bord d’une jeep. Une charge creuse de panzerfaust explose à proximité. Le Cavalier Legay est blessé à son tour. Les Chasseurs d’Afrique du 3e Peloton chargent les blessés sur les capots arrière des automitrailleuses, protégés par un épais rideau de fumée.

Soudainement, des obus tombent sur les positions ennemies, l’obusier « Bourges » du 1er Peloton expédie des salves d’une vingtaine d’obus pour protéger l’évacuation du 3e Peloton et pour calmer l’ardeur allemande.

Mais l’infanterie ennemie ne désarme pas et entreprend une vive contre-attaque, soutenue par leur artillerie. Les éclats se dispersent et blessent au passage, les Cavaliers Dussol et Valéro. L’half-track du peloton se porte à la hauteur des deux blessés et parvient à les évacuer sur le poste de secours du Combat Command 3, situé à Bellonchamp. Durant le trajet, le Cavalier Valéro, originaire de Rivoli en Algérie, succombe à ses blessures. Dès 10h00, tous les blessés ont été évacués.

Les combats font rages, mais les Chasseurs d’Afrique parviennent à endiguer l’avance ennemie. Après deux heures de luttes acharnées, les Allemands décrochent vers 11h00.

Le Lieutenant Crinon reçoit l’ordre de poursuivre son avance en direction de Melay. Le 3e Peloton a-t-il parcouru quelques centaines de mètres, que celui-ci est stoppé par un barrage. En effet, les Allemands ont pris le soin de faire sauter un mur de soutien, provocant ainsi un éboulement de roches et de terres. Bientôt rejoint par la Compagnie FFI du Corps Franc Pommies du Capitaine Munier, les Cavaliers du 3e Peloton entreprennent le déminage du barrage du lieu-dit des « Etroitures ». Ce déminage facilitera les travaux des engins du 88e Bataillon du Génie. Peu après, le 88e Génie parvient à ouvrir un passage. Les FFI occupent la position. Le Lieutenant Crinon met à la disposition du Capitaine Munier, un poste radio de type SCR 510 pour lui permettre de rester en liaison avec le PC de l’escadron à Ternuay et le 3e Peloton. Nouvelle marche en avant pour les automitrailleuses du Peloton Crinon.

Vers 17h30, les FFI du Corps Franc Pommies du Capitaine Munier subissent une contre-attaque allemande. L’infanterie ennemie est soutenue par deux automoteurs de 105. Aussitôt, le Capitaine Munier fait le point de la situation au PC du 3e Escadron. Les obusiers Howitzer « Bourges » (1er Peloton) et « Montmirail » (3e Peloton) rentrent immédiatement en action et expédient des salves d’obus de 75 de leur position à Ternuay. Le 3e Peloton du Lieutenant Crinon revient sur ses pas à vive allure et prend l’ennemi à revers. Rapidement, la confusion règne parmi les forces ennemies. Les Allemands décrochent, dans les bois, à la faveur de la nuit tombante, laissant sur le terrain de nombreux morts et un Panzer II détruit. La situation redevient calme dans le secteur. Les FFI et le 3e Peloton installent leur dispositif pour la nuit.

Vers 18h30, le Cavalier Valéro et le Brigadier Boillot sont enterrés au cimetière de Ternuay.

Carte originale du secteur Ternuay - Melay - Servance émanant du PHR du 3e Escadron

Ce même jour, le 2e Peloton de l’Adjudant Métayer part reconnaître la localité de Saint-Hilaire. Ce peloton parvient à destination sans problème majeur. De là, ordre est donné au 2e Peloton de prendre liaison avec le 2e Escadron du Capitaine Argoud sur l’axe : La Mer – Le Montandré – Servance.

A 22h00, l’Adjudant Métayer est de retour au PC de l’escadron à Ternuay. En chemin, celui-ci à fait prisonnier, un déserteur allemand qui subit immédiatement un interrogatoire.

Dans un même temps, le 2e Escadron aux ordres du Capitaine Argoud, ainsi que le 4e Escadron de chars légers, du Capitaine Dumont doivent nettoyer la région entre Le Montandré et de Servanceuil. Mais ces éléments ne peuvent pénétrer dans ces communes.

Dans l’après-midi, ces deux escadrons enlèvent avec panache la Côte 628, fortement tenue par l’ennemi. Cette position étant stratégique, tant pour les forces de la 1ère Armée Française, que pour les forces allemandes, le 2e Escadron et le 4e Escadron restent en station sur la Côte 628 et y installent un dispositif défensif jusqu’à la relève.

A Faucogney, le 5e Escadron aux ordres du Capitaine André demeure toujours en attente de l’ordre de faire mouvement.

A 11h00, le capitaine André enjoint au 2e Peloton du Sous-lieutenant Maurice de prendre liaison avec le Colonel Durosoy, chef du corps du 2e Cuirassiers. Dès midi, le Sous-lieutenant Maurice se met en route. Le 2e Peloton parvient rapidement à Esmoulières, puis emprunte des sentiers de montagne jusqu’à La Saulotte. De là, les automitrailleuses se dirigent vers Beulotte puis traversent les hameaux des Cent-sous et de Breuche la Grande. Survient un barrage d’artillerie ennemi, ralentissant la progression du 2e Peloton. Les dégâts en matériels sont considérables, le Lieutenant Sommariva, du Peloton d’Echelon, vient dépanner les véhicules sous le feu ennemi ! Tant bien que mal, le Sous-lieutenant Maurice parvient à la maison forestière du Bois-le-Prince, PC du Colonel Durosoy soumis à de violents tirs d’artillerie. Le toit de la maison forestière s’est écroulé sous les déflagrations des obus allemands. La situation est critique pour le PC du 2e Cuirassiers, celui-ci a déjà vu tomber deux officiers, le Commandant De Laprade et l’Aspirant Virot, et le Capitaine Ardisson est blessé.

Quant au 1er Escadron aux ordres du Lieutenant Des Moutis, cet escadron stationne toujours entre Frotey et La Verrerie. Les différents pelotons effectuent des missions de liaison avec l’Etat-major du Combat Command 2.

vendredi 9 juillet 2010

26 septembre 1944 - Le front se stabilise en Haute-Saône

Ce mardi 26 septembre, le 2e Escadron aux ordres du Capitaine Argoud poursuit sa mission débutée la veille, à savoir, reconnaître l’itinéraire : Ecromagny - Faucogney - La Mer, en empruntant le bois du Ménil.


AM-M8 du 2e Escadron / 3e Peloton de l'Aspirant Rossignol avant le départ

Dès 7h00, le Capitaine commandant le 2e Escadron donne le signal de départ. Le 3e Peloton de l’Aspirant Rossignol et l’équipage de l’AM-M8 « De Gironde » partent les premiers. L’automitrailleuse « Yusuf » prend la tête de la colonne, bientôt suivie par l’intégralité du 2e Escadron. Le Bataillon FFI du Corps Franc Pommies, aux ordres du Capitaine Turban prend part à cette reconnaissance. A 7h30, les FFI embarquent dans les camions GMC mis à leur disposition et se joignent au convoi.

Une batterie d’artillerie de 106, du 117e Cavalry Reconnaissance Squadron US couvrira la progression de ce détachement et interviendra de ses feux le cas échéant.

La marche en avant est lente dans le bois du Ménil, la route est sinueuse et le terrain est propice aux embuscades. Les équipages demeurent vigilants. Après avoir atteint le col culminant à 500m, situé à 4km au Sud-Est de Faucogney, le 2e Escadron entame la descente vers La Mer. A destination, ordre est donné au Capitaine Argoud d’occuper le village. Celui-ci installe rapidement son dispositif défensif aux abords de la localité.

Dans un même temps, le 3e Escadron aux ordres du Capitaine Brisson reçoit pour mission de nettoyer la région de Melay et d’occuper ce village. Cette mission a pour but de fixer l’ennemi dans ce secteur, et ainsi de permettre au 2e Escadron de réaliser sa progression vers La Mer, sans trop d’encombre.

A 7h30, le 3e Escadron fait mouvement. A quelques encablures d’Ecromagny, un habitant informe le Capitaine Brisson que la commune de Melay a été évacuée par l’ennemi durant la nuit. Immédiatement, le Capitaine commandant cet escadron, ordonne au 3e Peloton du Lieutenant Crinon de se porter sur Melay. La route étant minée, le 3e Peloton reste en station.

Le 1er Peloton du Sous-lieutenant Cros est chargé du déminage de la route, en compagnie de deux équipes de démineurs du 88e Bataillon du Génie. Une section de FFI du Corps Franc Pommies du Capitaine Munier assurera la protection. Dès 8h40, les démineurs se mettent au travail, sous une pluie battante. L’opération est rendue difficile par la présence de nombreux éclats d’obus qui ne cessent de faire fonctionner les détecteurs de mines. Vers 13h30, les équipes de déminage sont à environ 500m du village.

Le Capitaine Brisson, accompagné de son adjoint, l’Aspirant Prat et d’un groupe de FFI reconnaissent la commune de Melay, effectivement libre. A 17h, le village est occupé par le 3e Peloton du Lieutenant Crinon et une section de FFI.

A 18h30, les démineurs du 88e Bataillon du Génie détruisent des barricades piégées par des grenades. Le 1er Peloton du Sous-lieutenant Cros et une compagnie de FFI arrivent au village pour en renforcer le PC de l’escadron.

Le Peloton d’Echelon aux ordres du Sous-lieutenant Portolano, le 2e Peloton de l’Adjudant Métayer et une section de FFI restent à Ecromagny pour en assurer la défense.

Tandis que le 4e Escadron du Capitaine Dumont et le Peloton Spécial aux ordres du Lieutenant Lamaze effectuent des patrouilles dans les environs du village de Melay afin d’y prendre contact avec l’ennemi.

Le 5e Escadron aux ordres du Capitaine André demeure toujours dans la bourgade de Faucogney. Celui-ci assure la garde du pont enjambant la rivière Le Breuchin qui traverse la ville. Le Capitaine commandant le 5e Escadron envoie des patrouilles à pied le long des rives de la rivière.

Enfin, le 1er Escadron aux ordres du Lieutenant Des Moutis effectue des patrouilles entre La Verrerie – Magny d’Aginon et Palante.